Mazarinades montoises.
-Jean-Claude !
-Oui, Elio.
-Tu sais que je t’aime, toi ?
-Je sais Elio.
-Ne crois pas que je sois fâché sur toi d’après ce qu’en disent les speakers de radio et les présentateurs de télévision. Mais une question me brûle l’esprit «Que diable allais-tu faire en Amérique avec toutes les lavettes ? ».
-J’ignore ce qui m’a pris. Tu sais que je ne me représente plus… J’ai voulu faire une dernière tournée avec mon ami José.
-Je l’ai assez déploré. Je le disais l’autre jour à Rudy. Jean-Claude va nous manquer.
-Merci, Elio. Ce que tu me dis me va droit au cœur…
-C’est sincère tu sais. Au fait quand pars-tu ?
-Je ne comprends pas ta question. Je ne me représente pas le 7, je te l’ai dit.
-Ce n’est pas de ce départ-là dont je te parle, mon bon Jean-claude. Je parle de l’autre !
-Je ne te comprends pas, cher Elio. Ou plutôt, j’ai peur de te comprendre.
-Ne prends pas cela en mauvaise part. Je voulais seulement savoir quand tu démissionneras de la présidence du PS à la section de Charleroi. Je le dis du fond du cœur, sans déguiser ma pensée ; mais, un départ comme celui-là, ce serait encore plus grand venant spontanément de toi, que si le Bureau, tu sais comme ils sont rancuniers, venait à te rayer du parti…
-Je te remercie de ta sincérité. Je sais la part d’affection que tu me portes ; mais, quoique souhaitant te faire plaisir tant ta situation au bureau du parti est difficile à cause de moi, je ne saurais te répondre. J’attends la décisions de mes camarades de la section.
-Je te donne mille fois raison. Il n’y a rien de tel que se sentir solidaire de sa section. Moi, je te parle en ami, tu le sais ?
-Je le sais, cher Elio.
-Tu as toujours été un bon militant. Tu as poussé des jeunes aux places qu’ils méritent. Je ne citerai pas tout le monde, Jean-Luc Borremans, Patrick Moriau, la chaudière de Carcassonne, comment s’appelle-t-il encore ?...Claude Despiegeleer, André Liesse, Serge Van Bergen, Francis Poty, ton ami intime collectionneur de tableaux, voyons, aide-moi, ah ! j’y suis : Cariat ! et surtout De Clercq, ton frère de combat. Le parti te doit beaucoup et si tu veux, si tu prends la sage décision de démissionner, je ferai voter une motion d’émotion… et de regrets.
-Je sais, mon bon Elio, que tu es un homme d’émotion et de loyauté… Mais, tu ne m’en voudras pas, je ne peux pas abandonner mon mandat. C’est une question de responsabilité… Merci, pourtant, pour la belle couronne que je vois d’ici que tu mettrais sur ma chaise au PS de Charleroi.
-Je comprends. Tu as tellement fait pour le parti, pour la Ville et, oserai-je le dire, pour notre Loge *** Loyauté et amitié, que te demander un dernier effort te coûterait beaucoup. Aussi, je te le demande !
-Ma tâche n’est pas finie.
-Tu es un militant fidèle. Je sais qu’on pourra compter sur toi jusqu’à ta mort, ce que personne ne te souhaite. A propos, ta tension est meilleure depuis ton retour d’Amérique ?
-7,8 / 13,7. Et mieux, j’ai repris la section en main, hier, et figure-toi ce que je trouve sur mon bureau en rentrant d’Amérique ?
-Non.
-Une lettre d’Anne-Marie Lizin.
-A toi ! Elle veut nous diviser !...
-Non, elle me demande simplement au cas où elle déménagerait à Charleroi, si elle pouvait s’inscrire à la section locale du PS.
-Mais, nous l’avons exclue, tu le sais.
-De la section de Huy. Je le sais. Mais si elle déménage, c’est quand même son droit en qualité d’ancienne militante de se donner, comme elle l’a toujours fait, pour la cause !
-Je ne sais pas si c’est une bonne idée, mon cher Jean-Claude… Tu sais comme de cœur je suis…
-Oui, tu es avec moi. Si je ne te demande pas ton avis pour Anne-Marie, c’est parce que tu ne m’as pas demandé le mien pour m’affliger la présence de ton play-boy Paul Magnette, qui n’était même pas inscrit au parti avant la carrière que tu lui as promise et de cette peste de Sophie.
-Si ce n’est que la Pécriaux qui te gêne…
-Non. C’est tout le staff de remplacement. Alors, le pompon, c’est le tuteur, je te demande un peu un tuteur à des gens de mon poids, le Borremans de mes deux…
-Que veux-tu, je n’y suis pour rien. C’est le Bureau qui…
-Ah bon ! et les gens du Bureau que j’ai contactés me disent que c’est toi !
-Non. Moi, je n’ai défendu que Paul, un jeune homme remarquable et qui a un bel avenir assuré…
-Grâce à toi. Mais ce bel homme est un faiseur, un type parachuté, une espèce de singe savant qui n’était pas socialiste avant que tu ne le racoles…
-Tu ne prends pas la mesure exacte de ma souffrance et si j’ai pris des décisions que tu n’aimes pas elles étaient nécessaires. Mais je vois que tu persistes dans ton erreur ! Que tu te dresses une fois de plus contre moi…
-Que veux-tu, je n’ai plus confiance. Même ici dans cet estaminet de la Grand’Place, je me demande si tu ne m’as pas attiré pour…
-Pour ?
-Pour me faire la peau !
-Tu me déçois, Jean-Claude !...
-Sors, si tu es un homme !
-C’est ça ! Et si je ne sors pas tu diras que je n’en suis pas un !
-Je vais te casser la gueule.
-Patron, on s’en va mon ami et moi. Je vous dois combien ?
