Réinventons l’avenir.
D’ici au 7, pour sûr qu’on va réinventer l’avenir. On leur fait confiance.
La poisse d’avoir vécu jusque là sans jamais avoir rien réinventé. Pire, en n'ayant pas compris que tout se déglinguait de façon continue !
Pourtant, ça n’avait pas trop mal marché jusque là.
On tournait parfois en rond, on ne savait plus très bien ce qu’on faisait, mais ça tournait toujours le petit biseness, les copains, les commissions, la belle vie quoi.
On réinventait même déjà petit à petit, à notre manière. On changeait les combines, passait de 10 à 12 %, des bricoles…
Eh bien ! on s’était gouré complètement, sans le savoir. On avait tout faux de bonne foi !
C’est m’sieu Didier qui a décidé « Il faut réinventer ».
Donc ce qu’on avait inventé ne valait pas grand chose.
A vrai dire, ce n’était pas nous qui avions inventé les grandes machines dans lesquelles on tournait, le commerce, la liberté, la fortune des uns et le malheur des autres, des trucs vieux comme le monde ! On trouve tout dans les livres, la bible, le talmud, le coran. Même dieu a jamais été pour grand chose dans l’invention.
Vraiment les aînés qui avant nous inventaient, ce sont eux qui sont responsables, les inventifs vicieux, les monstres d’invention… Nous on a suivi. On a fait ce qu’on a pu.
Par contre Didier en connaît qui ont inventé beaucoup, pendant que nous on n’inventait pas grand chose.
Vous allez dire Madoff, les Lehmann Brothers, non, eux inventaient en circuit fermé, des titrisations, des fouteries sympa, des choses amusantes pour passer le temps.
Non. Les gros inventeurs, ceux qui ont sapé l’édifice à la base, ce sont les doctrinaires, les maniaques du règlement, les rouges. Voilà les inventeurs maléfiques qui ont fait vaciller l’ordre social. La crise de 2008, c’est à cause de la révolution de Lénine en 17 !...
C’est Didier qui nous l’a dit. Alors, si c’est Didier…
Donc, on va réinventer l’avenir. Pas dans la combine à Titine Aubry, encore moins dans les manigances de Lolorupo, dans le juste et beau retour de l’invention d’avenir, celle dont on se souviendra, même après le 7, c’est dire l’effort !...
Bon sang ce qu’on est beaux sur les podiums à réinventer.
Christine, Dominique, Frédérique, Sabine, mais quel âge ont-elles ? Elles le paraissent pas de toute manière. C’est de la jeune fille réformatrice. L’inventivité dans les yeux, le pétillement de la redécouverte, ça c’est de la MiRette, comme on n’en fait plus !...
Elle sont pas belles nos libérales ?
Reste que puisqu’on est bien d’accord qu’on va réinventer l’avenir, faudrait pas trop traîner. J’avais proposé « venira » pour avenir. Loulou n’a pas souhaité. Il est comme ça. Il est à la charnière, l’âge difficile. Son fils a proposé « raveni ». C’est Didier qui n’était plus d’accord.
Mais on trouvera. On finira par réinventer l’avenir.
On pourrait même en poussant un peu réinventer « l’avenir du futur ». D’accord, l’avenir c’est toujours dans le futur, quoique le 7, on est pratiquement le nez dessus.
Du moment qu’on parle pas du passé, qu’on revienne pas sur la crise, que c’est de notre faute et tout… sur le système quoi…
« Le futur devrait paraître plus éloigné que le 7 », c’est un loustic dans la salle qui l’a dit.
Didier a fait remarquer qu’on devait rester dans l’avenir immédiat et que l’avenir futur faisait plutôt Odyssée de l’espace.
On a beaucoup ri.
Quand c’est Didier qui en dit une bien bonne, la salle s’esclaffe à l’avance. On est sûrs qu’on va rire… Parfois, il peut même pas la finir, on rit trop !...
Enfin c’est sous les acclamations que le truc est décidé. On ne changera rien. C’est la base de notre politique. Ne jamais rien changé. Donc on va réinventer l’avenir du futur sur nos affiches.
Après cette décision, il était important de parler du programme de la réinvention. On ne peut pas réinventer l’avenir sans avoir au moins une idée en tête.
Alors, là, personne !... Pas une idée, une proposition, rien… les filles étaient déjà rentrées chez elles. Il allait bientôt être minuit.
Alors, Didier et Loulou ont demandé qu’on y réfléchisse. C’est ce qu’on va faire, mais pas trop longtemps quand même. Il y en a qui ayant trop tardé, ont trouvé l’avenir derrière eux.