La victoire libérale.
C’est un fait inouï, impensable, mondialement événementiel : la faillite de General Motors !
Près d'un million d'emplois directs et indirects menacés ! La désindustrialisation des Etats-Unis amorcée ! Toute la société capitaliste touchée en son cœur ! Le monde en crise…
Et pendant ce temps-là, la société libérale belge exulte, le MR est certain d’avoir convaincu les électeurs de voter la confiance à l’économie de marché, au libéralisme économique dans toute sa splendeur !... Ah ! les cons. On ne sait si c’est avec admiration et en gloussant d’une franche rigolade qu’on salue par ce mot nos délurés du MR et en hochant la tête de pitié pour la belle bande du même nom qui se précipitera à la dévotion des urnes !... Ah ! les cons…
On croit rêver !
Bien sûr, le président Obama ne laissera pas l’affaire aller aussi loin et nationalisera vraisemblablement ce géant qui fit basculer la victoire de la deuxième guerre mondiale dans le camp des alliés, rien que par sa capacité industrielle à produire du matériel tracté.
Bien entendu, nos attardés mentaux, qui règlent toujours la Belgique sur le papier à musique de l’économie capitaliste classique, n’en sont pas à mesurer cet effondrement comme un signal.
Comment pourraient-ils flagorner le MR et celui-ci plastronner comme il n’est pas permis, s’il fallait donner la place qui revient à cette information majeure ?
Voilà un parti qui devrait prendre la gifle de sa vie, un parti co-responsable du désastre et le public – qui n’a pas compris – à cause d’une presse qui est payée pour la fermer, s’apprête à lui faire un triomphe !
General Motors devrait être mise sous chapitre 11, c’est-à-dire en redressement judiciaire. De ce fait, le Trésor américain prendrait 70% des parts de la nouvelle entité, une véritable nationalisation au sens propre du terme. Une nationalisation qui fait réfléchir les industriels américains dans une situation identique.
Ce secteur ne mérite vraiment pas de plan de sauvetage, dit Paul Krugman, prix Nobel d’économie, mais en temps de crise économique sévère, et certainement durable, le gouvernement américain a-t-il le choix de sauver GM ou de l’abandonner au dépeçage des créanciers ? Barak Obama assure que la faillite est inimaginable !
Malgré tout ce que peut raconter Louis Michel avec son fameux « encore plus de libéralisme » Obama semble décidé à fonder la Régie GM, à l'instar de la Régie Renault au lendemain de la seconde guerre mondiale.
Un volontarisme qui tranche avec les schémas de sauvetage des banques élaborés par Didier Reynders, dont une partie a servi à financer les parachutes dorés, et les nouveaux salaires, tel celui de Dehaene !
Dans le cas américain, si la socialisation des pertes implique une contribution à risques du citoyen, une socialisation des éventuels profits dans le futur reviendrait également à la collectivité. De l’impensable pour les MR, ces obtus de l’ancienne école.
Cette histoire extraordinaire fait penser à « Brave New World », roman d’anticipation d’Aldous Huxley, le meilleur des Mondes, en traduction française (1932).
Encore aujourd’hui sous le vocable de Big Brothers, n’est-ce pas la caricature de Ford 1er qu’en avait faite l’auteur dans son livre prémonitoire, qui en prend un coup et condamne l’auteur en tant que faux prophète ?
On se souvient du livre : L'immense majorité des êtres humains vivent au sein de l'État Mondial – seul un nombre limité de sauvages sont regroupés dans des réserves. Bien que l'enseignement de l'Histoire soit jugée parfaitement inutile, on apprend néanmoins que les sociétés anciennes ont été détruites par un conflit généralisé connu sous le nom de « Guerre de Neuf Ans ». Dans cette société, la reproduction vivipare a totalement disparu ; les êtres humains sont fécondés en laboratoires, les fœtus évoluent dans des flacons, et sont conditionnés durant leur enfance. Les traitements que subissent les embryons au cours de leur développement déterminent leur future position dans la hiérarchie sociale (par exemple : les embryons des castes inférieures reçoivent une dose d'alcool qui stoppe leur développement, les réduisant à la taille d'avortons). Une fois enfants, les jeunes humains reçoivent un enseignement qui les conditionne parfaitement durant leur sommeil. Les castes supérieures apprennent ainsi à mépriser sans remords les castes inférieures, et ces dernières apprennent à admirer l'élite de la société.
On y était presque.
En Belgique les Alpha pavoisaient au titre de premiers bénéficiaires de ce conditionnement capitaliste futuriste, les Socialistes s’étaient résignés à mendier leur pain aux puissants Alpha.
Les Delta et les Epsilon peuplaient les usines et étaient délestés de leur prétention à une meilleure vie dans des situations de précarité.
Et voilà que tout bascule, alors qu’on touchait aux portes de l’irrémédiable !
Nous avions – nous avons toujours - Helmholtz Watson, maître de conférences au Collège des Ingénieurs en Émotion (Section des Écrits) dans le roman d’anticipation de Huxley, en la personne du « bon » Louis Michel.
Ces gens dévoileraient pour nous les joies profondes de leur système en pleine évolution charismatique... Patatras ! la crise change tout et leur donnerait tort si la presse faisait son travail.
Le citoyen verrait dans quel état le paradis libéral allait conduire les hommes.
Heureusement pour ces voyous, si le temps se gâte aux USA, le nôtre n’a pas encore soufflé la tempête. Nous sommes sous cloche. Comme Rockefeller rassuré par une presse spécialement écrite pour lui, nous lisons que la crise est derrière nous, que ça va repartir, juste un peu plus de libéralisme et on y est.
C’est dire comme on va tomber de haut après le 7 juin, quand il faudra bien convenir qu’on nationalise GM dans mon Amérique-à-moi comme hurle un chanteur de leur bord, et que ce n’est pas fini la crise.
Qu’importe, Reynders sera au pouvoir, Kubla sera président à la Région wallonne. Pourvu qu’on regarde ailleurs, on croira quelques temps encore que le système libéral est le meilleur, d’autant que le label est certifié par Di Rupo, opposant favorable dans une opposition constructive !