Une guerre anticrise ?
Nos glorieux pourront bientôt se retrousser les manches. Comme les choses vont, nous ferons prochainement autre chose que de l’humanitaire en Afghanistan.
La marmite bout au Pakistan, puissance atomique, ne l’oublions pas, voisin remuant des territoires qu’une coalition occidentale a beaucoup de peine à conserver. .
La frontière avec le Pakistan est une passoire. Les talibans ont des sanctuaires de l’autre côté des montagnes frontalières où ils recrutent et forment leurs hommes de main au nez et à la barbe des troupes alliées.
Depuis le printemps 2007, les talibans ont établi un gouvernement islamique à 100 kilomètres d’Islamabad.
Zardari, le mari de Benazir Bhutto qui remplace à la présidence Pervez Musharraf est faible et corrompu.
Déjà du temps de Pervez, le gouvernement avait permis à des troupes djihadistes de prendre de l’importance afin de convaincre Washington de faire pleuvoir des dollars sur le Pakistan.
Pour les chefs pakistanais, l’ennemi c’est l’hindouisme de l’Inde. Les talibans pour la majorité des Pakistanais sont des habitants de la région qui défendent la religion.
L’arme nucléaire est en kit, mais pas à l’abri d’une convoitise des fous d’Allah.
On voit le tableau d’une pareille alternative ! Ben Laden ou son successeur s’assurerait de la bonne cinquantaine de têtes nucléaires !
Malgré les assurances de la présidence, un scénario catastrophe est à envisager. Et si Al-Qaida était en train d’infiltrer le service de sécurité pakistanais gardien de l’arme atomique ?
On se demande si la sortie de crise de 1929 que fut la guerre de 39 - 45, ne va pas faire gamberger Big Brother pour muscler l’intervention américaine au Pakistan ? Et si la crise que nous traversons en 2009 se résolvait aussi par la guerre ?
La perspective d’un Etat pakistanais affaibli par l’assassinat de Bénazir et la venue au pouvoir d’un civil, alors que Musharraf était général, ne décidera-t-il pas l’armée en faveur des talibans ?
L’offensive de celle-ci contre les sanctuaires exigée par les USA marque le pas. Islamabad est loin d’enregistrer des succès.
Les raids de l’aviation américaine tuent des civils en rasant des villages dans lesquels les talibans se retranchent. Les meilleurs propagandistes des talibans sont les victoires américaines à la Pyrrhus qui entraînent des manchettes de journaux horrifiés à une opinion qui les condamne. Chaque villageois tué, c’est l’armée rebelle qui se renforce.
Si Zardari est contraint de soutenir son offensive contre les rebelles, il ne pourra le faire longtemps contre l’opinion de la population qui persiste à croire qu’il faut masser le plus de troupes possibles à la frontière avec l’Inde, de sorte que le soutien massif des troupes américaines s’avérera indispensable.
C’est un drôle d’héritage de Bush qu’Obama a recueilli !
Pendant la dernière partie de son mandat, l’ancien président a laissé prospérer l’intégrisme au Pakistan, empêtré dans son inutile guerre d’Irak.
Aujourd’hui le monde occidental est assis sur une poudrière.
De l’Afghanistan au Pakistan, il n’y a qu’une frontière fictive, incertaine, qui serpente dans un paysage montagneux. Cette région est peuplée de tribus autonomes, souvent hostiles au pouvoir central. Les chefs de guerre ont intérêt à s’arranger avec les talibans. Tous vivent plus ou moins de la culture du pavot. 85 % de la production mondiale d’opium et de ses dérivés viennent d’Afghanistan dans ses confins avec le Pakistan.
Le Bureau des narcotiques américain n’est jamais parvenu à détruire un mètre carré de cette culture. Comment faire comprendre aux paysans que leur seule ressource est une culture prohibée ?
Je prends le pari qu’entraîné par les circonstances, le gouvernement belge sera contraint, en considérant les liens qu’il a à l’OTAN et avec l’Amérique, de renforcer ses effectifs pour autre chose qu’une surveillance d’aérodrome, un encadrement des troupes locales à l’entraînement ou un autre gadget à caractère humanitaire ; au contraire, il enverra nos volontaires au casse-pipe, non sans avoir préparé le terrain en Belgique bien entendu.