Barroso, le caméléon.
Je te fiche mon billet, qu’on ne me reverra pas de sitôt m’exalter pour l’Europe.
Madame Houart attirera les patriotes qui passent à sa portée, tant et plus. « Mais, dit Homère, il est perdu celui qui, par imprudence, écoute son chant ». Elle aura beau onduler de la croupe, me faire des signes engageants, agiter nos trois couleurs afin de me vendre ensuite le drapeau bleu à étoiles. J’en ai fini de faire le bœuf.
J’en ai assez d’avoir des cornes.
Le Portugais Barroso est la goutte de Porto qui fait déborder mon alcotest.
Ce Président de la Commission va être réélu grâce aux votes des Européens plus à droite que jamais, avec l’aide de l’Espagne et de l’Angleterre, pourtant « socialistes », pour autant que ce mot ait encore un sens.
24 pays sur les 27 sont pour notre homme, alors qu’une majorité de citoyens de l’ensemble de la Communauté n’en veut plus !
C’est comme ça, l’Europe, il ne faut plus chercher à comprendre.
L’équation est simple. Barroso n’en fiche pas plus que ce qu’on lui demande. Pour les Anglais qui traînent les pieds à Bruxelles, ce type est parfait. Il est leur champion du Libre échange, pour la guerre d’Irak donc proaméricain, pour la mondialisation, l’extension de l’Europe en Asie Mineure et aussi jusqu’à Singapour, si on le lui demandait.
Pour les ex communistes de l’Europe centrale, il est la garantie d’une orthodoxie que la crise, le besoin d’innover, de muscler une politique sociale, ne dérangeront.
Probablement, ils ne savent pas et Barroso à leur tête, que General Motors est en faillite virtuelle.
C’est justement parce que le Président de la Commission devrait avoir un rôle clé pour le changement en Europe que l’Haut-lieu aime Barroso, avec lui, on en est sûr, que tout - espère-t-on - redeviendra un jour prochain comme avant : les bonnes affaires, le Libre échange et le libéralisme au kilo. C’est l’homme de l’après crise. Certes, celle-ci sévit de plus en plus, fait mal à tout le monde. Personne ne sait quand elle finira, sauf Barroso qui croit que d’ici la fin de l’année les églises vont sonner les te deum.
C’est l’homme de l’après crise en pleine crise. C’est marrant, non ? Sauf que les mesures qui éviteraient les drames sociaux, il n’y en a guère.
Monsieur consensus personnel a été aussi surnommé le caméléon. Il met le paquet pour plaire à tout le monde et à l’exception des Verts et quelques socialistes, il y réussit.
A propos des socialistes, on n’entend pas beaucoup les nôtres à ce sujet. Quelqu’un peut-il me dire si Di Rupo égale en discrétion Martine Aubry sur l’Europe ? Cela m’intéresserait.
Barroso, c’est pratique : la France veut une réduction de la TVA sur la restauration, la Tchéquie envoie un con à la direction du Parlement européen, l’Irlande a sa crise de nerfs, Barroso se met aux abonnés absents.
L’Irlande, évidemment, Barroso fait gaffe. Si par hasard, l’Irlande revenait sur son « non » au Traité de Lisbonne, la donne changerait pour le mode d’élection à la Commission. Aussi, bizarrement, le Président des Commissions européennes est donc pour le « non » de l’Irlande, ce qui est un comble à la place qu’il occupe.
S’il fallait comparer Barroso à un premier ministre européen, c’est sans conteste François Fillon à qui il ressemble le plus, sauf que Fillon a un maître et Barroso 27 !
L’image de l’Europe s’est beaucoup dégradée sous son règne.
Il représente le système dans toute son immobilité administrative, laissant aux événements l’initiative complète.
Certains se rappellent le scandale qui a précédé son départ du Portugal avant la Commission pour une affaire de complaisance avec des hommes d’affaire américains du pétrole.
Au moment où les Européens auraient à faire face à la mondialisation en organisant intelligemment leur pré carré, les dernières affaires sur le prix du lait, les décentralisations et les fermetures un peu partout, l’urgence d’un grand débat social, n’échappent à personne, sauf à Barroso.
Que nous le voulions ou non, c’est comme ça, il sera réélu et tant pis pour l’Europe.
Les pays les plus traditionnellement dynamiques et qui sont pour lui, n’auront que ce qu’ils méritent.
Le taux de participation des électeurs du 7 juin a été catastrophique. La prochaine fois, ce sera pire…
Ah ! ces libéraux, comme ils serrent les mâchoires, refusant de reconnaître que leur système économique est obsolète, un peu comme les socialistes avec la social-démocratie !
Mais dans quelle Europe vivons-nous !