« Dialogue de sourds. | Accueil | Toutes voiles dehors ! »

Ils seront 800.000 en 2011 !

La gauche de Di Rupo est arrivée au bout de son raisonnement d’intégration au libéralisme. La social-démocratie coince, au bout de l’expérience collaborationniste. Il est impossible de revenir en arrière, au point qu’en France un Emmanuel Vals souhaiterait que le PS de Martine Aubry abandonnât le mot « socialiste ». Nos ténors en sont bien convaincus aussi. Seulement, socialiste ou pas, le parti doit quand même présenter quelque chose à sa clientèle. Or, le fameux gâteau à partager est devenu un pain de ménage de 800 gr dont les trois quarts sont de toute manière réservés aux notables par le boulanger.
800.000 chômeurs indemnisés prévus en 2011. Quel succès !
Seuls les insensés du genre de Louis Michel peuvent se flatter d’un pareil résultat ; les socialistes seront moins farauds, pourtant, ils ont une part de responsabilité évidente dans ce fiasco, puisqu’ils y ont collaboré !
Pour le PS, faire équipe avec Ecolo et le CDh est inespéré.
Il a l’opportunité de battre l’air, de faire du bruit et d’expliquer pourquoi ça va mal.
Il n’est pas sûr que le monde patronal aurait apprécié que les libéraux du MR montent en première ligne et s’attirent des inimitiés électorales.
L’écologie est le prétexte rêvé pour faire diversion des problèmes qui surgissent au fur et à mesure que le système économique libéral s’enfonce.
Mais expliquer aux électeurs que la conjoncture est le seul guide du parti est un exercice difficile, attendu que la base socialiste n’a pas du tout intégré l’idée que notre destin est capitaliste ou ne sera pas. C’est là vraiment une ligne de démarcation entre la direction socialiste depuis longtemps adaptée à la popotte libérale et la base ; et pour cause, celle-ci vit l’aventure libérale par son plus mauvais côté.
C’est un des indices de rupture. Mais la direction socialiste peut s’enorgueillir de la réussite partielle d’une partie du monde du travail au ralliement des thèses petites bourgeoises de la société de consommation. Son personnel politique se réjouit de voir ceux qui se sont intégrés par leurs études, leurs intrigues ou l’opportune chance de prendre une place dans le trafic, comme chante Cabrel !
Seulement voilà, cette clientèle-là qui a fait justement le chemin que souhaitait la direction du PS se montre assez ingrate en rejoignant Ecolo ou pire, en adhérant complètement aux thèses libérales et en votant MR.
Alors, à défaut d’une société plus juste et rééquilibrée, le PS s’est saisi de « la formidable réserve d’emplois » que suscite le besoin d’écologie, qui, on le verra bientôt, est en réalité la poursuite de l’industrialisation selon les purs critères capitalistes, c’est-à-dire un nouveau moyen de tirer profit des productions en série. On spécule pareillement sur les double vitrages, les éoliennes et les panneaux solaires que sur l’élevage en batterie des animaux de boucherie, les carrières et les usines de la métallurgie. Du reste, il n’y a pas trente six méthodes, toutes au plus polluantes, de fabriquer de l’acier et du verre, comme d’élever des porcs en milieu rural.
Comme l’a été l’espoir suscité par le boum des ordinateurs et de la communication, le PS, dis-je, va retomber bien vite dans son vide idéologique dont il a l’habitude, puisque les progrès des techniques aujourd’hui ne s’accompagnent plus d’un besoin de main-d’œuvre.
Reste son fonds de commerce par défaut qui est « la révolution des droits de l’homme » pour une « mutation » de la gauche lui permettant de se libérer de sa vielle assise ouvrière et syndicale. C’est la tendance « moderne » du socialisme d’Onkelinx, laquelle conjugue idéalisme du discours et pragmatisme de l’action, qu’elle puise dans ses expériences et choix personnels de mixité et d’ouverture.

chomedu4.jpg

Cette évolution ne fait que suivre, celle qu’a connue la société américaine au sortir de la guerre du Vietnam et qui a trouvé son aboutissement dans l’élection de son dernier président.
Il n’y aurait rien à dire, au contraire même, trouver excellente cette conduite fraternelle et désormais universelle, si elle ne s’accompagnait pas du sacrifice des classes ouvrières en Europe occidentale et dans les pays assistés, comme cette politique est déjà de mise depuis longtemps aux Etats-Unis.
Le marché, parce qu’il suit le mouvement libéral en bon toutou, et les droits de l’homme, voilà désormais les compteurs du PS.
Puisque le mythe libéral de la progression constante des hommes au rythme des techniques est désormais une erreur d’appréciation et une tromperie des économistes, le marché est laissé sous la responsabilité de la droite, comme si la gauche n’avait pas contribué au laisser-faire. Reste les droits de l’homme, une farce comme ils sont présentés dans une sorte d’hégémonie culturelle d’un produit de gauche.
Aux premiers signes contradictoires, on voit le PS perdre de son assurance. C’est par exemple le port ou non de la burqa, ce sera demain, le sort d’une question essentielle et dont la gauche a perdu conscience : qu’est-ce encore être laïc en 2009 pour ces messieurs de l’appareil, par rapport à la montée des religions ?
On voit bien que les droits de l’homme sont prétextes à paraître dans l’action, comme tout le reste.

Poster un commentaire