Avec ou sans voile ?
Faut-il ou ne faut-il pas autoriser le port de la burqa ?
Aussi convaincu que l’on puisse être de supprimer cette gangue hostile à l’émancipation des femmes, il y a aussi la liberté de pratiquer un culte et d’en porter les signes distinctifs. Même si pour moi, tous les cultes sont des conneries, il reste la liberté du choix, qui doit être respectée.
Par scrupule métaphysique, je reviens sur une chronique que j’avais déjà faite à ce sujet.
Aujourd’hui, je ne suis plus certain de rien.
C’est la première fois que je vois une femme voilée de la tête aux pieds en plein centre dans les galeries Saint-Lambert. C’est assez impressionnant ! Qu’est-ce qui pousse ces femmes à s’emprisonner sous des voiles, alors que leur religion et le coran ne mentionnent cette obligation nulle part ?
Excès de passion religieuse, obéissance à un mari, honte irrépressible à montrer son visage - la vraie pudeur n’est-elle pas de cacher ce qui n’est pas beau à faire voir ? - mode singulière, de toute manière, quelle que soit la motivation, la burqa ne fait pas avancer la cause des femmes ; de même que la députée CDh « foulardisée » de Joëlle Milquet ne prouve pas que la présidente de ce parti fait preuve d’ouverture dans sa lutte pour l’égalité des sexes, mais qu’elle met plutôt un doigt dans un engrenage dont on ne sait pas jusqu’où il nous conduira, tout en étant certain qu’elle ne défend pas les principes d’un Etat laïc.
Le ou la burqa ( برقع) désigne deux vêtements traditionnels des femmes musulmanes d’Asie centrale. L'un est un voile fixé sur la tête, par-dessus un hijab, avec une fente permettant de voir.
L'autre forme, le chadri, « burqa complète » ou « burqa afghane », est un vêtement aux mille plis qui rayonnent autour d'une calotte brodée, qui couvre entièrement la tête et le corps, ne laissant aux yeux qu'une meurtrière grillagée permettant de voir (mal) sans qu’aucun trait du visage ne soit discernable. Il est couramment appelé « voile intégral » en Occident.
Voilà pour la description.
On ne sait pas si cette mascarade est interdite à Liège, comme elle l’est d'au moins deux zones de police locale, Bruxelles-Ouest et Maaseik.
En principe, comme en Mai 68, le discours où il est interdit d’interdire a ce côté libertaire qui m’a toujours plu. Mais, si le bourgmestre Demeyer permet le port de la burqa au nom de ce principe, il doit savoir qu’il n’a jamais été appliqué en Belgique et que, s’il a le sens de l’équité, il devrait accepter que des Liégeois déambulassent vêtus de leurs seules chaussettes ! Attentat aux bonnes mœurs diront les chaisières ! Admettons. Promenez-vous avec un masque représentant le roi ou la reine, ou même un simple loup de carnaval hors de la période entourant le mardi-gras, vous ne ferez pas cent mètres en ville sans que la maréchaussée vous intime l’ordre de l’enlever. Jeune et décidé à vous marrer, vêtez-vous d’un uniforme de général ou de la soutane d’un évêque, vous finirez la soirée dans la fourgonnette des services de police pour vérification d’identité.
L’Etat a toujours légiféré sur la tenue vestimentaire et on se demande pourquoi il serait plus laxiste pour la burqa ?
Le bourgmestre Demeyer se serait-il converti à l’Islam et, dès lors, favorable à la burqa par soucis de fidélité à la tradition afghane adoptée par les ayatollahs intégristes d’Iran !
On sait comme les socialistes sont partisans de la purdah qui désigne une pratique empêchant les hommes de voir les femmes depuis les avatars d’Anne-Marie Lizin et les récents soucis de la « belle doche » d’Elio à l’aéroport de Charleroi.
C’est la loi du rideau, dixit Coluche, « circulez, il n’y a rien à voir ! ».
Plus sérieusement, si le port de ces accoutrements à masquer les femmes est un signe d’asservissement, alors, même Milquet devrait voter l’interdiction.
Il n’y a guère, les religieuses catholiques cachaient leur féminité sous de pareils accoutrements, sauf pour le visage. Que je sache, personne ne le leur interdit. Il est également vrai que, soit par suggestion, soit par volonté délibérée, les encapuchonnées d’hier et d’aujourd’hui le font par choix.
Les contraintes religieuses inventées par les prêtres ou remises à la mode par excès de zèle des ouailles, sont les pièges à cons des croyances. Il y a chez l’être humain un goût de l’uniforme par désir ostentatoire du paraître. La tenue « pour plaire à dieu » est surtout celle qui le fait connaître. La publicité est dans tout.
Du côté de Seraing, on a vu dans l’entre-deux guerres des Antoinistes habillés de redingotes et portant une sorte de chapeau claque, genre buse de poêle.
Est-ce que le législateur n’a pas autre chose à faire que lutter contre les lubies, les sottises, les excentricités, le goût du déguisement, qui ne sont après tout que des effets de mode, plus qu’une vocation sérieuse et intangible ?
Mais cette folie peut gagner les foules ou lui être imposée.
Pour s’assurer que le prosélytisme imbécile ne nous asservît pas, il serait plus avisé de pousser plus avant une éducation laïque et refaire une place à la rationalité et à la philosophie dans les enseignements moyens.