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Samedi 4 juillet…

Ne vit-on pas dans un monde étrange dont la réalité serait abstraite ?
C’est ce que pourraient se demander ceux qui plongés d’habitude dans les soucis du quotidien, intéressés par la situation difficile dans laquelle se débattent les hommes, guettent en vain une nouvelle captivante, pénétrante même sur le pourquoi des dérives actuelles toutes liées plus ou moins à l’économie mondiale, responsables à la fois du désespoir et de l’enthousiasme des hommes, comme aux prémices des futurs désastres écologiques, enfin bref, qui rencontreraient les soucis de légitimes réflexions .
Serait-ce qu’une série d’informations sur la situation réelle du monde ne serait pas la bienvenue dans la course immédiate au soleil des grandes vacances ? Plomberait-elle à ce point l’audience, jusqu’à compromettre la carrière du préposé aux étranges lucarnes ?
A moins… que la vérité des temps soit insoutenable à l’homme de la rue qui d’instinct donne seulement de l’importance à ce qui est léger et anodin ?
Souvent une réflexion profonde à laquelle les gens ne sauraient répondre sans dévoiler leur superficialité rencontre une totale inadéquation, une profonde incompréhension, voire le mépris de l’ignorance.
Celui qui en use s’exclut de la conversation de saison, comme s’il était incongru de sortir de la grande affaire du jour, ce tour de France avec Simpson et Boonen.
Au chevet du monde, à la levée du corps de la Belgique quasiment défunte, entourés des escrocs les plus hardis, entraînés vers des lendemains imprévus bien que prévisibles, sombrant dans le chaos d’une économie basée sur les recettes du gangstérisme, l’ambiance du funérarium pourrait être pire. Le carcinome est plus qu’indifférencié, il rend l’assistance indifférente. Le résidentiel de proximité est bon vivant. Il sert des mains. Faussement chaleureux, il se sent bien dans sa peau. Dehors le soleil brille encore. Dans un autre cercueil, celui-là sur le toit de sa voiture, il va serrer ses tenues sportives pour des marathons dans les thyms et les lavandes. Le veuf éploré – c’est d’habitude ainsi qu’on le dépeint – se perçoit comme le crissement des cigales. Tous les amants ont défilé devant la bière. C’est fini. Les souvenirs sont les indigestes moments dont il serait malséant d’en revoir les images.
La garce, elle a couché avec tout le monde et fauchée en plus, terrassée par la maladie, elle gît aux pieds des ministres intègres, comme on dit d’un individu retranché, qu’il est forcené.
Certains l’appellent par son nom, mais sans plus, dans une dernière prétention afin que l’on sache qu’ils étaient intimes, ou encore dans le doute qu’elle ne soit pas morte et que soudain ressuscitée entre le 15 et le 20 juillet, elle tende encore les bras vers eux afin de leur ménager d’autres petits rendez-vous gratinés, des petits coïts électoraux avec carte bleue et délires sexuels.
Ah ! oui, bon sang, le mari a été cocu, nous tous qui l’avons épousée en savons quelque chose.
Jadis gracieuse, elle est dans la boîte comme sa dernière apparition publique, méconnaissable, gonflée des prises de tout et des chimios et des faux espoirs.
- Jean-Baptiste ?
- Oui, Marie-Rose.(1)
- As-tu écouté la météo des plages ?
- Ça m’a échappé.
- Mais tu es… mais tu es… Comment doit-on s’habiller pour demain soir quand nous serons à Perpignan ? C’est de l’inconscience ! Où as-tu la tête ?

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1. Qu'on ne se méprenne pas. On pourrait croire que dans ces chroniques la femme tienne presque toujours le méchant rôle, inconsciente ou tête de linotte. On pourrait aussi bien inverser les rôles. Je vais essayer de m'en souvenir. C'est, je l'avoue, un vieux réflexe de mâle d'être loin de la parité dans l'invention des personnages stéréotypés, entre l'odieux et la bêtise. A ma décharge, ce n'est pas moi qui ai décrété que Belgique était du genre féminin.

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