Un clown au Fédéral !
On ne savait plus où le fourrer. Di Rupo en était obsédé. On lui a fait une petite place au Fédéral, le revoilà ministre des pensions et des grandes villes ( ?), mais qui donc ? Michel Daerden, pardi !
Drôle d’idée, les grandes villes ! Les petites n’intéresseraient personne ? Il faut être en Belgique pour créer des ministères comme ça !...
C’est tout de même paradoxal ! Voilà un gars qui se fait élire avec le plus grand nombre de voix de préférence, qui est on ne peut plus populaire, donc le parangon du suffrage universel et que les coincés, censés représenter le peuple, dédaignent !
Pour un peu, on taxerait Daerden de populisme, alors que du côté des coincés on compte des présentatrices de télévision, des fils de, des pêchés à la sauvette des grandes institutions et de l’industrie et quelques hommes de radios, comme s’il n’y avait pas dans leur façon de se faire connaître un peu du Michel Daerden ! A certains de leurs titres, ils sont tous populistes ! Quant à être populaires, c’est une autre paire de manches.
De l’ensemble de la classe politique belge, Daeerden est le seul à s’être fait connaître grâce à ses défauts, plutôt que ses qualités. Mais il s’est fait tout seul, comme sur la foire d’octobre « sans aucun appareil, sans aucun accessoire ».
Voilà encore une pierre dans le jardin de la démocratie bidon : comment un citoyen peut-il se faire valoir « par des choses qui ne dépendent point des autres, mais de soi seul » (La Bruyère) dans une société d’esbroufes, de paillettes, de friqués et de maffieux ?
La grosse blague que tous les citoyens partent à l’égalité des chances dans la course au pouvoir !
Daerden a trouvé la solution, ou plutôt son tempérament y a pourvu.
C’est un poivrot abonné au Standard football club de Liège. A force de bafouiller de bonheur quand son club marque un but, il fait rire le supporter, électeur à l’occasion.
Enfin quelqu’un qui fait rire par sa manie, son tempérament comique, son attachement au football, bref il a pigé la façon d’être populaire.
Ce n’est pas Rudy Demotte, président de la Région wallonne qui pourrait en dire autant avec son air de cocker malheureux et sa façon de dire « caca » à la télévision, prenant un air pincé et du bout des lèvres, implorant l’indulgence « kââkââ » !...
L’entrée du clown de Herstal au fédéral, chez Van Rompuy, ne fait pas que des heureux en Flandre. Les éditorialistes flamands voient le nouveau ministre d'un mauvais œil. La N-VA est particulièrement remontée. Ils ont un clown concurrent : Bart De Wever. C’est l’éternel différend entre le clown blanc à paillettes, jouant du saxophone (Bart) et l’auguste, le nez rouge et jouant du bombardon (papa Daerden).
Le parlement fait penser à un cirque d’hiver avec sa piste au centre et les gradins autour.
C’est même une reconversion possible, si on continue dans la connerie.
Déjà que le chef du groupe N-VA à la Chambre s’appelle Jan Jambon ! C’est fou comme les flamingants ont des noms wallons, on a déjà un pied dans un spectacle à la Pierre Dac, du genre : le Jambon Daerden à la fuite au cul.
Je sais, ce n’est pas drôle. Un spectacle, ça se peaufine. On a les artistes, manque plus qu’un Michel Audiard.
Rudy Demotte est tellement heureux de s’être débarrassé du clown qu’il en a dressé un portrait des plus flatteurs. Pendant ce temps le Soir écrivait : « Le clown a pris le dessus sur le ministre.», suivent quelques estimations du travail de « papa » au gouvernement wallon : Vision : 16,5/40. Action : 20/40. Communication : 10/40.
Il n’en reste pas moins que Michel Daerden est l'homme politique wallon le plus populaire. 63.580 personnes ont voté pour lui aux dernières élections. Cela compte encore, malgré les chefs de parti qui font et défont les ministres, sans solliciter l’entourage. Le populo l’admire.
« Papa » Daerden se soucie des gens. Il a l’allant de Guy Mathot, champion des bals du troisième âge. Il étreint les matrones comme personne. Cela fonctionne dans la Région liégeoise. Autre ville, autre mœurs, Guy Coeme à Waremme n’éblouit pas la rombière. Il plaît par son côté golfeur, son œil de velours et ses manières chics de socialiste mondain.
A Liège, c’est le côté guinguette, bastringue diraient les libéraux jaloux. Liège, c’est « la petite France ». Cela ne veut rien dire pour l’étranger. Pour les gens d’ici, le Français est cavaleur, grande gueule et sympa. Il boit sa bière en flattant le cul des femmes. Fausse image, bien entendu, mais elle correspond à Papa, au match à Sclessin, au 15 août en Outremeuse, la Jupiler à la main.
Les petits films de Youtube dans lesquels on voit un Daerden bourré, ont été regardés partout dans le monde. Ils sont devenus des films cultes pour ses électeurs.
Les autres enragent. Depuis qu’ils font de la politique un métier lucratif, ils n’ont jamais vu ça. Papa paraît s’en foutre.
Il va égaler André Cools, autre ardente figure. Qu’il se méfie, André a été descendu froidement devant son domicile. On ne sait pas encore pourquoi.
Le clown a quelque chose qui agace. Heureusement que les clowns enfilent une dizaine de gilets avant d’entrer en scène. Alors, s’il y en avait au moins un parmi eux qui serait pare-balles ?