Bernard Clerfayt repart fort…
Ils sont incorrigibles ! Dès qu’on a le dos tourné, ils plongent les doigts dans le pot de confiture. A peine a-t-on entendu parler de la taxe carbone initié en France par « une mission » du président de la République à MM. Rocard et Jupé, cela fait « tilt » dans la cervelle de Bernard Clerfayt, secrétaire d’Etat à la fiscalité environnementale (le seul qui pouvait prolonger ses vacances et qui ne l’a pas fait).
Personne ne conteste qu’il faille diminuer la pollution de l’air et que le meilleur moyen est de le faire comprendre en alourdissant les coûts de ce qui pollue ; mais, sauter sur tout ce qui peut rapporter de l’argent et le faire sans discernement, à seule fin de remplir des caisses vides, n’est pas un bon moyen, à la limite, il est malhonnête.
L’énoncé des intentions de Clerfayt « opérer un transfert de la fiscalité du travail vers la fiscalité de l’énergie, et ce à fiscalité constante et sans conséquences sociales » est parfaitement illusoire, parce qu’impossible pratiquement dans un esprit de neutralité.
Tout qui consomme de l’énergie « polluante » serait sanctionné au profit d’une catégorie socioprofessionnelle en l’occurrence le patronat, signifie en clair que le citoyen va cotiser une remise à l’industrie. Et même si cela devait engendrer 60.000 emplois, ce qui est loin d’être prouvé pour la raison que la réduction de la TVA dans les restaurants n’a pas produit une diminution des tarifs, ni un accroissement du personnel, de même, il n’est pas dit que l’industrie engagera des travailleurs à la diminution de ses charges. Seule certitude, l’industrie ne sera ni gagnante, ni perdante dans l’affaire. Par contre, le particulier va trinquer, comme d’habitude.
Les Ecolos seront aux anges. Qu’ils se détrompent. Cela pourrait leur nuire. Les partis traditionnels sauront le cas échéant se débiner devant leur responsabilité si l’opinion publique grogne. Dupont et Javaux pourraient s’en mordre les doigts, comme lors de leur mésaventure au sujet des taxes sur les bouteilles plastiques qui n’ont jamais remis en vogue les bouteilles en verre récupérables.
Ce que Clerfayt appelle une opération neutre va obérer les plus modestes revenus, surtout les travailleurs du bas de l’échelle qui ont besoin de leur voiture, celle-ci étant souvent leur seul moyen de transport, compte tenu de la carence des transports en communs dans certaines communes et banlieues, sans compter les pensionnés et les chômeurs déjà à la limite des ressources.
C’est tellement flagrant que Clerfayt, se reprenant, penserait déjà à des compensations sous la forme de chèques aux plus démunis.
Il faut dénoncer une fois pour toute cette façon de procéder comme étant parfaitement injuste. En effet, cette mesure s’arrête à des plafonds de rémunération, c’est-à-dire soulage une petite partie des citoyens, tout en pénalisant la catégorie juste à la frange qui par cet effet produit un tassement de la pauvreté en augmentant le nombre de pauvres, les non-assistés rejoignant les assistés.
Il est inconcevable que cette mesure de détaxation du travail bénéficie à l’industrie automobile qui n’a rien fait pour promouvoir la voiture électrique au cours de ces dix dernières années, laissant aller le goût des 4X4 et les voitures de luxe en plein boum.
C’est toute une philosophie écologique qui est à revoir, si on ne veut pas que ce soient les écolos qui en partant d’intentions louables aggravent le sort des populations déjà fortement touchées par la crise.
On oublie trop facilement que la plupart des pensionnés restent autonomes grâce à l’automobile qui leur permet d’accomplir des petits transports nécessaires en économisant leurs forces et en ménageant leurs jambes.
On a voulu maintenir à tout prix le circuit de Francorchamps symbole parfait de la voiture polluante, chère et inutile. Comment voulez-vous agir par pression sur les grosses cylindrées ? En augmentant le prix des carburants ! Ce qui est une peccadille pour les gros pollueurs, est un drame pour les petites gens.
Une autre catégorie de citoyens, ceux qui se chauffent au mazout et probablement ceux qui utilisent le gaz naturel, par souci d’égalité fiscale, seront pénalisés injustement et de façon inégalitaire comme tout le reste, par cette proposition de Clerfayt.
Là aussi, s’établirait un système de chèques compensatoires ? Décidément, on n’est pas sorti de la ristourne, sauf que le pensionné vivant seul et avec une pension de 900 euros le mois, en plus payant sa cote part dans un chauffage collectif, ne bénéficiera de rien. Pourquoi pas distribuer des pull-overs à cette catégorie à la frange du subside ?
Comme on le voit, le gouvernement à besoin d’argent et tout argument est bon pour remplir le tiroir-caisse.
Ultime question : qui sera habilité pour vérifier que l’argent récolté de la dernière invention fiscale ne va pas boucher des trous un peu partout avant d’orienter ce qui reste vers les postes justificatifs de cette nouvelle ponction ?
On les connaît, les lascars, dispendieux pour eux, parcimonieux pour les autres.
Dès la rentrée, les socialistes vont être dans leurs petits souliers. Convertis depuis longtemps au système économique libéral, nouvellement adeptes de l’écologie, comment vont-ils s’arranger pour nous faire croire que l’augmentation des taxes et accises est une juste mesure « neutre » pour tout le monde ?
Monsignore Di Rupo va avoir besoin de reprendre sa rhétorique sur l’art de faire prendre des vessies pour des lanternes.
Il y aurait pourtant une belle mesure écologique à prendre, ce serait celle qui plafonnerait les revenus et salaires les plus élevés, y compris ceux des hauts fonctionnaires et parlementaires, limiter les revenus des mandats publics et sabrer dans les dépenses de prestiges de l’Etat. On économiserait ainsi des milliards et surtout, on limiterait la vente et la circulation des voitures de grosses cylindrées, y compris le charroi du gouvernement et des représentants de la Nation.
J’avance le chiffre de 5.000 euros par mois maximum. Ce n’est pas du tout courant ce salaire dans le privé. Qu’en pensent Di Rupo, Javaux, Milquet et Dupont ?
On pourrait le leur demander. Je l’ai déjà fait. On ne m’a jamais répondu.