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La démocratie bidonnée.

Elections en Afghanistan.
Cela n’aurait aucun sens pour nous Européens, si nous ne nous y étions pas fourrés derrière les Américains, pour des raisons assez vagues, comme faire de ce pays un pays démocratique, chasser sur les terres des confins afghans et pakistanais un Oussama Ben Laden toujours aussi insaisissable, transformer cette partie du monde en un havre de paix…
Les résultats après cinq années d’occupation sont plutôt minces, sinon catastrophiques pour certaines Régions particulièrement exposées aux Talibans que l’on dit aux portes de Kaboul.
Selon les observateurs, la participation des électeurs s’annonce bien inférieure aux 75 % recensés lors de la première élection présidentielle de 2004, tenue « dans un contexte de sécurité bien meilleur », c’est un journaliste du Soir qui le note.
Cela signifierait qu’en cinq années, malgré les efforts en hommes, matériels et dotation financière au Régime de Kaboul, au lieu de faire progresser la démocratie, celle-ci serait en passe de n’être qu’un épouvantail soutenu par des chars lourds et l’aviation de guerre !
Que voilà bien un mauvais bilan !
En clair, l’occupation alliée a renforcé la guérilla des Talibans. Elle aurait donc produit un effet inverse de ce que les Etats-majors espéraient !
Au lieu de tirer les conclusions qui s’imposent, les Américains et nous à leur suite tenons un discours belliciste ! Comme si des renforts conséquents n’allaient pas braquer la population tout entière et faire de l’Afghanistan un nouveau Vietnam !
Les correspondants occidentaux font état de la ville de Kaboul en état de siège, avec une publicité effrénée des candidats aux élections et des pick-up neufs de chez Ford pilotés par des policiers afghans (on résout la crise comme on peut aux USA) et cela sans vraiment une prise d’assaut des électeurs aux endroits où voter.
Au contraire à une nouvelle grande victoire de la démocratie – il y en a déjà eu tellement de bidonnées – ces élections pourraient être les préludes à un chaos indescriptible qui déboucherait sur une prise de pouvoir politique et militaire des Alliés assiégés dans Kaboul par les Talibans.
Cela rappelle les derniers jours des Américains au Vietnam et l’abandon des collaborateurs du Sud, victimes expiatoires des règlements de compte des troupes nordistes du général Giap.
Au cours d’un entretien, Haroun Mir, ancien aide de camp du commandant Massoud, directeur du principal think tank afghan, s'interroge sur la pertinence de l'élection présidentielle dans un tel climat d'instabilité.

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En outre, l’hebdomadaire Marianne a recueilli d’une autre source des propos du même politologue : « Ce n’est pas vraiment l’Otan qui a renversé les Talibans, c’est la population qui les a chassés avec l’aide des anciens moudjahidin et l’appui des Occidentaux. Mais tout de suite après la libération, l’Otan a exigé que tout le monde soit désarmé et les Etats-Unis ont installé un pouvoir centralisé. La conséquence, c’est qu’il y a eu un vide dans les provinces : personne pour remplacer les Talibans et assurer la sécurité. Du coup, alors qu’ils avaient fui ou déposé les armes, ceux-ci ont commencé à revenir vers 2005. Les Américains s’en sont rendus compte, mais complètement accaparés par l’Irak, ils n’ont rien fait ».
Nous voilà bien mal embarqués avec les Alliés dans une aventure dont l’issue ne fait presque plus aucun doute, sinon employer des moyens gigantesques pour contrôler une population de plus en plus hostile. Et ce qui est impensable, maintenir cette pression pendant des années, finalement autant de temps que les populations d’Afrique ou d’Asie ont attendu le départ des puissances coloniales qui campaient sur leur sol depuis le XIXme siècle.
Il me semble en avoir déjà fait l’objet d’un blog, l’Afghanistan n’est pas une nation. Cette région est constituée d’une grande constellation de clans avec ses chefs et ses lois. Hamid Karzaï est, outre le postulant à sa propre succession comme chef de l’Etat, un homme d’affaire redoutable, avec ses deux frères dont l’un possède une chaîne de restaurants aux Etats-Unis. La corruption, s’ils ne l’ont pas inventée, s’est considérablement développée sous Karzaï et ses frères.
Comme porte étendard de la démocratie, on peut faire mieux.
Outre les prébendes qu’il se taille dans tout ce qui commerce en Afghanistan, il a fait ses ministres des bandits qui ont contribué à la guerre civiles, tous au plus incompétents.
Avec lui ou sans lui, le désastre est annoncé.
Reste que puisque nous y avons des troupes, nous y risquons d’y perdre des soldats, sans compter que cette guerre nous coûte assez cher. Il devrait y avoir une recette en démocratie, au nom de laquelle une majorité de la population qui souhaiterait retirer nos troupes d’Afghanistan, puisse l’exiger par voie de référendum.
Hélas ! sur ce point là, comme tant d’autres, nous ne sommes plus en état de gérer nos affaires, sans passer par l’OTAN, par l’Europe et par « l’intérêt supérieur » d’une démocratie qui est devenue une sorte de religion qui n’a plus rien à voir avec le citoyen.
Comment établir une démocratie en Afghanistan, alors que nous en avons perdu le sens en Belgique ?

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