Le cul à la fenêtre.
Nous n’en savons pas trop encore, il paraît que nous n’avons plus de vie privée !... que nos petits secrets, aussi bien cachés soient-ils, vont directement au Ministère de l’intérieur !... lorsque nous abandonnons la position du missionnaire dans nos stupres nocturnes, la brigade des mœurs du coin de la rue est tout de suite au courant !...
Seule, la démocratie cache encore quelque chose. On se doutait, qu’elle n’en était plus une vraiment.
J’exagère ?...à peine.
L’intensification des moyens de contrôle, la commercialisation de nos données personnelles, les technologies diverses de surveillance sont un déni à notre vie privé.
Le premier triste con qui a ouvert sa braguette en disant enthousiaste qu’il n’avait rien à cacher, serait bien surpris d’apprendre qu’on pourrait savoir, au soupir près, la moindre imbécillité proférée sur son portable à l’encontre d’un client, d’une tante ou d’une voisine sexy.
Oh ! que si, il a des choses à cacher, à commencer par sa conversation inepte, son manque de ceci et son trop de cela, bref… qu’il est un imbécile complet.
Vous trouvez que c’est gai de faire savoir à tout le monde qu’on est con ? Sauf, si vous en êtes un vous-même.
Les technologies qui nous facilitent la vie, ces petits boîtiers de la taille d’un poudrier dont on manipule les petits boutons d’un geste sûr et machinal, caméra, portables divers, raccordement Internet, vidéosurveillance, RFID, GPS, téléphone mobile, biométrie, ces joujoux dont les jeunes raffolent, empiètent sur nos libertés individuelles.
Electroniquement, nous sommes pratiquement tous fichés, via nos déclarations d’impôts, les plaques d’immatriculation de nos véhicules, jusqu’à la taille du soutien-gorge que madame achète pour ses friponneries privées, tout, on sait tout…
Mais puisque l’autre con n’a rien à cacher… Sauf qu’il ne veut pas qu’on sache ce qu’il gagne, qu’il rougirait de honte si parmi les écolos qu’il fréquente dans son quartier, on savait qu’il ne ramasse jamais les crottes de son chien au cours de sa dernière promenade nocturne, etc.
Pas que dans le fond d’un commissariat que l’Hercule Poirot de service se marre en apprenant que sa voisine de palier fait du 98 C, mais encore dans les officines du prêt à porter, parmi les commis VRP et dans le commerce d’aspirateurs, on n’ignore pas que vous êtes célibataire, divorcé en 2004 à quarante ans et que vous avez une bouteille de Pernod dans votre placard !
Alors, bonsoir, les coups de fil pour assister à des vernissages où vous aurez droit à la perceuse sans fil, si vous êtes acquéreur potentiel du super matelas multi spires et cela susurrés au téléphone d’une voix aux accents des îles à faire bander un mort.
Pourquoi – comme l’autre con de tout à l’heure - sommes-nous indifférents à ce qui nous arrive ? Pourquoi ne réagissons-nous pas au législateur qui est en train de nous fliquer à tour de bras avec ses lois soi-disant protectrices du citoyen ?
On peut penser que le fourbi électronique qui nous facilite la vie, nous l’a pourrie aussi sans que nous ne nous en apercevions. Le citoyen consommateur avide des technologies a le don de réchauffer des serpents sur son sein.
La montée de la délinquance est un fait statistique. Personne ne s’est jamais demandé si l’appareillage sophistiqué pour nous prémunir des violences avait un sens, était efficace, bref servait à autre chose qu’à nous faire dépenser de l’argent ? Car, avec tout ce qu’on nous fourgue, soit collectivement, soit individuellement, en plus des lois Onkelinx, Moureaux et consort, la délinquance devrait baisser !
Il y a là quelque chose qui est facile à comprendre, l’électronique aura beau y faire, c’est la société qui devient de plus en plus violente, parce que les règles qu’elle détermine sont violentes pour les petites gens.
Parce que nos dirigeants sont des copieurs, nous nous dirigeons vers une Société sous contrôle, comme en Grande-Bretagne, avec ses 4,2 millions de caméras de surveillance soit une caméra pour 14 personnes, la Grande-Bretagne, elle même croupion des Etats-Unis, générateurs de toutes nos lubies, manipulateurs de toutes nos illusions.
Le décor est planté, la technique est d’attaque, nous voilà entrés dans un climat de suspicion, propice à pourrir la vie de tous dans une méfiance généralisée allant des différences de couleur de la peau, à la différence de statut social.
Est-ce ainsi que les hommes vivent soupirait Aragon ?
Eh oui ! c’est ainsi.
Heureusement que les bonnes âmes ne verront que subliminalement mon cul, s’il ne tenait qu’à moi et pour les emmerder, je le mettrais volontiers à la fenêtre… Moi aussi, je n’ai plus rien à cacher !