Proudhon criait déjà au meurtre !
Le capitalisme qui s’est peu à peu emparé de toutes les lois et procédures d’exploitation et de commerce dans le monde, n’a pas pour seul modèle le système anglo-saxon. .
Aux Etats-Unis et en Angleterre, les réactions des entreprises en cas de récession, le fonctionnement du marché du travail, la structure des patrimoines, les niveaux d’endettement, l’absence de socialisation par l’État des risques individuels, n’ont pas encore tout à fait aspirer les pratiques européennes dans ce domaine. Quoique de plus en plus réduite, la différence entre capitalisme Anglo-Saxon et capitalisme européen perdure. Les européens continentaux ont beaucoup plus d’aversion pour le risque, ce qui explique le rejet des comportements et types d’organisation du capitalisme anglo-saxon.
Le développement des mouvements anti-mondialisation, les résistances à l’ouverture des marchés et aux privatisations, le refus de la directive européenne sur les OPA en Allemagne, les conflits sociaux en Italie, la résistance aux modifications de la sécurité sociale couvrant moins bien le travailleur, le chômeur et le malade sont des signes de rejet du capitalisme anglo-saxon dans beaucoup de pays d’Europe.
Il n’existe aucun modèle satisfaisant, comme la crise nous le démontre amplement.
Le modèle anglo-saxon a été mis en place depuis plus d’un siècle sous les auspices d’un protestantisme glorifiant l’obligation de l’homme à un acharnement au travail, avec l’appui d’économistes réputés.
Si dans la foi protestante, anglicane ou méthodiste est affirmée l’obligation du travail, c’est incontestablement perçu par les Eglises comme un travail élevant les qualités de l’homme, faisant appel à son intelligence, à son inventivité, bref, à une sorte d’artisanat.
Or, avec l’avènement des techniques de production, les systèmes Parker et Taylor,la parcellisation des tâches, leur codification dans des lois de l’économie par des gens encore réputés aujourd’hui, les tables d’ergonomie réduisant l’homme à un complément de la machine, l’ensemble de tout ce que le monde industriel tient en haute estime, tout cela est entré en contradiction avec les impératifs moraux dont se targuaient et se targuent encore les églises dont le capitalisme anglo-saxon est issu, bientôt imité dans beaucoup de domaines par le capitalisme européen.
Marx et Lénine ont toujours été désignés comme les inventeurs d’une économie communiste excluant toute autre alternative au nom d’un progrès de l’humain fortement contesté en Occident et non sans raison, puisqu’il a conduit l’économie soviétique à des aberrations dont la République de Poutine souffre encore aujourd’hui, au détriment de presque toute la population, si on excepte la nomenklatura. Ce qu’on ne sait pas, c’est la reproduction quasi à l’identique de ces aberrations aggravées par l’hypocrisie d’une référence au sacré dont se rend coupable l’économie anglo-saxonne.
On y redécouvre les inégalités dans les hiérarchies établies non plus sur des critères de parti, mais sur des critères fondés sur la propriété et l’argent, sans que le prétexte de la démocratie y ait pu faire quelque chose.
La notion de matérialisme est une notion métaphysique.
A l’époque du mécanisme triomphant, c’est toute l’histoire du couple matière-esprit dont on a retranché l’esprit à une part considérable des acteurs de l’économie cette fois européens et anglo-saxons.
Cette antithèse, c’est le vieux système platonicien et plotinien en vertu duquel le monde est une lutte perpétuelle entre l’esprit et la matière dans chacun d’entre nous.
En condamnant une immense partie de l’humanité à ne plus être que la matière, le système anglo-saxon confine l’esprit dans des limites qui le rétrécissent, en même temps qu’il se moque de ce pourquoi les Eglises réformées l’avaient promu.
C’est toute la philosophie capitaliste qui est en jeu, en même temps que son éthique.
L’homme-machine est un homme privé de son « âme ».
L’amputation de milliards d’hommes de « l’esprit », dénature la dualité esprit-matière, circonvient une série de jugements de valeur qui, par l’immaturité nouvelle fait réagir par les lois dichotomes du bien et du mal, en oubliant au passage les différentes formes d’esprit, dont celle de la critique.
L’harmonie préalable est cassée entre l’esprit et le corps.
On le vérifiera sans doute bien plus tard qu’en 2009, mais le capitalisme, dans sa phase actuelle d’accélération anglo-saxonne, est encore plus nuisible à l’humanité que le marxisme-léninisme des années du parti unique des Soviets, puisqu’il attente à l’intégrité physique d’un plus grand nombre d’hommes !
Les hommes de gauche feraient bien d’y réfléchir.
Commentaires
Bien sûr, vivre d'amour et d'eau claire, ce serait merveilleux. Nous contenter de l'esprit pur
nous permettrait de vivre sans toutes ces contingences matérielles et nous apporterait le bonheur divin.
Contenttons-nous de la marche à pieds, passons-nous de la voiture et de tous le soi-disant confort moderne.
Pourtant, n'est-ce pas l'esprit de l'homme qui fait la machine, pour le soulager du travail pénible ?
De plus le "taylorisme" n'est-il pas précisémant dépassé par la "machine"?
Le refus de certains aspect de ce "modernisme" viendra peut-être de la prise de conscience du fait
que notre planète est trop petite pour permettre de le rendre accessible à 7 millards d'êtres humains
auxquels s'ajoutent 80 millions d'individus tous les ans.
Heureusement que le "capitalisme" nous montreras que ce qui est rare est cher et qu'il faudra trouver
d'autres voies pour faire face à l'épuisement des réserves.
Postée le: Riche Riche premier | août 2, 2009 03:30 PM
Pas évident ! Le capitalisme ne montrera que ce qu'il sait faire : organiser l'esclavage du plus grand nombre pour le confort de quelques-uns !
Et encore "organiser", c'est peut-être au-dessus de ses moyens !
Postée le: Richard III | août 2, 2009 11:00 PM
C'est surtout la faute aux fonctionnaires.
« Par cela seul que l'ouvrier de l'administration n'a point de concurrence, qu'il n'est intéressé ni aux bénéfices, ni à la perte, qu'il n'est pas libre en un mot, sa productivité est nécessairement moindre et son service trop cher. ». Les dirigeants deviennent « par leur traitement (leurs subventions), des aristocrates aussi coûteux qu'inutiles et les autres, les salariés, sont retenus à jamais dans une condition subalterne »
Proudhon
Postée le: Hermione | août 3, 2009 07:44 AM