« Ravaillac à Jodoigne. | Accueil | Vers un parti unique. »

Kant kritik der praktischen vernun

L'action s'accorde avec l'autonomie de la volonté. Sans la liberté d’agir ou de ne pas agir, la liberté en général, en politique particulièrement, est un leurre.
On ne peut pas faire une politique nouvelle quand on est lié par des conventions, des traités et des marchés dont on n’a pas la clé.
A partir du moment où une politique locale n’est possible qu’en tenant compte d’une politique fédérale qui elle-même est tributaire d’un consensus européen, à son tour lié aux lois d’un marché et d’une coexistence avec le reste du monde, le tout s’interpénétrant, s’annulant par une dissolution dans le possible, autant s’en remettre à un chaman et vivre de l’espoir qu’une incantation réussira mieux qu’une autre.
Si la France avait vécu en fédération avec les autres Etats d’Europe à l’Ancien régime, on y serait encore et il n’y aurait pas eu 1789. On serait passé à côté du monde moderne, nous n’en serions pas à regretter l’égoïsme transcendantal, mais nous en serions peut-être encore à rouler en calèche, enfin ceux qui le peuvent, tout en ayant sur plan la voiture électrique.
La lecture de Kant est édifiante si on superpose « la raison pure » à ce qui nous reste de raison à faire cohabiter démocratie et capitalisme. On reste saisi du factice d’une morale que nos officiels tentent d’adapter sans cesse à un système incontrôlable, en mouvement vers le pire.
Kant défenseur de la liberté fait un usage public de la raison dans tous les domaines. Il n’hésite pas à considérer les rois – aujourd’hui les Parlements - comme ayant l’obligation du " devoir moral " conforme aux droits de l'homme.
Or, cette adaptation maladroite de la morale aux dérives du système est un attentat permanent des forces politiques qui nous subjugue, au lieu de l’approche d’une éthique tenant lieu d’un plan général de gouvernance.
C’est comme si l’homme politique était au milieu d’un marais dont les rives « du bien » et les rives « du mal » seraient à égale distance et qu’il tenterait de s’éloigner de celles-là, sans pour autant se rapprocher de celles-ci.
Alors, confondant sa personne avec le bien et le mal, il tente de justifier sa politique en se justifiant. Certes, une conduite d’homme public honnête est nécessaire, mais ce dont le public a besoin, c’est une honnêteté plus générale qui se confond avec ce qui est juste et non pas qui s’accommode de l’injuste.
« L'homme ne peut devenir homme que par l'éducation ». Le seul moyen pour l'individu d'accéder à l'humanité reste le drame d’une société qui pratique l’éducation pour l’utile, alors qu’elle devrait pratiquer l’éducation de l’homme pour l’homme. On ne naît donc pas homme mais on le devient. Comment se prépare-t-on à le devenir, quand l’éducation ne tend plus qu’à fabriquer un homme qui fabrique !

gytr5.JPG

Où sont passés les fondements de l’éducation : marcher sur deux jambes, utiliser un langage, avoir conscience de soi et pouvoir utiliser sa raison pour évaluer ses actions selon les normes d'une morale, être indéterminé et donc libre et par voie de conséquence responsable ?
L’homme est ce que l'éducation fait de lui.
Dès qu'un individu est éduqué, il va développer certaines compétences et pas d'autres. Dès lors on ne peut plus savoir quelles sont toutes ses potentialités puisque les compétences qu'il développe vont masquer celles qui ont été passées sous silence en n'étant pas sollicitées par l'éducation.
On voit poindre sous cette réflexion de Kant « l’homme-machine » produit d’aujourd’hui, encouragé par un enseignement de « mono-fabricat » élément de départ à la sous-humanité que les usines ne parviennent plus à éponger ; d’où la nouvelle école de diversification des tâches pré-robotiques, reconversion sans perspective comme de passer de la soudure à l’arc, à celle par autogène, sans faire autre chose de l’ouvrier spécialisé qu’un être incomplet par l’étude et qui ne trouvera l’ouverture de l’esprit que par une initiative autodidacte.
Kant en a été conscient à une époque qui n’était pas encore celle des cercueils géants que sont nos usines modernes dénuées de fenêtre. Mais comme l'éducation ne fait qu'apprendre certaines choses aux hommes en ne développant en eux que des qualités spécifiques à ce pour quoi ils sont destinés, il est impossible de savoir jusqu'où pourraient aller les dispositions naturelles de l'homme.
L'unité de la conscience chez Kant assure l'identité de la personne à travers le temps. Mais à quoi renvoie cette unité de la conscience ? Et comment caractériser la conscience ? Le pouvoir de dire Je, de penser le Je, sans doute, ce qui est devenu le privilège des classes élevées qui seules emploient le majestueux de la chose. On a cru bon d’affubler le reste des hommes du « nous », certains naïfs ou calculateurs, espérant par ce « nous » faire le poids d’une masse. Mais il s’avère que le Je a été perdu, noyé sous le nous.
La conscience n'est pas seulement le fait de se sentir, c'est le fait de se penser. Et on ne peut se penser autrement que par Je.
Cette société si individualiste pour certains égoïsmes est particulièrement réfractaire au « Je » du prolétaire. Elle lui préfère le « Nous » comme une entité plus vite écrasée que le « Je ».
Dans ce piège sont tombés les théoriciens du peuple. Ils n’ont abouti qu’à la détestation du « Nous » monstrueux du communisme.
On peut se demander si Marx avait vraiment lu Kant ?

Poster un commentaire