On répète au Troca.
On s’active au Troca pour la revue de fin d’année. La pythonisse de la foire d’octobre a vu pour nous le spectacle trois mois à l’avance.
Nous sommes dans un pays de prestidigitateurs, d’artistes, de poètes, de funambules….
Le plus grand cirque du monde a planté son chapiteau rue de la Loi. Sans blague !
A l’affiche prestidigitation, manipulation, tours de magie et ballet rosse.
Les artistes arrivent les uns après les autres. Jamais en même temps, question de suspense.
Laurette, contorsionniste, école du PS, Milquet du Bolchoï, Van Rompuy, monsieur Loyal, Pieter De Crem, l’homme canon, Paul Magnette, transformiste, Miche Daerden, mime, Reynders, manipulateur, etc… etc…
La curiosité du Liégeois moyen est grande. C’est un bon public aussi. Il prend tout ce qu’on lui montre pour vrai et tout ce qu’on lui cache pour faux ! Il applaudit facilement.
Après une vibrante marche des gladiateurs, le spectacle commence.
Un juge met les délibérés de l’affaire Fortis dans un chapeau. Il donne un coup de baguette magique sur le bord du claque et hop ! il retourne le chapeau, plus rien dedans, dis donc !
Déjà la veille du prononcé de l’affaire, un autre avait fait plus fort encore, à la parade.
Sur scène devant des milliers de téléspectateurs, il retourne ses poches, enlève son veston, fait rire un peu en faisant mine d’enlever son pantalon, bref, il n’a rien sur lui.
A cet instant retentit la Brabançonne, c’est l’indicatif du téléphone portable d’une dame qui dit bien s’appeler la juge Christine Schurmans. Elle décroche. On entend la voix du prestidigitateur qui sur scène pourtant ne dit rien, prononcer distinctement le mot « fait » au téléphone de la personne.
Tout le monde sait bien que le spectacle est truqué, mais on reste ébahi de la performance. C’est un spectacle à recevoir le clown d’or des mains de la princesse Stéphanie de Monaco, qui s’y connaît dans les gens du voyage, attendu qu’elle en a retrouvé plus d’un après le spectacle.
Une autre attraction. L’illusionniste Ghislain Londers montre une grande boîte noire dans laquelle on fait entrer le président de la Cour de cassation, Ivan Verougstraete.
Ghislain referme le couvercle. Une caméra filme l’intérieur de la boîte. L’assistant subit une enquête disciplinaire comme au Moyen-âge avec supplice de l’eau, poire d’angoisse et broiement des cartilages des pieds. La salle est saisie d’horreur à l’écoute des hurlements du supplicié.
On ouvre la boîte, Ivan surgit et exécute une gigue sur le temps qu’on déroule un tapis sur lequel est brodé la véritable sentence : un blâme !
Mais attention un blâme c’est le supplice suprême, insupportable, à tel point que si on avait su ça chez France Télécom, on n’en serait pas à faire venir le croque-mort toutes les semaines.
Ces spectacles étant donnés au profit de Jean Wauters, ex-animateur du Village N° 1 Fabiola pour qu’il ne fasse pas trois ans de prison, le public est ravi. C’est le même qu’au Standard, c’est dire sa qualité. Il n’aime pas que ses joueurs brutaux soient pénalisés au service du show !
On vend des billets CAPSA. Ils s’arrachent comme des petits pains. On sait bien que le clou de la tombola, la Jaguar grand luxe, est dévolue par avance à un heureux gagnant que Jean a désigné avant le tirage. On se croirait à Lille à l’élection de Martine Aubry. Le public est bon enfant. Il consulte malgré tout la liste. C’est bidon, mais on ne sait jamais, parfois dans les chiffres, il y a des erreurs typographiques.
Ils sont gentils quand même les gens, pas un seul jet de canette !
Mais le plus fort reste à venir, présenté par Patrick Sébastien en personne, Didier Reynders, dans un numéro de transparence unique au monde.
Les spectateurs voient les objets derrière lui comme si Reynders était une vitre ! Tout le monde peut le voir, il n’y a rien ! Pas un document, pas le souvenir d’une sonnerie de téléphone, un papier gras, un cours de la Bourse, rien du Fortisgate, même pas une bandelette qui entoure les liasses à la Banque de Belgique ! Cela tient du prodigue.
Le trou transparent a bien une fin. Il s’arrête pile au bureau du premier ministre. Celui-ci est en train d’écrire sur une ardoise à l’aide d’une touche ! On ne savait pas qu’à l’Etat, le grand livre des comptes est une ardoise… Van Rompuy se demande comment on va l’effacer.
C’est un numéro d’anthologie, l’artiste Reynders a inventé le trou clean, transparent.
L’idée lui est venue au Congrès des magiciens, rue de la Loi.
A la ménagerie, installée en face, dans le parc, Monfils compare Didier à une étoile, devant des journalistes qui ricanent.
Sébastien avec sa grande gueule nous dit qu’il y a un truc du trou clean, forcément. Mais lequel ?
Soudain, de la coulisse on voit un éléphant qui pisse énormément.
-Est-ce qu’il sait nager, Reynders ? dit un spectateur qui ressemble à Gérard Deprez.
-Pourquoi demande un compère qui a la rondeur de Louis Michel ?
-Parce qu’il est mouillé jusqu’au cou, rigole Gérard Deprez.
Le spectacle se termine par la revue habituelle de la rue Lulay. Le titre cette année « je n’ai rien fait du tout », parole et musique de Van Buggenhout, avocat des grands et de lui-même.
La ronde finale « J’ai servi de bouc émissaire » montre un artiste déguisé en José Happart qui déchaîne un tonnerre d’applaudissements en effectuant la valse des baisers d’adieu, tandis que dix jolies femmes du corps de ballet l’entourent et sautillent seins nus en chantant « Raspoutine va enfin y avoir droit ». Il lance des faux billets de banque au dos desquels on lit l’adresse d’un promoteur immobilier qui travaille pour rien à temps plein, et pour beaucoup à temps partiel.
Dans une loge de côté Jean-Marie excuse son frère José qui compte ses billets qu’il veut enterrer sous un pommier du plateau de Herve.
Beau spectacle qui malheureusement ne sera pas retransmis par la RTBf par manque d’argent, et non plus par RTL par manque de courage.