Pot-bouille dans les PS
Alors que l’avenir est incertain en France, que Sarkozy ne contrôle pas la dette publique qui grossit formidablement jusqu’à un niveau jamais atteint, la charge des intérêts dépassant la recette de l’impôt sur les revenus, la nouvelle révélation sur la manière dont les éléphants du PS ont écarté du pouvoir interne Ségolène Royal, est un sujet un peu léger.
Oui et non, dans la mesure où ce parti essentiel à la continuité du pouvoir démocratique en France n’arrive pas à freiner sa descente aux enfers et aussi pour le regard critique qu’il nous permet d’avoir par ricochet sur le parti socialiste belge.
Le rappel des faits en quelques mots : un livre intitulé "Hold-uPS, arnaques et trahisons", vient de paraître aux Editions du Moment. Les auteurs sont les journalistes Karim Rissouli de Canal+ et Antonin André d'Europe 1. Le livre revient sur les conditions – une tricherie manifeste - de l'élection de Martine Aubry au poste de première secrétaire.
La réaction immédiate de Ségolène Royal remet le PS aux pires moments du congrès calamiteux de Rennes : « on savait que cela avait triché, mais pas avec cette ampleur », réagit-elle, puis annonce « une déclaration solennelle dans quelques jours ».
Dans une première partie, les auteurs détaillent un système de triche à grande échelle lors de l'élection ! L'enquête d'Antonin plonge dans les coulisses du PS. Martine Aubry, élue patronne du premier parti d'opposition avec seulement 102 voix d'avance, n’est pas épargnée...
On ne prend plus de gants, vous bourrez les urnes !", aurait fait dire comme consigne à un de ses hommes de confiance à Lille, Mme Aubry. Sur le territoire de la fédération du Nord, l'ampleur des irrégularités commises au bénéfice de la maire de Lille atteindrait 1.000 votes. Une évaluation à rapprocher de l'écart final : 120 voix sur un total de 137.116 votants. Les auteurs disposeraient de documents confirmant leurs affirmations mais indiquent ne pas les avoir publiés volontairement. Ce qui suppose qu’ils sont à la disposition de la justice.
Au fil de ces "magouilles qui auraient dû rester cachées, enfouies dans les tiroirs de la fédération du Nord", et dont le détail n'occupe qu'une petite partie du livre, on ne tombe pas vraiment des nues. Les éléments mis en avant avaient déjà créé beaucoup d'émoi dès le lendemain de cette fameuse nuit électorale. Le camp de Ségolène Royal s'était ému des scores "gonflés" de certains procès-verbaux et de brusques rebonds de la participation enregistrés dans certaines sections où la maire de Lille avait enregistré des scores à la Leonid Brejnev.
L'élément nouveau dans ce livre érige en système l'ensemble des irrégularités. "Des documents permettent d'affirmer que la victoire de Martine Aubry a été fabriquée de toutes pièces". Ils expliquent pourquoi les partisans de Mme Aubry ont attendu le dernier moment pour transmettre les résultats de la puissante fédération du Nord. "A mesure que les chiffres tombent, ils entrent dans un logiciel qui calcule l'écart entre Royal et Aubry et fait varier les résultats virtuels du Nord afin qu'ils assurent la victoire à Martine Aubry", à coup sûr.
Un procédé pas très sophistiqué mais efficace qui en dit long sur le manque de scrupules de certains membres de l'appareil. "Ce logiciel, c'est une découverte. Et cela nécessite des explications", estimait, mercredi 9 septembre, l'avocat Jean-Pierre Mignard, qui, au lendemain du vote, avait rédigé pour le compte de Mme Royal un mémorandum destiné à recenser les irrégularités imputables aux partisans de Mme Aubry.
Les pratiques douteuses dans le monde socialiste ont toujours existé. Elles remontent aux temps « héroïques » lorsque le parti socialiste ne s’était pas encore détaché de l’Internationale liant avant la grande guerre les communistes et les socialistes.
Elles sont la suite logique de la lutte des classes dans l’ambiance des corons et du travail de douze heures par jour où tout était bon pour durcir le mouvement et où on ne craignait pas de déclarer traître celui qui semblait avoir une opinion différente à la grève qui se préparait toujours quelque part. Alors, comme aujourd’hui le PS de la rue de Solferino, toute pratique, même frauduleuse, était la moins mauvaise, plutôt que de voir le pouvoir dans des mains détestables.
Nous ne sommes plus au temps de Zola et de Dickens.
Apparemment, Martine Aubry et le PS de Lille ne sont pas sortis de cette époque d’un autre âge.
En Belgique, la mentalité au PS reste à peu près identique dans sa cuisine intérieure. Les scrutins se font à main levée pour élire le président, ce qui est une manière aussi stalinienne que de bourrer les urnes.
C’est ainsi que Di Rupo a toujours été réélu, sans vrai débat, avec des scores de république bananière. Ses prédécesseurs ont quitté la présidence pour des raisons de sécurité judiciaire, sans quoi, Guy Spitaels y aurait été jusqu’à la retraite et Busquin y serait toujours.
Il est impossible de savoir comment les permanents du Bd de l’empereur sont recrutés. C’est du domaine privé, en quelque sorte de la présidence et du bureau, comme les ministrables. C’est le président qui fait et qui défait les listes d’élus . On se doute que, pour figurer en bonne place, il faut être supporter du président.
En résumé, le PS belge est un parti qui élit par acclamation, sauf à la dernière élection quand le challenger de l’Aigle de Mons, Jean-Pierre De Clercq, s’était présenté par vindicte et qu’il était certain qu’il ne recueillerait qu’un nombre dérisoire de voix.
L’élection par acclamation suppose que les jeux sont faits d’avance et que l’homme fort a fait le ménage autour de lui.
Est-ce mieux que le vote par bulletins secrets dans les sections ?
Bourrage de crâne, ou bourrage des urnes ?