Plus belle sera la crise !
Comment peut-on affirmer que la crise est « out » ?
Parce que les banques renouent avec les bénéfices… que l’industrie dévastée et le chômage massif compteraient pour rien ? Si c’est comme ça que nos économistes voient la reprise, belle mentalité !
Mais sait-on la manière dont les banques renouent avec les bénéfices ? Elles y renouent grâce à une variante de la spéculation qui nous a valu le krach de 2007 aboutissant au désastre de 2008.
Sauf qu’elles ne jouent plus sur des créances pourries de l’immobilier. Elles ont remis sur pied des bulles spéculatives sur les matières premières qui partent de l’excès d’activités financières au détriment de l’économie réelle, avec des épargnants toujours avides de placements juteux, décidément incorrigibles les petits porteurs !
Cette situation est d’autant plus préoccupante que l’industrie n’a pas retrouvé le chemin de la reprise.
Avant d’expliquer vers quels abîmes nous courons, comment les banques pourraient-elles indemniser des pertes considérables en postes de travail et en destruction d’entreprises ? Qui va rembourser les dégâts ? Qui va indemniser les victimes ? L’Europe a-t-elle jamais pensé à cela ?
Les deux ou trois types qui font bien leur métier d’économiste expliquent pourquoi le crédit est tellement rare et cher ; alors qu’on a renfloué la banque afin de sauver des entreprises. Si les banques faisaient leur métier correctement à savoir irriguer d’argent frais les forces du travail, au lieu d’ouvrir les robinets sans retenue sur les spéculations financières, on n’en serait pas à redouter l’avenir..
Le cynisme dans ce milieu est grand. La palme revient au raisonnement qui veut que ce soient les Etats qui ont renfloué les banques qui poussent celles-ci à spéculer. En effet, ce renflouement se paie à 8 % d’intérêt en moyenne, alors que les Etats ont eu des capitaux à des taux très bas. Les banques veulent rembourser au plus vite. Certaines y sont déjà parvenues. Mais pour rembourser, il faut spéculer et non pas prêter de l’argent à des industriels qui ont des garanties, certes, pour financer des projets, mais sans aucune mesure avec les profits sur les marchés de matière première. .
La logique de fonctionnement des bulles reste inchangée. Sauf que les fonds-casino proviennent d’un déplacement de la demande d’actifs.
L’accès facile des investisseurs à une liquidité abondante, associée à la recherche de rendements anormalement élevés par rapport aux rendements sans risque, les pousse au mimétisme, puisqu'ils doivent être acheteurs des actifs dont les prix montent. Ceci concentre la liquidité sur un petit nombre d'actifs dont les prix croissent de ce fait exagérément, d'où l'apparition des bulles.
Si la plupart des investisseurs acquièrent les mêmes actifs, l’effet rareté de la quantité offerte relativement à la quantité demandée, se traduit par une hausse des cours. Dans un second temps, le spectacle du concurrent qui se gave va produire ses effets les plus pervers et cette hausse des cours alimente une nouvelle demande fondée sur des anticipations irrationnelles de poursuite de la hausse … et le cercle « vertueux » du gonflement de la bulle se poursuit jusqu’au moment ou le retournement brutal des anticipations provoque une chute non moins brutale des cours, avec toutes les conséquences financières qui peuvent en découler pour ceux qui ont joué avec le feu, mais aussi pour ceux qui n’ont pas joué mais qui perdent beaucoup, parce qu’on les aura à nouveau trompés sur la nature de leur placement..
Le songe creux d’une mondialisation heureuse et d’un capitalisme à visage humain, d’Alain Minc pourrait se dégonfler une seconde fois dans un délai très court..
En toute logique, puisque la bulle n’est pas encore gonflée à bloc, les traders ont encore du bon temps devant eux. Ils vont se partager à la fin de cette année un énorme butin, on parle de 140 milliards de dollars. Ils l’ont mérité, puisqu’ils en ont fait gagner bien davantage à leurs banques !
Accumuler du capital sans avoir besoin pour cela d’exploiter le travail, c’est la trouvaille de la crise de 2007/8. Elle s’est perfectionnée encore en 2009, pour éclater dans les années qui suivront.
Inutile ei dire que c’est le rêve pour un mondialiste : plus d’ouvriers, plus de syndicats, plus d’usines, plus de taxes, rien que du beau pognon bien frais apporté par téléphone !