Création d’emplois à l’Europe !
Notre héros, Herman Van Rompuy, que le monde entier nous envie sans l’avoir jamais vu, ni entendu, bref, sans savoir qu’il existe, a été choisi pour la première présidence fixe de deux ans et demi renouvelable une fois (alleï une fois) à l’Europe.
Le monde entier exulte… sauf les journaux britanniques. C’est à se demander pourquoi ? En effet, ils le disent tellement effacé, nul, Belge en un mot, qu’ils n’ont rien à craindre selon leur point de vue que Herman fasse de l’ombre à leur héros Obama !
Les journaux français en font des portraits moins stupides, dont le Monde, juste assez pour nous convaincre que la presse d’Outre Quiévrain n’a jamais vraiment été capable de comprendre les Belges et surtout les Belges flamands.
Qu’à cela ne tienne, la presse belge non plus, en ce sens qu’elle est pleine de préjugés quant à la signification qu’il faut apporter à deux Communautés qui se regardent en chien de faïence et qui brusquement tombent d’accord !
C’est l’unanimité des félicitations, à tel point que les dithyrambes de part et d’autres de la frontière linguistique ont l’emportement des hommages nécrologiques, quand il serait mal séant que l’on supposât au mort quelques défauts légers.
Celui-ci, outre qu’il est bien vivant, en a quand même quelques-uns. C’est la partie forte du portrait raté que le journal Le Monde a proposé à ses lecteurs dès sa nomination : HVR est secret – donc peu communicatif - ce qui est un défaut en démocratie, Flamand jusqu’au bout des ongles, pointus comme on dit en Belgique, assez cynique et capable d’étrangler une poule dans un poulailler sans la faire crier, si l’on veut bien se rappeler un proverbe wallon (une langue morte pour les étrangers, plus ancienne que le Flamand mais moins bien défendue).
A croire que les éloges de la droite à la gauche du panel politique belge ne servent qu’à positionner les candidats pour s’asseoir en premier lorsqu’il faudra tourner autour des chaises musicales afin de remplacer l’irremplaçable à la tête du gouvernement.
Mais tout de même, le chant antique d’action de grâce de Di Rupo et Laurette Onkelinx pour ce Chrétien de la droite flamande a quelque chose de troublant, voire d’indécent. Il dénote le complet affaissement du parti socialiste belge dans le pot-bouille du libéralisme à l’heure mondiale islamo-chrétienne du crédit capitaliste universel.
Le mariage de la gauche caviar, de la droite cachemire et des Chrétiens nationalistes flamands, entre tout à fait dans la tradition du trio classique du théâtre de boulevard : la femme, l’amant et le cocu, ce dernier rôle joué avec grand naturel par le peuple trompé.
Car ces mots, accompagnant la couronne de laurier de notre nouveau César partant à la conquête des Gaules et des Ostrogoths d’au-delà du Rhin, ne sont perçus par les gens du bas que comme des enflures empreintes d’hypocrisie et de bassesse du monde politique belge complètement déconnectés de la réalité.
Bien à l’image de l’Europe, du reste, à laquelle plus de la moitié de la population belge ne croit plus.
C’est donc dans l’indifférence générale que Herman Van Rompuy a dit oui, les yeux brillants de convoitise satisfaite, à cette Europe à laquelle il se vantait n’avoir jamais songé. Ce qui ne l’empêcha pas dès son nom prononcé de sortir un papier très élaboré de sa poche et de se lancer dans un discours de vingt minutes sur ce qu’il pensait être les nouvelles fonctions qu’il avait fait mine d’ignorer.
Que faut-il attendre de cet « hommage rendu à la valeur du peule flamand » à travers cette figure nationaliste bien connue des durs du CD&V ?
Pas grand chose, si ce n’est que le Traité de Lisbonne est plus dispendieux que celui qu’il remplace par l’ajout de trois postes de haut niveau, ce qui suppose trois staffs entourant les nommés et quelques zéros de plus à inscrire au budget.
Bah ! on n’en est plus à un millions d’euros près dans cette conjonction de peuples réunis à Bruxelles.
On a quand même noté dans le discours d’ouverture du nouveau grand homme, une volonté de protéger les cultures, les minorités et de défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le tout est de savoir s’il pensait aux Francophones de la périphérie bruxelloise ou au peuple flamand supportant de façon passagère des trublions fransquillons ?
Le mot de la fin reviendra à une dame de cour d’un restaurant populaire liégeois qui suivait d’un œil l’évolution de ces éminences, tout en ne quittant pas de l‘autre un plateau recevant les trente cents réglementaires récompensant son travail : « Dji n’a nin veyou un’ sêule belle d’jin, oûy ! » (1). On ne peut que souscrire à cette dernière critique, quoique je n’aime pas être entraîné sur ce terrain. On connaît le physique ingrat de notre premier ; mais, pardon, celui de l’Anglaise, nouvelle ministre des Affaires Etrangères de l’Europe, c’est quelque chose !... Qui dit que dans le loch Nessie est une pure invention ?
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1. Je n’ai pas vu une seule belle personne aujourd’hui.