En simili Lévi-Strauss.
Dans dix ans, on sera un million et des poussières en plus, à ce qu’il paraît, dans ce fichu pays !
C’est fou, quand même, la vitesse à laquelle les cons se reproduisent !
La noria de criquets pèlerins qui s’est emparée du monde fait qu’aucun pays n’est à l’abri d’une dévastation.
Euripide ne dit-il pas que « lorsqu’on n’a pas d’enfants, on a de la chance dans son malheur. » ?
Nous les blattes qui vivons à l’abri des armoires bien pleines, voyons avec inquiétude le temps où un champ de blé sera bouffé en cinq minutes par ces drôles de criquets pèlerins venus du ciel.
Nous l’aurons bien cherché.
Nous avons commencé par piller les garde-manger déjà peu fourni des autres à la conquête coloniale et ensuite le droit de prédation du système capitaliste à la conquête du monde.
Comme ils n’ont plus rien, ils viennent ici, encore heureux qu’ils ne nous demandent pas des comptes. Peut-être cela viendra-t-il en 2020 ?
Nous-mêmes, dans la période de crise que nos pauvres traversent, il ne nous reste plus qu’à faire le constat que totalement démuni, une place de cinéma hors de leur capacité, que voulez qu’ils fassent, les pauvres ? Il leur reste la baise.
Manquerait plus que ça qu’on les impuissante chimiquement. Ils le sont déjà suffisamment par les emplois qu’on leur donne et la façon dont on les traite.
Ce plaisir intense est encore presque gratuit. Si l’on excepte quelques malheureux qui dédommagent à coups de clauses spéciales dans les divorces, quelques ratages et quelques coups de queue douteux. Et puis au moment du plaisir qui pense aux mouflets ? hormis les princesses de Belgique, qui font l’amour par devoir !
-Tu fais ton devoir ce soir chéri ?... pour la couronne !
Quand les humains auront envahi la planète entière, éliminé les espèces vivantes concurrentes puisque nous sommes incapables de cohabiter avec elles, coupé tous les arbres et infesté toutes les rivières, ils ne nous restera plus que la ressource de nous bouffer nous-mêmes.
Le retour à l’anthropophagie, n’est-ce pas le retour aux sources ? Plaisir de la bouffe d’un passé cavernicole, ce sera dommage de s’en priver quand le cheptel à quatre pattes aura disparu. Qui sait, une multinationale pourrait monter une affaire d’humains en conserve ? Les coeurs sensibles se serrent à la vue d’un bœuf qu’on abat, en steak sur l’assiette, ce n’est plus pareil, si c’est le spécialiste qui l’a découpé, tranché et servi. Ce doit être la même chose pour le découpage et le débit de l’homme. Aussi, il n’y aura pas d’étalage douteux, comme une tête de mort sur le plat avec du cerfeuil dans les oreilles, dans notre enfance nous supportions à peine celle du cochon. Il faudra du temps pour détailler au comptoir du boucher, un pied, une cuisse, un sein… gras, maigre, sans filet, désossé, sans défaillir. Les muphtis désigneront de leur chaise curule ce qui peut être mangé sans déroger aux lois. Connaissant les principes coraniques, il y a gros à parier que les premiers bouffés seront les femmes
Si un jour la race s’éteint, la nature mettra des siècles à se refaire une santé. Un ethnologue des temps futurs d’une autre planète pourra toujours suivre notre trace à la surface des océans grâce aux sacs et sachets plastiques qui flotteront bien après que nous ayons disparu. Ainsi, il se fera une idée du nombre de grands magasins que nous avions avant de mourir bêtement de faim.
Dans un premier temps, l’accroissement de la population sera une bonne chose pour l’industriel et le propriétaire. Le premier pourra redéfinir le travail et retrouver les temps heureux où l’esclavage enlevait tout souci aux hommes libres. Le second pourra valoriser ses coins à blattes loués très chers aux miséreux.
Tant d’enfoirés sur une bande de terre aussi étroite qu’est la Belgique, on ne pourra plus se tourner sans emmerder son voisin, d’autant que les chefs se seront taillés à coups de kalachnikov dans la viande hostile, quelques hectares où nous paissions tels des veaux.
Déjà trop spécialisés dans l’art de se rendre utile, après l’éclosion des jeunes larves, les géniteurs seront contraints de descendre à chaque fois d’un cran toute prétention à leur égard. On se battra pour une place d’éboueur, sur le temps qu’on verra éclore de nouveaux métiers, comme épouiller le bourgeois, se crucifier sur les foires pour l’amusement des foules. Ce sera aussi l’occasion de remettre en valeur les anciens comme dépendeur d’andouilles.
Les religions s’adapteront.
Elles se sont toujours adaptées depuis le temps que la terre était plate et que voilà quatre cents ans qu’elle tourne toute ronde sur décision des papes !
A l’Armaguedon les foules glanderont fanatisées pour assister au dernier combat entre le Bien et le Mal, et, stupides, elles se frotteront les yeux de n’avoir rien vu. L’homme ne développe tant sa foi en dieu que dans les moments de grandes trouilles. Il se remettra à croire aux trois personnes en une, aux vertus de la pierre noire et même à Saint-Médard les jours de sécheresse.
Devant la demande exponentielle et le rétrécissement de l’offre, il sera considéré comme un privilège de se faire botter le cul en public par un prêtre ou un employeur et de se faire engrosser quand on est secrétaire ou allumeuse graduée de bougies consacrées.
Des énergumènes croiront de plus en plus dans les vertus du commerce et de l’industrie et malgré le nombre de suicides en nette augmentation dans les entreprises, les demandeurs d’emploi ne cesseront d’augmenter.
On campera sur le square Michel à Jodoigne, le socle de la statue du grand homme abritera un sans-abri, au moins le colosse du capitalisme social aura enfin servi à quelque chose.
Le démographe Patrick Deboosere (VUB) n’écrira plus ses conneries dans De Morgen, puisqu’il n’y aura plus d’arbre pour faire du papier.
En somme ce sera la seule bonne nouvelle.
Salut Lévi-Strauss !... et merci d’être passé nous voir.