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Le PéPé flingueur

L’avenir nous dira si le MR a eu raison contre l’avis de Didier Reynders, d’envoyer Rudy Aernoudt se faire voir ailleurs. En effet le leader de Lidé et la figure de proue des petits actionnaires de Fortis, l’avocat Modrikamen, ont décidé de lancer leur nouveau parti : le Parti populaire dit « PéPé ».
Evidemment, l’accueil du Flamand au MR, ce serait accompli au détriment de Gérard Deprez qui aurait perdu le droit de remplir sa gamelle à l’Europe.
Comme cela ne s’est pas fait, Didier s’est mis un ennemi de plus sur le dos : « l’ami » Gérard Deprez a rejoint le camp des Michel.
Reste que si les deux comiques qui lancent leur sous-marin en grande pompe sur la scène du théâtre de la monnaie le 26 novembre, voient les mécontents du MR arriver à l’appui, cela risque de faire mal et ce ne serait pas la faute de Reynders, mais du camp Michel.
En effet, si le PéPé passe la barre des 5 %, le MCC de Deprez ne pesant plus qu’à peine 1 % et des poussières, cela fait plus de 3 % en moins de voix aux libéraux.
Ce serait pour le coup le tollé général rue de Naples, une vraie dégringolade pour ces ambitieux du capitalisme renforcé et un regain des conflits intérieurs assurés.
Le MR n’osait pas se dire « populaire », Louis Michel, démagogue né et partisan d’un libéralisme social et mondialiste, l’ose (Comprenne qui pourra !). Prenant des leçons chez Sarko, les Michel espèrent encore rejouer le coup et séduire quelques pauvres diables de plus à gauche. Mais, le Pépé, encore plus démagogue que le MR sur la question sociale, pourrait couper l’herbe sous le pied à tout le monde en devenant le champion de la surenchère, d’autant que ce sont les classes moyennes qui ont le plus perdu dans la crise.
Rudy Aernoudt, numéro 2 du Parti populaire, a peaufiné la rédaction du programme. ce n’est pas peu dire que, de ce qu’on en sait, les Michel sont enfoncés sur leur propre terrain.
Les chapitres institutionnels de ce Flamand déçu par ses pairs frisent l’apostasie.
« L’établissement d’une circonscription fédérale sur tout le pays pour l’élection de la moitié des parlementaires est la priorité des priorités du Parti populaire. "C’est la seule manière de redonner un peu de liant et de consistance au tissu belge. », argumente Rudy Aernoudt.
« L’objectif du Parti populaire, dans un premier temps, est d’être la seule formation politique présente des deux côtés de la frontière linguistique. » voilà les Flamands prévenus aussi.
Question de faire plaisir à la majorité dormante des Belges « qui n’en pense pas moins », le PéPé veut un gouvernement fédéral réduit à sept ministres. Ceux-ci fonctionneront avec des cabinets réduits.
Ce jeu de bowling attirerait la foule. On les a tellement vus rue de la Loi. On en a tellement marre des avocats… quoique le compère de Rudy en soit un aussi, qu’un coup de torchon à la Tavernier ne serait pas de refus !

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Les habitués des ministères ainsi que leurs ministres à l’abonnement perpétuel n’ont pas trop à s’en faire, Rudy Aernoudt use du trémolo pour comptabiliser des voix ; mais son antienne, à force d’être entendue par un public qui n’est pas loin de penser la même chose, pourrait pourrir les relations de la base des partis avec leur exécutif. Et c’est uniquement par là que Rudy est un homme dangereux.
Entre les deux Rudy Aernoudt et Rudy Demotte, cela ne marche pas fort. On s’en doute. L’un n’aime pas les socialistes et l’autre les populistes ! Celui-là aurait dénoncé l’armée mexicaine de celui-ci : « avec un cabinet ministériel le plus grand du monde : ça ne va pas »
Une autre mesure qui devrait plaire aux francophones : « Une alternance devra être instaurée pour le rôle linguistique du Premier ministre (2 ans/2 ans). Il n’y a pas de fatalité à ce que cela soit toujours un Premier ministre flamand dans ce pays ». Cette déclaration pourrait avoir son petit succès médiatique aussi.
Notre nouveau trublion enfonce encore un autre clou quand il évoque le genre de scrutin qui conduit les mêmes à faire les gouvernements : le suffrage à un tour. Lui est pour le scrutin majoritaire qui verrait, en gros, deux formations en alternance au gouvernement.
Enfin cerise sur le gâteau après le coup de force du gouvernement flamand d’instaurer une inspection académique flamande dans les écoles francophones de la périphérie, le Parti Populaire souhaiterait mettre en place une hiérarchie des normes. Ainsi une loi votée au niveau fédéral primerait-t-elle sur un décret pris par les Régions.
Evidemment comme Bruxelles détient un gros paquet de voix acquis au MR, MM. Aernoudt et Modrikamen déclarent Bruxelles parent pauvre de la Belgique. Le duo est favorable à des investissements massifs dans la capitale.
Les partis au pouvoir auront beau se moquer d’un programme qui n’est pas chiffré et qui n’est en soi qu’une vaste propagande électorale avant la lettre ; cependant, ce programme a le mérite de mettre le doigt sur les souhaits des populations qui n’ont jamais été pris au sérieux par le MR et par le PS et qui désignent des injustices et des défaillances criantes de notre système.
C’est une véritable bombe, même si ceux qui veulent la lancer prêtent à sourire.

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