Elles passent toutes à la casserole !
C’est Aristote qui donne le coup d’envoi de la science moderne basée sur l’observation en 324-22 av. JC.
Dans le « Traité des Parties », il a posé les fondements de la science, voilà plus de vingt-deux siècles. Des observations récentes ont accumulé des faits nouveaux, elles n'ont rien ajouté, ni aux principes, ni à la méthode ; cependant la susceptibilité de l’homme va en prendre un coup.
Quand par exemple, Aristote décrit l’homme comme le seul des animaux à se tenir droit, car, dit-il, sa nature et son essence sont divines, Charles Darwin en 1859 dans « la théorie des espèces » s’est permis de douter de l’allégorie du plafond de la chapelle Sixtine, où Dieu touche la main d’Adam pour un relais du 4 X 100 qui n’est pas encore terminé.
Auparavant, J.-J. Rousseau avait philosophé sur la bipédie « c’est la possibilité de se perfectionner qui distingue l’homme du singe ».
Sans référence scientifique, le philosophe ne tranchait pas la question de l’appartenance de l’homme faisant tronc commun avec les grands singes. Et il faisait bien !
Il laissait le soin aux générations suivantes de s’aventurer sur la question « l’homme descend-il du singe ou ce dernier procède-t-il de l’homme ? ». Longtemps, suite aux travaux d’Yves Coppens et aux découvertes de fossiles en Afrique, on a cru qu’il y avait un lointain ancêtre commun et que les souches avaient divergé en une multitude de variantes dont l’homo sapiens a émergé et s’est différencié, il y a… un petit millions d’années.
La découverte d’ARDI, un ardipithecus ramidus (presque un nom de discount pas cher !), en Ethiopie en 1992, vieux de 4,4 millions d’années, remet tout en question. Notamment que l’homo sapiens n’était pas le seul en son genre, et que chez des espèces préhumaines la trace de comportements qu’on croyait spécifiques à l’humanité, comme la bipédie, les techniques, l’ensevelissement des morts, complique notre concept généralement admis de l’humain.
Patatras ! Sous la forme d’un scoop, le magasine de Philosophie de décembre 2009 nous annonce que c’est le singe qui descendrait de l’homme !
« Le redressement des hominidés sur leurs deux jambes a précédé l’apparition des grands singes. Rendu public, cet automne, par la revue américaine « Science », ce constat bouleverse la vision de nos origines, et ouvre un chantier philosophique nouveau. Car si la station debout ne nous caractérise pas, pas plus que les outils ou la taille du cerveau, qu’est-ce qui fait le propre de l’homme ? ».
Du coup, voilà les créationnistes bien emmerdés, pourtant toujours bien là à nous susurrer leurs sornettes, reprenant le calcul De James Ussher, selon lequel la Terre a été créée le 23 octobre 4004 avant J.C., vers 9 heures du matin (sans rire) !... et un dimanche, en plus. Et je n’invente rien !
Il est vrai que Ussher, c’est du pain béni pour les créationnistes qu prospèrent en Amérique, attendu que selon un sondage, un Américain sur deux croit dur comme fer que le monde a moins de 10.000 ans !
Que dire de plus, sinon que si les opinions sont respectables, la sincérité ne suffit pas. Même que dans certains cas extrêmes, l’opinion pourrait être le symptôme d’une hystérie, voire d’une folie furieuse.
Comment prendre une Nation aussi grande soit-elle au sérieux quand un citoyen sur deux disjoncte ? C’est une Nation qui peut croire à tout, y compris à son destin d’archange conduisant les peuples !
Nous voilà bien pour le futur, avec notre côté simiesque et notre façon de voir notre avenir.
C’est décidé, dès demain, je vais me remettre au régime de bananes et épouiller ma voisine de palier si elle en exprime le désir, car, c’est ce qui nous distingue de l’autre nous-même, nous n’osons pas aller au fond des choses, notre bipédie n’est pas aventureuse… enfin, je parle pour moi. C’est là que s’observe la supériorité du Bonobo sur nous. Il est vrai que, le bougre, a un rostre bien placé et qu’il sait s’en servir.
Il ne cultive pas comme l’humain la philosophie de l’échec et ne cherche pas midi à quatorze heures « quand elles passent à la casserole » (ainsi chantait Brel).
Ce n’est donc pas si mal que le singe procède de l’homme et non l’inverse. Dorénavant, en nous élevant dans la société, nous n’aurons plus à cacher nos parties honteuses à ceux qui restent en-dessous.
Commentaires
Curieusement, l'hypothèse du "créationnisme scientifique" n'est jamais évoquée. Selon celle-ci toute la vie sur terre aurait été créée scientifiquement par une civilisation très avancée venue de l'espace, les "Elohim" de la bible. Ils auraient commencé par des formes de vie simples, puis de plus en plus compliquées pour finir par créer les hommes "à leur image et leur ressemblance", comme il est dit dans la bible qui serait en fait le premier livre athée. L'évolution constatée correspondrait, en fait, à l'évolution de leurs techniques de créations. Il y a 60 ans, à peine, nous découvrions la composition de la molécule d'ADN, aujourd'hui Craig Venter et son équipe sont très près de décrypter le code génétique minimum nécessaire à une bactérie pour survivre. Code génétique qu'il sera par la suite possible de créer de manière 100% synthétique. De quoi notre génie génétique sera-t-il capable dans 50 ans, dans 100 ans etc...!?
Postée le: Jean Pierre 35 | décembre 10, 2009 09:59 PM