Et si 2010 était pire que 2009 ?
L’année 2009 s’achève sur une impression de trouble, celle que l’on ressent quand on est suivi dans une ruelle par un inconnu.
2009 est une année qui porte la trace de la crise de 2008, lorsque le 15 septembre de cette année-là éclatait le scandale de Lehman Brothers qui allait précipiter l’ensemble financier vers le désastre et faire tomber les banques comme dans un jeu de dominos.
On croyait en 2008 (les croyants de la société libérale pratiquaient encore le culte en 2009) aux paroles messianiques de Margaret Thatcher « There not alternative » à propos du système économique amorcé dès les années 60 et recevant la consécration de la dame de fer en 1980 à la Chambre des communes.
Tous les économistes sérieux finissent cette année en ayant abandonné complètement ce culte du système néo-libéral, plus convaincus du tout de son immuabilité, si l’on excepte les économistes invités régulièrement dans les médias avec la mission de nous donner une situation bidonnée, destinée à nous euphoriser.
Bye-bye le néolibéralisme du « débarrassez-nous des Etats » des Chicago boys et de leur gourou Friedman. Envolées les paroles de Greenspan « l’homme qui parle à l’oreille des marchés », le libertarien le plus écouté des sphères financières, obligé de convenir que personne n’avait vu venir la crise, à cause de l’absolue foi dans la solidité des marchés.
La déconvenue est grande dans les allées du pouvoir en Europe, mais la foi dans le système reste intacte. A tel point, que ce soit dans les partis politiques et dans les sphères dirigeantes, on est encore assez fou pour croire que le système va redémarrer sur les mêmes bases et donner raison à ceux qui persévèrent dans les démantèlements des grandes entreprises encore étatisées, bref en la croyance d’un néo-libéralisme alimentant les caisses de la social-démocratie par une nouvelle et forte croissance.
En tous cas, ce ne sera pas pour 2010, année où le chômage va progresser sans encore atteindre son point culminant.
Aucune des causes de la crise n’a été résolue. Rares sont celles qui ont été perçues. Et parmi celles que l’on a découvertes, aucune n’a été corrigée. On est loin du discours de Sarkozy au lendemain de l’effondrement des banques. Les fautes seraient expiées par les responsables, le système serait revu de fond en comble. On n’a rien vu !
Le problème de fond n’a jamais été abordé. La mondialisation semble irréversible et c’est pourtant ce phénomène qui a produit un effet d’accélération des pertes.
La crise mute, comme la grippe saisonnière. Les faillites s’amplifient, les délocalisations les accélèrent. 2010 saura à ses dépens quelles sont les séquelles de l’interaction du processus.
Un deuxième plongeon est possible.
Quand ?
Comme le premier, on n’en sait rien. Les bulles se sont reconstituées, de nouvelles se sont créées, notamment les spéculations sur les matières premières. Tout peut se reproduire, comme en 2008.
A la différence que les Etats d’Amérique et l’Europe ne seront plus capables de sauver les banques une seconde fois.
Certains économistes d’Etat, sans le dire aux populations, sont parvenus à faire croire aux ministres des finances peu rassurés par l’ampleur de la dette, que l’inflation en emportant les économies des petites gens, emportera aussi les créances.
Il est vrai que c’est le vœu secret de Reynders et de Lagarde.
On baigne dans le surliquide et les USA font déjà une sorte de cavalier seul en ce domaine en laissant filer le dollar.
C’est ne pas connaître les engrenages de la machine inflationniste pour rêver de remettre la dette à zéro de cette manière. L’inflation ne se produit pas de manière artificielle. Elle est le produit d’une forte poussée des salaires et d’une attitude du consommateur.
Or, la mondialisation, les décentralisations, les pressions exercées du capital sur le travail afin de réaliser des bénéfices d’abord sur la main d’œuvre, le fait également que la crise à tuer l’élan syndical et que la revendication politique de la gauche au pouvoir n’a plus rien à voir avec le progrès salarial, tous ces éléments réunis avec une croissance égale à zéro pour 2010, font que l’inflation ne sauvera pas les économies chancelantes et il faudra bien que les Etats trouvent des solutions internes d’économie et de taxation supplémentaire pour s’en sortir.
Dans ce domaine l’Europe a lâché du lest mais reste assez vigilante sur le dépassement des déficits autorisés. Pour rappel, le Traité de Maëstricht prévoyait seulement 3 % de déficit, ce qu’aucun des Etats de l’Union européenne a su respecter.
Conclusion : 2010, une année pire encore que celle qui s’achève ?
Je l’appréhende.
Si je me trompe, comme les mauvais acteurs, envoyez-moi des tomates mures en janvier 2011.
En attendant la contre-expertise, ce que tout le monde peut voir, c’est la modification profonde de la manière dont les gens perçoivent aujourd’hui les Institutions bancaires, les organismes de crédit, les compagnies d’assurances, tout ce qui de près ou de loin en veut à votre encaisse. Plus personne ne croit à l’honnêteté des brasseurs d’argent. On pousse leur porte comme on entre aux Contributions avec l’impression que l’on va se faire avoir.
Et ça, c’est nouveau, cette méfiance est bénéfique et seule porteuse d’avenir.