Le roman du réchauffement (suite)
Après le bide de Copenhague, deux observations :
La première concerne l’étrange absence de l’Europe « parlant d’une seule voix ».
A la place, nous avons eu droit à la cacophonie et surtout au manque d’une volonté forte d’affirmer le point de vue européen. Barroso à force de souplesse est devenu complètement inconsistant. A ce point de vue, il représente bien ce que nous sommes. Le discours de Magnette en témoigne. Il dit beaucoup trop pour pouvoir faire quelque chose. Magnette n’a pas su adapter son discours à ce que la Belgique représente, dès lors il devenait anecdotique.
Bien plus judicieux aurait été de choisir un porte-parole parmi les Européens qui aurait parlé au nom de tous. Pour que cela ait été possible, une concertation sérieuse aurait dû rapprocher les points de vue, des Polonais, par exemple, grands pollueurs charbon, et les autres, grands pollueurs pétrole, à l’exception de la France et même de la Belgique qui ont privilégié le nucléaire, ce qui a terme est une autre forme de pollution, mais n’entre pas dans l’accélération de l’émission de CO².
Barroso n’en a pas les épaules. Il doit sa survie, justement, à sa complaisance vis-à-vis des grands pays qui le conservent plus parce qu’on le sait pieds et poings liés, donc neutralisé, qu’ayant une idée forte de sa mission.
La seconde a trait au nouveau G2 Chine-Etats-Unis.
Ils ont tout simplement dit d’une seule voix jusqu’où ils pouvaient aller dans la limite de l’émission de CO². A part quelques « chipoteries » sur le contrôle, que la Chine ne pouvait accepter, le reste avait été concerté dans d’âpres discussions d’arrières boutiques. Et tout était dit. Le sort de l’hémisphère Sud était scellé. L’opinion du restant de la planète ne comptait plus.
Les Chinois refusent d'entraver leur rattrapage économique et reprochent aux Américains leurs efforts insuffisants de réduction d'émissions de CO2. Les Américains, inquiets de la concurrence déloyale des Chinois, veulent pouvoir vérifier que Pékin respectera ses engagements. Reste qu’Obama ne veut pas se fâcher avec les sénateurs de son pays à quelques semaines de sa loi sur le droit aux soins de santé des citoyens indigents. Or, les sénateurs liés aux grandes compagnies émettrices de CO² auraient vu d’un mauvais œil leur président relever le défi que l’Europe propose : ne pas dépasser les 2° d’augmentation des températures d’ici 2050.
Quoique antagonistes du point de vue commercial, Chine et USA ont créé à Copenhague une alliance objective. Les deux pays ont préservé leur souveraineté. Leurs efforts en faveur du climat dont ils se vantent seront unilatéraux et non contraignants.
A la réunion de Copenhague, la comédie de Pékin et Washington ne serait pas complète sans la participation de l'Inde pour l’apothéose. L’Inde ne veut pas non plus perturber son développement. Entre parenthèse, selon certains démographes, la Chine serait actuellement dépassée au nombre d’habitants par l’Inde. C’est dire si les trois réunis, ça fait un beau paquet de mondes, donc de pollueurs. A trois, ils représentent la moitié de la population mondiale.
Les 55 minutes d’entretiens d’Obama avec M. Wen ont été déterminantes. On pouvait tirer le rideau sur Copenhague.
Le jeu paraît inversé entre la Chine et les Etats-Unis. Ce n’est pas Monsieur Wen qui court après Obama, mais bien l’Américain pour un partenariat à deux pour diriger le monde, ce que la Chine refuse.
Au G20, le tandem avait bien fonctionné. M. Obama en avait profité pour amorcer un "dialogue stratégique" avec son « partenaire ». La chine se méfie. Les rôles sont devenus différents depuis que c’est la Chine qui détient un paquet d’Obligations US. Les Etats-Unis doivent plus de 700 milliards de dollars à la Chine, qui, elle, refuse la convertibilité de sa monnaie. Que celle-ci vende tout, l’autre est par terre. Ce qui retient Pékin, c’est la perte sèche s’il arrivait que le dollar déjà fort mal en point ne vienne à sombrer complètement.
Mais, on n’en est pas là.
Et voilà comme vont les réunions au sommet. Celle-ci, organisée par l’ONU, a montré comme l’économie mondiale se fichait de l’environnement, du CO² et de tout le reste.
Fin 2010, les Pays présents au Danemark ont l’intention de remettre le couvert à Mexico.
Van Rompuy a un an pour montrer une autre image de l’Europe.
On verra ce dont il est capable très vite. Déjà à l’émission « C dans l’air « de ce soir, un téléspectateur s’est inquiété de son absence à Copenhague. Les invités sont restés bouches bées. Tout le monde semblait ignorer qu’il ne prendra la tête de l’Europe qu’au 1er janvier 2010.
Affaire à suivre, comme on dit.