Ô Obama Ô !
Le Prix Nobel de la Paix entourloupé par son état-major va envoyer 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan.
Afin de faire passer la pilule, il a dressé un calendrier – un de plus – pour le retrait de ses boys. Inutile de dire que personne n’y croit.
Le bilan est sec : 34.800 G.I. au 22 octobre 2009, avec l’OTAN plus de 70.000 hommes, 486 morts, dont 300 Américains et 186 de l’OTAN en 2009, si l’on excepte décembre, pas encore comptabilisé.
Avec les renforts américains, il y aura bientôt environ 100.000 militaires étrangers en Afghanistan.
C’est dire si tous les espoirs mis dans l’armée afghane sont décevants, comme ceux mis en Hamid Karzaï pour « développer la démocratie », avec le bide de sa réélection.
Le Flamand Pieter De Crem va probablement étoffer le contingent belge actuellement de 530 hommes, puisque l’ambiance est à la hausse d’effectifs et que le siège de l'OTAN à Bruxelles et son commandement militaire (SHAPE) à Mons nous recommandent d’être exemplaires.
Notre participation à ce désastre programmé nous autorise à quelques réflexions sur la nature du conflit, sur l’issue possible de celui-ci et notre politique à son sujet.
Comme il en est ainsi depuis longtemps, peu de commentaires critiques sous la plume de nos éditorialistes et peu de commentaires de nos bavards professionnels sur nos ondes tricolores.
C’est que la Belgique, championne du monde pour dire la démocratie chez certains peuples en déliquescence, dont elle fustige les fautes et pénalise les tyrans, épargne son grand allié les Etats Unis d’Amérique et les tyranneaux de quartier, comme Kadhafi, le dictateur libyen, les sultans des Emirats arabes, les pays du Maghreb, certains pays d’Amérique du Sud, etc. qui ont le bon goût d’entretenir de bonnes relations commerciales avec nous. C’est dire le grotesque du parti pris de notre action.
Pour revenir au grand civilisateur Obama qui a saisi des mains d’un Bush décrié la bannière étoilée du plus grand Etat militariste que le monde ait jamais vu, peut-être a-t-il eu tort de déclarer qu’à partir de juillet 2011, les forces américaines débuteraient le transfert de pouvoir à l'armée et aux autorités afghanes. Entre parenthèse, dans ses discours de campagne électorale, le candidat Obama avait préconisé le retrait pur et simple dans les deux ans de l’Armée en Afghanistan, alors que 2011 ne marque que le début d’un retrait.
Après huit ans de guerre, ce ne serait pas trop tôt. D’autant que la population satisfaite au début qu’on la soulage de ses fous d’Allah, prise depuis entre deux feux, s’est à nouveau jetée dans les bras des Talibans, par nationalisme et parce qu’elle ne pouvait pas faire autrement.
Une des grandes erreurs d’Obama, c’est de faire confiance aux militaires (1). Il aurait dit au général Stanley McChrystal, le commandant en Afghanistan, combien voulez-vous de renfort pour gagner la guerre ? 40 000 hommes aurait répondu l’étoilé. Bref, il est descendu à 30.000, ce qui est normal pour le conflit dans un pays qui a toujours vécu à l’heure des souks et du marchandage.
.Les journalistes américains sont bien plus critiques que les Belges sur la politique d’Obama en Afghanistan. Ce n’est pas dans la mentalité de nos gens de s’exprimer de manière directe, depuis toujours nous cultivons l’art de la litote faux-cul.
Les Talibans et Al-Qaïda, notent les journaux US, n'ont qu'à laisser passer la tempête pendant dix-huit mois. Ils ont tenu tête huit ans à l'armée américaine « La route de Bagdad leur sera ensuite ouverte », gloussait un commentateur de Fox News.
L’opinion belge reste passive, étrangement éloignée de ce conflit dans lequel nous sommes parties prenantes. Jusqu’à présent, nous n’avons perdu du personnel qu’à cause d’un accident de la route. Comme le conflit est partout, que nous perdions un paquet de militaires sur une mine et tout peu changer.
Pieter De Crem ne doit pas ignorer que seuls quelques indécrottables nationalistes de droite, auxquels il faut ajouter quelques américanolâtres, croient encore à la croisade de l’Occident pour la victoire de la démocratie contre le communisme et les assimilés, dont l’intégrisme musulman.
Cette exaltation inconséquente fait partie du divorce actuel entre le peuple et ses gouvernants. Divorce plus aigu encore quand on prend en compte la rupture dans le social et la confiance dans le système économique.
Mais Pieter De Crem n’est pas le seul à verser dans un excès d’optimisme, ce n’en est même qu’un pion gesticulant et maladroit.
Il est vrai que les « hautes sphères » défendent toujours une démocratie qui n’existe plus, à seule fin de faire croire à l’Afghanistan qu’elle existe ! Le comble, c’est qu’elles la proposent à des gens qui n’en ont que faire.
Quant à nous, nous faisons semblant d’y croire par la nécessité où nous sommes de survivre sans un modèle plus éthique. Par prudence, sans nous en rendre compte, nous faisons bien. Les solutions par l’émeute finissent mal. Les autopompes viennent toujours à bout des récalcitrants. Ceux qui disent nous aimer et vouloir notre bonheur n’hésiteraient pas une seconde à traiter notre mauvais vouloir de la pire des façons, comme on traite les talibans.
Belle mentalité de tous les partis confondus ! Mais, c’est ainsi. Il suffit de les entendre parler de populisme, de racisme rampant, d’agitateurs professionnels, pour revenir quarante ans en arrière, quand Lambion, président de la Régionale FGTB de Liège, excluait six délégués de Cockerill coupables d’avoir fait voter légalement les travailleurs pour la poursuite d’une grève, alors que Lambion avait déjà signé avec l’employeur pour la reprise.
Eh bien ! nous en sommes là. Que les gens soient pour ou contre la guerre en Afghanistan, pour ou contre l’Europe, pour ou contre le système économique, pour ou contre la social-démocratie, ils s’en tamponnent : ILS ONT DÉJÀ SIGNÉ !...
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1. « La guerre est une affaire trop sérieuse pour être confiée à un militaire. » Ma mémoire a perdu le nom de celui qui commit cet aphorisme de bon sens.
Commentaires
C'est curieux cette manie de la politique de la canonnière...
Il serait si simple, bien plus efficace et 100 fois moins coûteux pour nos amis américains qu’ils aident l'Afghanistan à développer ses infrastructures et son économie.
Convaincre en dispensant les bienfaits de la technologie. Quelle classe !
Se créer ainsi de futurs débouchés commerciaux. Quelle astuce !
Se faire des alliés dans cette zone stratégique. Quelle intelligence !
Mais alors, pourquoi ils leurs jettent des bombe aux afghans ? Hein, dis, pourquoi ?
Pour répondre à cette question il faut d'abord répondre à cette question : qui conduit la politique étrangère aux USA ? Les actionnaires des constructeurs de matériel militaire bien sûr !
- Comment ? Il y en aurait parmi les décideurs politiques ?
- Dans les équipes des Bush père et fils, bien sûr.
- Mais pas dans celles d'Obama quand même ?
- Peut-être pas, mais vous le saviez bien quand même qu'on n'est pas élu aux USA sans l'appui des principales banques. Oui, celles par où transitent les dividendes des constructeurs de matériel militaire.
- Mais alors l'élection d'Obama ?!
- C’est une couillonnade. Et les couillons commencent à se réveiller.
Le prix du matériel militaire ? C'est ici : www.planetecologie.org/ENCYCLOPEDIE/Planeteactualite/Communique/prixpeur.htm
Postée le: Leblanc | décembre 4, 2009 06:10 PM