« La main de ma sœur… | Accueil | Posh Spice, Malika Ménard, Bridget and C°. »

Une idée de la CSC.

La CSC vient de dépasser « le Mur du çon » cher au Canard Enchaîné, en proposant au patronat d’employer les ouvriers qu’ils mettent au chômage ! dans ce qu’elle appelle « une formation dans leur entreprise ».
Cette surprenante idée dont le but « serait d'éviter une perte de savoir-faire des travailleurs et de préparer au mieux les entreprises à la reprise » ne va pas tomber dans les oreilles de patrons sourds.
En effet, c’était tout à fait dans les cordes des entrepreneurs de payer les travailleurs à apprendre les nouvelles techniques ou de gérer la reprise des anciennes, pour des fabrications innovantes ou des remises en route sorties du frigo.
L’apprentissage perpétuel non payé en cours de contrat, c’est nouveau !
Dorénavant, il suffira de mettre au chômage les travailleurs concernés pour leur apprendre les procédures sur les nouvelles chaînes de montage, ainsi la collectivité paiera une partie des démarrages et essuiera de toute façon les plâtres !
On ne peut pas imaginer une seconde que les employeurs laisseront leurs ouvriers « chômeurs » mais présents, jouer à cache-cache derrière les machines à l’arrêt.
On se demande à quoi les syndicats servent encore, à part voler au devant des propositions patronales « de progrès » !
Il n’y a pas que les politiques de la social-démocratie qui ont perdu leur clé USB du devenir des foules. La déconnection des syndicats a été tout aussi rapide et brutale.
Aujourd’hui, les organisations syndicales ne sont plus les creusets dans lesquels s’élaborent les aspirations à une autre société, mais l’école technique où s’apprennent les gestes – comme dans un CAP de l’hôtellerie – qui accompagnent les patrons dans leurs étapes à la digestion…. Pardon à la gestion.
On aurait pu s’attendre à une analyse plus fine des conditions de travail de l’épouvantable crise qui s’est abattue sur ceux qui produisent. Pas une seule fois, on n’a entendu protester les syndicats par des débrayages interprofessionnels mettant en cause le cynisme de « l’Haut lieu ». On reste insensible à la provocation d’un Guy Quaden, qui se délecte des chiffres qui « nous » sortent de la crise, des reprises qui font merveilles et des espoirs pour demain, alors que « demain » n’a jamais été aussi sombre et que l’été de 2010 sera encore plus pourri que celui de 2009 !
Si la misère qui monte, si le chômage qui s’accroît, ne sont pas des signes évidents de crise, on se demande ce qu’il faut aux organisateurs de la société belge !
Ce qui ne va plus aujourd’hui, c’est qu’on a coupé la parole aux penseurs et aux philosophes de gauche dont c’était le boulot de définir une cité idéale pour demain, afin d’y tendre et améliorer l’ordinaire des gens. C’est la résignation qui l’emporte, avec ce sentiment généralisé qu’il faut faire avec le système économique, aussi mauvais soit-il, parce qu’on ne peut pas en sortir, comme il serait fallacieux de vouloir l’améliorer par quelque initiative nouvelle, « puisqu’il n’y en a pas d’autres ! ».

5643.jpg

Les partis et les syndicats qui prétendent représenter le monde du travail, sont responsables de la déroute de l’idéologie conquérante de ce qui fut le prolétariat. Leur manière de « nous tenir en laisse » est proprement écoeurante. Lorsque j’entends le discours résigné d’un Di Rupo, son analyse de la crise et la manière dont il parle aux gens, j’ai envie de vomir !
Les autres ne valent guère mieux.
« Il n’y a pas de modèle alternatif à l’économie de marché » susurre l’Aigle de Mons comme Laurence Parisot, présidente du Medef.
Par conséquent, il entrait dans la norme des choses d’oser une nouvelle manière d’aider les patrons à s’enrichir sur le dos de la collectivité. Et que ce soit la CSC qui en prenne l’initiative, ne m’étonne pas du tout !
Cette formation est pire encore que la FGTB dans laquelle subsistent, ailleurs que dans ses Maisons syndicales et ses guichets, des responsables non-permanents qui n’ont pas perdu l’espoir de sortir de l’ornière la tête haute.
La CSC excelle dans des idées serves du système, comme celle qui la mobilise aujourd’hui. C’est une sorte de scoutisme social. On y apprend à faire des nœuds dans le porte-monnaie, à faire des camps de la bonne volonté et à aider les vieillards de la direction à patienter jusqu’à la retraite !
Jean-Mi Javaux qui fit ses classes au Patro sait la manière « sage et réfléchie » dont on entube les masses à la CSC.
Il y a gros à parier que cette initiative syndicale douce à son cœur va le réjouir !
Les termes des permanents y sont « mesurés », les réunions « encourageantes » et les gestes de bonne volonté « concrets » ; mais, on n’y fait rien contre la réalité du ras du trottoir. On n’y veut voir que la brutalité des « voyous » et les cris pitoyables de « la populace », quand ils y croient déceler des mots comme « vendus, pourris ».
Ils sont bien à l’image de la société qu’ils contribuent à maintenir contre toute attente au pouvoir. Surtout, ils ferment les yeux sur la froide cruauté des élites.
Ainsi s’agitent pour s’agiter les vestes vertes et rouges aux ordres des professionnels du mégaphone de la tempête dans un verre d’eau.

Poster un commentaire