A démission envisagée…
…faute à moitié pardonnée.
La ministre bruxelloise en charge de l'Environnement, Evelyne Huytebroeck, vient d’inaugurer une nouvelle manière de se faire remarquer dans les moments délicats d’une carrière politique.
Elle a pensé démissionner suite aux critiques concernant la gestion de la station d'épuration de Bruxelles. Elle rejoint ainsi le club fermé des gens pour qui le devoir passe avant tout sans que cela prête à conséquence, dont Richard Fournaux est le président incontesté. Sont admis dans le club, ceux qui ne veulent pas démissionner pour une faute qu’ils nient avoir commise. Dans le cas du bourgmestre de Dinant, son dossier aussi épais que deux dictionnaires, le condamne à la présidence à vie !
Enfin, les ministres et en général les responsables – grâce à ce nouveau concept moral – égalent Grorgina Dufoix avec son célèbre « responsable, mais pas coupable ».
Dans le cas d’Evelyne Huytebroeck, sa responsabilité était engagée sur deux fronts, Copenhague et les égouts de Bruxelles. Qu’eussiez-vous choisi à sa place ? L’océan-poubelle était prioritaire vu l’ampleur du désastre, plutôt qu’un modeste cours d’eau pollué par quelques étrons brabançons non solubles. D’autant que la chargée de l’environnement n’était pas chez elle au moment du déversement des eaux usées, elle était donc dans l’incapacité de tirer la chaînette de son WC bruxellois et d’ajouter sa contribution aux pollutions de ses administrés !
Bien sûr, les îles flottantes de déchets échouant en terre flamande, ne sont pas une mince affaire pour ceux qui se barricadent derrière leur frontière linguistique, à défaut de barrière naturelle, pour se défendre du manque d’hygiène francophone !
Groen aurait dû expliquer dans la langue de Vondel, l’importance du Danemark dans les luttes futures environnementales. Le parti frère ne l’a pas fait. Dans ce cas, c’était à Wouters Van Besien, président de Groen, de présenter sa démission. Pourquoi vouliez-vous que ce fût la malheureuse Evelyne le bouc émissaire ?
La NV-A a aussitôt senti un danger, d’autant que ce danger avait particulièrement une odeur fortement communautaire. Voyez-vous que ces excréments francophones viennent se solidifier sur les berges de la Senne en Flandre, et constituer un îlot dont le statut territorial pourrait être revendiqué par les Bruxellois ?
Cette alternative a aussitôt fait vibrer Huytebroeck, qui a classé sans suite sa démission dans les actes manqués, remplacée aussitôt par une volonté farouche de faire son devoir jusqu’au bout. L’écologiste espère être récompensée de son sens des responsabilités, par la ferveur populaire. Jusqu’à présent, la ferveur s’est réduite aux militants écolos déjà suffisamment embêtés de la contre-propagande de l’équipée danoise de leur petite sirène Evelyne.
Pourtant, il paraît qu’Evelyne y a fait merveille. On l’a vue partout. Certains ont même cru qu’elle tenait un stand de spécialités bruxelloises, dentelles et caricoles, dans les salons de l’hôtel où elle était descendue.
Aussitôt décopenhaguisée, le temps de chausser des bottes vertes (évidemment), la dame de l’environnement a voulu présenter sa démission, dans les égouts même, tant la forte odeur la fit presque défaillir, enfin revenue à elle, elle n’a pas voulu d’un successeur, que Picqué n’eût pas hésité à nommer, pour qu’il fût plongé dans la merde à sa place.
Si ce n’est pas prendre ses responsabilités, cette délicatesse-là, on se demande ce qu’il faut à l’opposition MR ?
A refaire, a-t-elle déclaré, la communication pourrait être améliorée, "Je serais plus rapide et directe ». L’été prochain, on refera des parlottes sur le fond de l’air à Bonn, en Allemagne. Evelyne pourrait déjà prévoir une liaison directe de son futur hôtel avec les égoutiers bruxellois pour la surveillance de l’usine d’épuration litigieuse.
Ainsi, elle n’aurait plus à réfléchir une seconde fois à sa démission.
Elle compenserait le retour immédiat en hélicoptère par la promesse d’enlever le moteur électrique de son vélo.
Le chef de file de l'opposition MR à la Région bruxelloise, Didier Gosuin, coupable de faire pleurer la ministre, était - paraît-il - au courant de tout. "Il ne faut pas oublier que c'est lui qui a choisi le marché en 2000. Etait-ce vraiment le meilleur marché à attribuer?", conclut la ministre.
Le véritable instigateur de la pollution serait donc lui !
A-t-il au moins réfléchi, comme la proie qu’il tourmente, à présenter sa démission, comme tout le monde ?
L’opinion n’en a pas entendu parler !
Se réfugier derrière les démissions envisagées des autres, ce n’est pas bien.
Encore, comme c’est un MR, bon à tout pour se faire un peu de pub, lui aussi serait capable de s’en prévaloir !