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Etat du PS en Wallonie.

Jusqu’où iront les partis socialistes d’Europe dans leur dérive identitaire ?
L’électorat traditionnel des partis socialistes semble abandonné à lui-même au profit des « élites salariées » dont les cadres de ces partis font partie par leur réconciliation dès le début des Trente Glorieuses avec le monde économique qu’ils étaient censés combattre.
Le dilemme d’Elio Di Rupo se résume à laisser courir les choses en espérant une large reprise de l’économie afin que tout redevienne comme avant ou empêcher de laisser filer les protestataires vers Ecolo et une gauche radicale, en trouvant des arguments pour les retenir.
Le temps presse. On ne voit pas le PS changer. Son attentisme inquiète, d’autant que la reprise se fait attendre. Il y a gros à parier que si reprise il y a un jour, ce sera sans les personnels remerciés au chômage définitif.
Le PS s’est usé au pouvoir. Ses élites ne sont pas prêtes d’abandonner les places pour une cure de revitalisation dans l’opposition. On ne parle plus ici d’idéologie, mais de gagne-pain ! Que feraient les ministres tant de fois appeléss, si bien intégrés dans l’organigramme du pouvoir, s’ils devenaient brusquement contestataires, alors qu’ils sont parmi les principaux responsables de la pauvreté ambiante ?
Charleroi, Huy, même Mons avec l’affaire Donfut, voilà autant de places fortes démantelées par l’excès d’appétit du pouvoir. Ce n’est pas Liège qui tient la corde avec le clown d’Ans et qui entend rester « intègre », puisque cette régionale importante sombre dans le burlesque et sur You Tube encore ! En avoir marre des parvenus est une chose, savoir qu’il n’y a plus qu’eux là où l’on peut se faire des sous, en est une autre. Di Rupo ne suffirait pas à la tâche de remettre les arrivistes dans le rang et surtout de les remplacer par des perles qui, comme on les qualifie volontiers, sont rares.
Les élections du 7 juin en Wallonie auront été trompeuses. On annonçait une casquette aussi grandiose que celle de Popov pour les socialistes. Du coup la petite déconvenue, c’était transformée en quasi victoire. On aurait tort de considérer ce surplace comme un palier pour une future ascension, tout indique que c’est l’amorce d’une descente qui ne fait que commencer.
On a tenté d’expliquer ce presque statu quo, comme serait une clientèle qui apprendrait que son banquier est un escroc, et qui n’en changerait pas en estimant que les autres le sont aussi.
Le PS, avec ou sans le MR, est bien devenu ce parti du centre gauche qui ne réforme plus et semble résigné de faire avec Ecolo et le CDH, ce qu’il aurait sans doute fait avec le MR : une navigation à vue en tenant compte des circonstances au plus près de l’économie et à son service, plus qu’à celui du citoyen.
A moins d’un nouveau bluff de l’aigle de Mons, cette politique qui prolonge la sauce, peut aussi gâter le menu.

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Des politologues expliquent cependant l’actuelle statu quo du parti par rapport aux autres partis socialistes européens par l’emprise du passé sur « l’âme wallonne ». L’imaginaire wallon imprégné du passé industriel serait toujours celui des corons et de la lutte pour l’émancipation de « la classe ouvrière » et les yeux ne se décilleraient que peu à peu, l’espoir se reportant sur la génération nouvelle d’élus.
Croire que le PS est momentanément absent du parcours de la lutte des classes et qu’il va s’y remettre bientôt est une aberration. Même si Di Rupo le souhaitait, il n’y parviendrait pas, il se heurterait à tout son staff qui n’a aucune volonté de changement.
La bonne tenue du PS n’est donc qu’un court répit, un répit dans un déclin qui s’annonce historique et inexorable.
La bonne blague de ces fins stratèges ayant le cœur à gauche et espérant que le PS pourrait inventer une nouvelle forme de socialisme fait rire justement par son irréalisme.
Plus sérieuse serait l’hypothèse qu’à la longue se formerait un centre rassemblant gauche et droite, sorte de parti fourre-tout refuge des croyants de l’économie de marché, CDH, Ecolo et PS et qu’à leur gauche un nouveau socialisme dispensé de la croyance du capitalisme éternel naîtrait repoussant le MR à la droite du centre.
L’effondrement du centre par le déclin des classes moyennes est favorable à ce rapprochement.
Seul ennui, la Wallonie serait toujours gouvernée par le PS actuel et Bruxelles glisserait plus à droite, sans doute pour longtemps avec un programme MR, par réaction et surtout parce que Bruxelles conserverait les derniers bastions d’une classe moyenne capable encore de vivre des affaires et du commerce.
Si cette hypothèse se confirmait, les jours de Reynders, Liégeois d’origine, seraient menacés à la tête du MR et les Michel auraient à nouveau toutes leurs chances !

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