Les présidents sont embêtés.
Le mensuel Doorbraak – cité par Le Soir - a raison de croire « que la tache d’huile francophone s’étend rapidement dans la partie occidentale du Brabant flamand. »
Cette progression affole les nationalistes flamands, en même temps qu’elle place Jean-Luc Dehaene devant l’absolue nécessité d’aboutir à un accord qui épouserait à 100 % les thèses flamandes. Toute autre attitude serait suicidaire pour lui. Les partis flamands se regardant en chien de faïence ne lui accorderaient aucune chance d’aboutir. Il faut bétonner la périphérie !
Dans leur aveuglement unitaire, les présidents francophones veulent croire que les accords qu’ils sont prêts d’entériner ne leur feront pas perdre la face. Sans s’être concertés, ils tremblent à l’unisson d’être mis au pied du mur, sous la forme d’un ultimatum, ce qui les forcerait à agir.
La clé de l’affaire est dans la capacité des présidents francophones d’oser rompre avec le partenaire flamand en refusant l’inacceptable.
Regardez-les bien, ces présidents et cette présidente, ce sont de petites gens avec de petits moyens ! Choyés par le destin, ils ont hissé leur médiocrité au faîte d’une gloire qu’ils n’espéraient pas. Ils entendent bien en tirer parti et la gérer « en bon père de famille ». Régulièrement consultés, invités partout à donner leur avis, il leur semble que leur rôle est là, confondant la peur de manquer de courage avec la sagesse, le jour où il faudra bien taper du poing sur la table. A l’heure où ils ont réussi, ils ne vont pas prendre le risque de se remettre en question.
Ah ! si seulement il y avait une ambition supérieure à celle de faire des voix qui viendrait à l’une ou aux autres, ne serait-ce que d’avouer qu’ils ne sont pas là pour faire l’Histoire, mais pour vivre des petites histoires, et de présenter avec des excuses leur démission au peuple !
Ils refusent le combat avec les Flamands au souvenir de la défaite de Varus à Teutobourg par les Germains. Et aucun d’entre eux n’est Germanicus qui vengea les Légions.
Et pendant ce temps, la vie dans les communes de la périphérie tourne de la même manière que ce qui s’est passé dans les Fourons, sauf que là les « envahisseurs » qui ont fait l’appoint des voix étaient néerlandais et ce sont leur implantation et leurs votes aux Communales qui ont fait la différence et permis d’asseoir au maïorat le cauteleux Hub Broers ; alors que dans les Communes de la périphérie, ce sont les francophones qui font tache d’huile, avec les circonstances aggravantes pour les flamingants que des familles flamandes se mettent au français.
L’hégémonie par le nombre permet aux Flamands de prétendre que s’il est normal que des Hollandais fassent l’appoint des voix dans les Fourons, il est exclu que la langue française gagne en périphérie sur la langue de Vondel avec les Bruxellois implantés.
Il n’existe nulle part dans le monde des fortes minorités empêchées par des lois à s’exprimer et à être administrées dans leur langue, ce qui a existé évidemment par le passé. Le maire de Los Angeles est hispanisant et l’administration suit. L’anglais est devenu une seconde langue dans la région, sans que cela fasse problème. A la Knesset, malgré pas mal de députés de l’extrême droite israélienne particulièrement racistes, on y parle aussi bien l’arabe que l’hébreu en considération des députés arabisant.
Les Bretons, comme les Catalans sont aujourd’hui reconnus comme entités et ont leurs écoles et c’est dommage que nous ayons perdu le wallon à la suite d’une politique d’exclusion de la langue dans l’entre deux guerres par les autorités enseignantes, si bien qu’elle n’a plus court que dans les villages et de façon non courante. Nous aurions certainement la possibilité aujourd’hui de la réintroduire dans les études ordinaires.
Et au nom du plus grand nombre dans l’espace restreint de la Belgique, des énergumènes pourraient brimer plus de cent mille francophones, sous prétexte que la terre qu’ils foulent serait flamande ?
A Drogenbos 97,9 % des bébés apprennent le français au biberon, sans parler de Crainhem, Wezembeek-Oppem, Linkebeek, Rhode-Saint-Genèse et Wemmel.
Et Dehaene, du haut de son « expérience » d’habitant de Vilvoorde, se mêlerait de les flamandiser contre leur gré ?
Bien sûr que la Belgique est indivisible avec Bruxelles et sa périphérie francophone qui a essaimé dans le Brabant flamand, Bruxelles capitale de l’Europe en plus, à moins de pratiquer la politique imbécile de la séparation à la hache comme ce fut le cas de l’université de Louvain, coupée en deux : Leuven et Louvain-la-neuve.
Certains Flamands évoquent la possibilité d’abandonner Bruxelles et sa périphérie à l’Europe et que les Wallons aillent au diable…
Resterait quand même la frontière linguistique comme peau de banane suprême !