Obama ou Léonard ?
Le président Obama vient de faire des déclarations fracassantes sur l’irresponsabilité des banquiers. Les Etats-Unis sont dans une mauvaise passe : d’un côté les banques viennent de réaliser des profits considérables, et de l’autre, le chômage est au plus haut depuis des décennies !
Pour en donner une petite idée Goldman Sachs a annoncé, un bénéfice net de 4,787 milliards de dollars au quatrième trimestre 2009 contre une perte de 2,12 milliards un an plus tôt, dépassant les attentes des analystes de Wall Street sur ce trimestre et sur l'année 2009. Par action, le bénéfice de Goldman Sachs se porte à 8,20 dollars. Pour l'ensemble de l'année écoulée, Goldman Sachs va octroyer 16,193 milliards de dollars de rémunération à ses employés.
Le contraste est violent entre Main street et Wall street.
Jusqu’à preuve du contraire, ces résultats ne prouvent pas la bonne santé retrouvée de l’industrie américaine. Ils signifient au contraire, que les leçons du passé n’ont servi à rien.
Obama a été élu sur une promesse : la réforme de la sécurité sociale. Et cette promesse, il n’est pas sûr qu’il pourra la tenir. Et si on ajoute à cela l’effondrement de la middle class, on comprend sa sortie contre l’activisme des banquiers.
Le président craint pour son avenir politique et il le fait au vu du résultat du Massachusetts, lors de l’élection d’un nouveau sénateur après la disparition de Ted Kennedy, remportée par Scott Brown du parti républicain. Le porte parole de ce parti n’a pas manqué de saluer la victoire de Brown comme un référendum sur le projet de la sécu « S’il est rejeté dans le Massachusetts, il le sera partout. »
En réalité les démocrates perdent la 60me voix qui leur donnait la majorité absolue.
Lors de son élection, Obama avait recueilli 62 % des voix dans cet Etat, appuyé par le clan Kennedy.
Il y a quelque chose de cassé dans la dynamique du premier président Noir des States.
D’où l’exposition d’une situation anormale des banques à seule fin de donner à l’électorat démocrate le moyen de se concentrer sur un sujet de dissuasion et… oublier l’autre en cas d’échec. Cela signifie qu’Obama ne m’a pas convaincu qu’il allait forger une éthique des milieux financiers. Là aussi, il risquerait de prendre un bide.
L’assainissement du secteur bancaire avait bien été promis en Europe aussi, au moment du soutien des Etats aux banques en faillite virtuelle. Ce n’était qu’une promesse en l’air destinée à rassurer l’opinion publique !
Cet effet de manchette n’a jamais été suivi d’aucune action concrète
Les casinos financiers n’ont pas disparu.
Contrairement aux stratèges belges de l’économie qui nous racontent des craques sur le redressement aux Etats Unis et en Europe, même si le redémarrage de la croissance connaît un léger frémissement de part et d’autre de l’Atlantique, je pense que les bulles à risques, si elles se sont portées ailleurs que sur les hypothèques, n’en sont pas pour autant neutralisées. Elles constituent pour l’avenir un danger qui n’est pas négligeable.
C’est pour reprendre pied parmi ses électeurs qu’Obama souhaite revenir aux fondamentaux de l’économie, et non pas pour éviter une nouvelle concentration des lobbyiste sur le grand capital.
Pour réaliser son projet, il souhaite limiter l’importance des banques et les séparer en deux grands genres : 1. recréer des banques de détails ;
2. séparer des banques d’affaires et de gestion des actifs, des premières.
A noter que rien n’a été fait en ce sens en Europe également, malgré les analyses partagées par beaucoup, alors que le discours de Sarkozy au Conseil de l’Europe y prétendait.
Réduire les banques en taille est évidemment une bonne chose. Le tout c‘est d’y parvenir. Dès les premières heures d’ouverture de la Bourse de Wall Street, les valeurs américaines ont perdu des plumes à la suite du discours d’Obama.
En Belgique, le problème ne se pose pas en termes identiques de Washington, comme dans les pays fondateurs de l’Europe d’ailleurs, mais il est indécent devant la menace persistante de monter en tête de colonne les propos blessants de Monseigneur Léonard sur les gays et d’oublier, dans les commentaires sur le discours d’Obama, les conséquences possibles pour nous d’un nouvel effondrement des banques américaines, tant nos pays sont imbriqués dans l’économie mondiale.
On a vu nos journaux préférer l’effet à la réflexion de fond.
Avec le développement hasardeux d’une économie par manque de moyens et le développement scandaleux des banques grâce à la nouvelle spéculation, il y avait quand même moyen d’intéresser autrement le lecteur.