On n’a plus le moral !
Des fondateurs de l’Europe, le sentiment ressort d’une dégringolade générale affectant les pouvoirs d’achat et la valeur du travail, comme jamais il ne s’était vu.
Les efforts des partis pour faire croire aux populations que, le sale temps derrière nous, tout redeviendrait comme avant, ne passent plus. Dans l’incapacité de changer le cours des choses, ils entretiennent l’illusion de retourner la situation à moyen terme, et sans doute demain parleront-ils du long terme !
C’est embêtant pour l’avenir des partis acquis à la social-démocratie. Les voilà astreints à suppléer au manque d’enthousiasme, par un discours renforcé sur la confiance. La course en avant, c’est embêtant. Leur image risque de prendre un coup. Cela n’entrait pas dans leur plan de « remise à niveau » : moins d’avantages sociaux et plus de précarité dans une mondialisation destructrice d’emplois. En convenir, ce n’est pas porteur pour les futures campagnes électorales.
Ils savent bien, sans l’oser pouvoir dire qu’ils sont sur la corde raide et qu’il est plus difficile d’expliquer une régression qu’une progression.
La vague de froid qui s’est achevée la semaine dernière, en montrant la vie des SDF dans la rue, a particulièrement impressionné ceux qui – à tort ou à raison – vivent désormais avec le sentiment que la précarité pourrait les rattraper.
« Et si cela m’arrivait ? », s’inquiètent-ils ?
On voit bien à la lumière des destructions d’emplois, la raison de l’insistance de nos prévisionnistes sur l’avenir de nos écoliers. Ce n’était pas tant par souci de l’intérêt de la jeunesse qu’ils poussaient celle-ci aux études, mais pour éviter le clash entre l’offre et la demande. Ils n’ignoraient pas que le travail manuel et le travail de bureau à faible valeur ajoutée allaient fortement diminuer, aspirés par la loi des vases communicants vers des pays à bas salaires. L’Europe en s’élargissant, le marché s’ouvre, et met les travailleurs en concurrence de la pointe des pays scandinaves, aux pays du Sud. On voit que cette politique des diplômes, indépendamment du bénéfice que chacun aura pu en retirer, n’a pas permis de ralentir les pertes d’emplois. Bien des diplômés sont depuis sans travail.
Le couplet des hautes technologies et de l’avenir dans des industries de pointe ne tient pas la route pour une population de dix millions de personnes, aux aptitudes diverses et relativement stables.
Les statistiques sont là. L’hémorragie des emplois se poursuit, comme par exemple dans le secteur automobile, dans un premier temps « décentralisé » vers l’Espagne et le Portugal, dans un second vers les pays de l’Est, comme la Roumanie.
Des secteurs encore intacts, comme les Administrations et les Services publics, perçoivent mieux après la crise de 2008, le grippage du capitalisme et surtout la défenestration de toutes sortes de catégories professionnelles, qui se retrouvent à la rue avec le matériel destiné à la casse.
Une idée refait surface, celle de justice sociale qui semblait avoir perdu de son intérêt avec les progrès « éternels » du socialisme social-démocrate.
La cote d’alerte est dépassée et plutôt que s’attarder sur la capacité de nuisance du nouveau primat de Belgique, on ferait mieux de reprendre le cahier de doléance de la population, rempli jusqu’à la dernière ligne.
Pour satisfaire à la pression sur les salaires, l’Europe tolère des poches de pauvreté là où il n’y a pas dix ans persistaient des progrès sociaux. Le parti socialiste aura difficile de faire avaler ses nouvelles couleuvres de la Commission européenne.
Il faudra bien qu’il prenne position et qu’il condamne avec plus de fermeté la dérive capitaliste. Sinon, il se fera déborder sur sa gauche.
Bizarrement, si la saignée au PS reste indolore, il le doit à la montée des écologistes, parti rival, mais acquis comme lui au principe de la social-démocratie. Si bien que le PS se contenterait bien d’un va et vient de ses militants à ce parti. Plus grave serait la venue en Belgique d’un parti de gauche rompant avec la social-démocratie regroupant les mécontents, un peu comme Mélenchon est en train de le faire en France et qui pèse désormais sur le destin du parti de Martine Aubry.
Jusqu’à présent, le capitalisme s’est bien tiré d’affaire. Des bulles pourries ont explosé en 2008. Le MR n’a pas eu trop de mal a décidé le PS de partager la même analyse et la nécessité d’avancer de l’argent aux banques à court de trésorerie. Il semble que les objectifs du MR restent inchangés et que son ambition est toujours de centraliser la planète sur Wall Street.
Les idées de justice sociale et d’égalité ont été jusqu’à présent stoppées à l’aide de la politique libérale et de la pauvreté des programmes contradictoires. La vassalité du PS est criante.
La nouvelle gauche si elle devait chasser l’autre aurait pour mission urgente de sauver ce qui peut l‘être de la solidarité et de la sécurité sociale, avant de reconstruire une industrie contrôlée par l’Etat touchant aux moyens de communication et d’énergie, afin de garantir l’avenir et la sécurité de la population.
Le repli de la justice sociale sous l’emprise de la social-démocratie doit s’arrêter au plus vite. Sinon, il faudra s’attendre au pire et à d’affreux déchirements.