Sur la piste des savanes…
A la crise bancaire internationale, le gouvernement n’a tant célébré la solidarité avec les travailleurs des banques qui allaient perdre leur emploi, que parce qu’il volait au secours des banquiers.
Aujourd’hui que l’on manque d’argent et que nous allons devoir nous serrer la ceinture, la politique nous enseigne qu’il y a une chose plus difficile à faire que des promesses, c’est de les tenir.
Il serait logique, après le moment de panique des officines bancaires, qu’une fois ressaisies, elles contribuassent à combler le trou qu’elles ont en partie creusé avec leurs produits aléatoires et toxiques. Mais la logique quand il s’agit de pognon n’est vraiment suivie que lorsque l’adversaire est de taille. Hélas ! pour nous, l’Etat ne l’est pas vis-à-vis des banques. C’est même horripilant qu’il y ait un Etat quand on n’a pas besoin de lui. Tous les économistes vous le diront sur la mondialisation, moins il y a d’Etat, mieux se portent-ils. En Belgique même, cette théorie est défendue par Louis Michel et en général par tous les boute-en-train de l’ultralibéralisme.
Alors, vers qui se retourne-t-on pour boucher les trous ?
Ne répondez pas tous à la fois.
Avant le krach, le plan Marshall allait régler la question du rattrapage avec la Flandre. Di Rupo promettait une ère de prospérité. Il s’était planté sur quelques grands projets, dont celui mémorable de Francorchamps. Mais bon, il fallait bien faire vivre l’hôtellerie spadoise et les écolos ne critiquaient pas trop les gros cubes qui brûlent cent litres d’essence au cent km.
Quelques bévues plus loin, le rapport qualité prix du plan était encore à faire.
Et puis voilà la crise ! Heureux dénouement du plan Marshall, ainsi plus personne n’aura des comptes à rendre, la crise était imprévisible ! Les économistes ne savent prédire avec plus ou moins d’exactitude que ce qu’ils vont gagner à la fin du mois, pour le reste…
Les électeurs ne sont pas aussi cons qu’on les suppose.
Les diplômes ne servent pas uniquement à se prévaloir des places à critères. Ils servent aussi à prendre les gens pour des imbéciles, sans paraître prétentieux.
Même les excités de la carte de parti, tous s’attendent plus ou moins à être trompés par les partis politiques. Fataliste comme un Turc, ils se disent que c’est inévitable. Ils en arrivent même à le souhaiter.
Ainsi, plus nous perdons nos illusions rapidement, plus il nous en vient de nouvelles, toutes plus accrocheuse, brillantes, des vraies promesses d’un Louis Michel qui serait devenu intelligent.
Ils ne savent pas les gens que dans ce fichu pays, gouverner, c’est mécontenter le plus grand nombre afin d’intéresser ceux qui consentent à laisser leur pognon dans les banques belges, plutôt que les investir au Brésil ou aux îles Caïman.
On sent que le gouvernement a voulu nous faire plaisir, mais qu’il ne le peut pas. Il doit rendre des comptes à des instances qui ne sont pas les nôtres, à des sortes d’intermédiaires entre l’Europe et Wall Street… une démocratie bis, dans le secret des bureaux et des alcôves !
En cherchant bien, il y a bien une petite chose qui nous ferait plaisir.
Puisqu’on en est à grapiller le moindre centime laissé au hasard, il serait intéressant de baisser la masse salariale de tous les mandataires publics d’environ 10 % modulable selon les grosses ou les petites rémunérations, de limiter les traitements des hauts fonctionnaires et autres chefs de cabinet et de réduire les salaires des patrons de la poste, des chemins de fer et des parastataux.
De l’argent, il y en a. Ce n’est pas très courageux d’aller le chercher là où les gens ne savent pas se défendre, alors qu’ils devraient crier « au voleur », ils se laissent dépouiller facilement.
C’est peut-être aussi pour ça ?