Match exhibition à la RTBF
Comment organiser un débat avec des gens qui sont à peu près du même avis ?
C’était « l’exploit » de la RTBF de ce dimanche.
A ma droite : Xavier Baeselen, secrétaire politique du groupe MR à la Chambre, échevin à Watermael-Boitsfort et animateur de la télévision libérale MRTV, député fédéral.
A ma gauche : Yvan Mayeur, assistant social, Président du Centre Public d’Action Sociale de Bruxelles et député fédéral PS.
Thème : le chômage.
Question : que doit-on faire avec les chômeurs de longue durée ?
Réponse : les accompagner.
Fin du combat.
L’arbitre a renvoyé les deux champions dans leur coin sans désigner un vainqueur. On suppose que c’était un match exhibition, savoir qui est le meilleur est sans objet.
On en serait resté là si le temps de ce débat n’avait été que de 30 secondes, mais comme le suivant portant sur l’explosion d’une maison de la rue Léopold à Liège n’avait lieu que dix minutes plus tard, il fallait bien traîner les pieds sur celui-ci.
On est resté sur le ring à bavarder dans le calme et la bonne humeur.
Mais quand donc finiront ces pantalonnades ? Le public écarquille les yeux, ne comprend pas où se situe le différend et voudrait sans doute entendre des gens qui sortent de la pensée unique !
Bon, ne chipotons pas, il y eut bien quelques échanges pas bien méchants sur la manière d’exclure les chômeurs qui « ne font aucun effort pour retrouver du travail ». « Mais comment le pourraient-ils, ces malheureux, dans un temps de liquidation des entreprises qui se délestent de leur personnel, avant de mettre la clé sous le paillasson ».
Et puis, il fallait bien que l’on pût faire la différence entre un MR et un PS.
Le soir, sur la Cinq, à l’émission C-politique, Daniel Cohn-Bendit répondait à Nicolas Demorand à peu près à la même question « Sarkozy prétend faire travailler plus, pour gagner plus. Plus de 2 millions de chômeurs en 2010, avec un million de chômeurs en fin de droit, pour lesquels il faudra bien trouver autre chose. Les 35 heures de Martine Aubry répondaient à cette préoccupation majeure. Il faut même descendre en-dessous des 35 heures, mais je suis d’accord avec vous, le système ne le permet pas. Alors changeons-le ! ».
Il semble en Belgique, comme en Sarkozye, que nous sommes décidés à ne jamais réfléchir qu’à l’intérieur du jeu d’ombres qu’est le système économique actuel. Il est impensable que l’on puisse avoir la moindre idée de faire autre chose. Il faudra attendre quoi ? Un cataclysme économique plus éprouvant que le krach de 2008 ? Que Big Brothers ait raflé toutes les mises du Monopoly et ne sache plus jouer avec personne ?
Nos hommes politiques partagent la même conviction que Sarkozy et comme tous les autres chefs de gouvernement de l’Europe : le capitalisme est le meilleur système au monde, il ne reste qu’à le moraliser.
Les deux sur le plateau pensaient d’abord moraliser les chômeurs. Le reste n’est pas leur affaire.
Vous espérez vivre autrement ? Vous ne pouvez pas. En Absurdie, les rêves sont interdits.
Alors, vous vous imaginez !... à la télévision nationale, la mission c’est de recueillir l’opinion moyenne bien décantée dans les bassins d’orage que sont les journalistes.
Puisqu’il n’y a pas d’emplois pour tout le monde et que cette situation risque d’empirer, alors rassurons l’opinion publique. Les chômeurs de longue durée sont pris en chasse par Milquet et sa bande. Capturés par les contrôleurs, ils passent devant un tribunal improvisé sous l’escalier de service et se retrouvent au CPAS, où là, la chiourme peut à l’aise les tourner et les retourner sur un grill plus performant.
Le CPAS offre l’immense avantage de sortir le chômeur de la statistique, de défrayer ses loisirs forcés d’un peu moins qu’une allocation pour une perte d’emploi, en outre, il offre la possibilité de récupérer l’argent versé sur les biens ou les parents directs.
Au consensus profond, nos deux « puncheurs », sont entièrement d’accord sur le manque d’accompagnement qui fait défaut au FOREM.
« Accompagnateur social » que voilà un métier d’avenir !...
Xavier reste sceptique sur un replacement dans les métiers en pénurie avec l’aide des accompagnateurs, attendu que ce sont souvent des métiers à long apprentissage.
Si ça continue, il n’y aura plus que la moitié des gens à travailler.
Pas de problème, que la moitié qui travaille accompagne l’autre moitié qui ne travaille plus. Il suffira de couper les salaires en deux pour contenter tout le monde !
Pourquoi tout cela est-il mou, un peu compassionnel, un rien cynique, mais mou ? Sans doute parce que la déchirante crise économique n’a pas entamé l’amour profond qui attache les consommateurs au capitalisme et que les chômeurs avec les autres acteurs y trouvent encore un intérêt. A la RTBF – comme à RTL – on ne raisonne pas autrement.
Commentaires
Miroir, miroir, dis moi qui propage le plus de mensonges dans le pays.
Miroir, miroir, , c'est toi (RTBF, RTL, ...) et des milliers t'écoutent....
Postée le: Hermione | février 1, 2010 07:55 AM
J'aime bien l'effet "question, réponse, fin de combat". C'est du plus beau style. En changeant de sujet, en ce qui concerne l'accompagnement des chômeurs, il est édifiant de constater que les Représentants qui votent les lois soit aussi bien informé... Proficiat.
Postée le: lecteur assidu | février 1, 2010 09:14 PM