Déontologie du tiroir-caisse.
C’est parfois bien pratique de n’être rien. On écrit ce que l’on pense sans arrière pensée de gloire ou de profit, ça fait sourire ou bailler le lecteur, puis on en reste là, tel un programme de télévision, on l’a regardé, sans plus, on a passé le temps.
A d’autres moments, on se demande si une opinion contradictoire à l’opinion des « Grands » sert à quelque chose ? De toute manière, sans rien écouter, ils donnent l’apparence de savoir ce que nous voulons, même si c’est le contraire de ce que nous pensons. Les médias l’interpréteront comme ayant valeur représentative du nombre.
On ne peut plus rien fonder sur les propos que les « Grands » tiennent, parce que ce ne sont que des propos « conservateurs », c’est-à-dire « raisonnables ».
Qu’est-ce qu’un propos raisonnable ? C’est une « logique » découlant d’une situation avec des chiffres, des usages et des règles qui ne tient nullement compte des aspirations à autre chose et surtout pas à des propositions propres à sortir du cadre conventionnel. Bref celui qui tient des propos raisonnables a horreur d’entrer dans une spéculation imaginant un autre avenir que celui que les « grands » nous destinent. Les plus fortiches à ce petit jeu sont les économistes, les moins pourvus d’imagination qui soient au monde !
Les paramètres intégrés de nos économistes, comme ceux de Michel Jadot, Henri Bogaert et quelques autres, sont ceux d’une société conservatrice, une machine qui n’a pas l’intention de changer quoi que ce soit des économies et des rythmes financiers du néo-libéralisme, qui n’est pour eux que l’évolution logique du libéralisme.
Si on les comprend bien, ils ont intégré le néo-libéralisme comme s’il n’était question que d’une mutation naturelle, afin de nous l’appliquer, de nous y assujettir.
A y regarder de près, ils sont alors, face au système, aussi « petits » que nous le sommes par rapport à eux. Ils regardent leurs dossiers sur lesquels en élèves appliqués ils ont fait leur devoir, inscrit leurs petites règles, et ils n’osent lever les yeux sur ce qui les dépasse. Leur petitesse, leur misérabilisme, à cet égard, ils voudraient nous les faire partager !
Or, nous ne jouons pas dans la même catégorie. Ils sont des intermédiaires, gagés en bons domestiques de la maison libérale, et nous, nous sommes les victimes.
Alors… Messieurs des Médias permettez de ne pas être d’accord avec vos sélections et préférer la voix des petits à celle des grands !
A cette lumière s’éclaire la démarche du journaliste Vincent Rocour interviewant Michel Jadot, récent pensionné, illustre ponte dans le socialisme de collaboration et augure de la pensée officielle.
Le journal nous donne à lire le discours raisonnable grâce auquel notre esprit borné sera satisfait.
A quoi sert finalement de nous livrer la pensée d’un homme d’une autre sorte ? Il ne pourra influencer aucunement le ras des pâquerettes !
Ce qui se passe en Grèce pourrait nous éclairer.
Les dirigeants de ce pays tentent de persuader la population qu’elle est responsable de la crise et qu’il faut se serrer la ceinture. L’angoisse venant d’Athènes est perceptible. Et s’ils se rebellaient ? Si ceux qui survivent avec moins de mille euros n’entendaient pas survivre avec cinquante euros de moins ? Si les petits ruisseaux ne faisaient plus les grandes rivières et que détrousser les petites gens devenait risqué ?
Alors le Jadot a sa place toute trouvée dans la gazette. C’est un ballon d’essai. Une manière de savoir quelles seront nos réactions quand on arrivera au bout d’un bilan – peut-être même dès celui de 2011 de Wathelet – à se retrouver dans la situation des Grecs ?
Tout s’explique, depuis que Daerden nous assure que le budget des pensions a été trouvé jusqu’en 2015, le « couillon » Daerden, dit Jadot au journaliste, regrettant les cinq années garanties pour des pensionnés que Bogaert et lui voyaient déjà contributeurs à l’effort national.
Sans être complices, ces gens se sont entendus sur le principe !
A quoi bon faire des projets souvent incompatibles et dangereux, alors que le système conduit tout naturellement à l’appauvrissement général ?
Alors, messieurs de l’économie, que vous m’écoutiez ou que vous ne m’écoutiez pas, que ma voix compte pour des prunes et la vôtre équivaille à un lingot d’or fin, qu’on clame votre génie dans toutes les gazettes ou que vous couliez des jours heureux dans une retraite sur la cote d’Azur, j’affiche à vous entendre un dédain aussi visible que celui que vous me prodiguez. Nous ne sommes pas faits pour nous entendre et encore moins nous comprendre.
Un jour nous nous heurterons, non pas de moi à vous, mais entre vos polices et nous. Comme vous raisonnez, c’est inévitable. Que ce soit demain ou dans dix ans, cela arrivera.
Alors, gardez vos salades pour vous, pour votre petit comité de sages, vos institutions, vos programmes électoraux et vos discours. Vous puez la collaboration. Sans le savoir, vous rejoignez ce qu’il y a de plus méprisable dans l’homme : son suivisme et son adoration du pouvoir. Vous êtes l’élément de base de tous les fascismes !