Un pilier de brasserie.
On connaissait les piliers de brasserie, contre lesquels le ministre des pensions Michel Daerden s’est appuyé bien des fois à l’issue d’un match heureux du Standard.
Voici les piliers de l’hospice. Nouveaux piliers issus du compromis entre les piliers de l’abbaye de Thélème et ceux du ministère des pensions.
Un pilier seul, c’est une colonne. Il ne soutient rien, parfois un stylite y élit domicile à son sommet, le temps d’une publicité. Jean-Mi Javaux en souhaite l’installation tout au long de la chaussée de Huy jusqu’à son domicile pour stimuler les vocations religieuses.
Trois piliers, c’est le tripode de Michel Daerden. Le gaucher contrarié s’y entend en langage maçonnique. Pour une fois, il rompt le mutisme qui entoure les Loges pour expliquer les trois *** qui soutiennent le chapiteau de son petit livre vert.
Premier pilier : augmenter de 3 ans l’âge auquel la majorité des gens prennent leur pension, cela aurait un impact considérable sur le financement du système”, a-t-il déclaré. Mais, c’est un faux pilier, ou un pilier en trompe-l’œil. Quand on s’appuie dessus, on passe à travers. Aussi, le ministre n’en veut pas afin de conserver sa haute cote de popularité à Ans.
Le 2e pilier, la pension complémentaire constituée par l’employeur, est des plus classique. C’est le pilier des Maisons du peuple, sur lequel à côté de l’extrait de la loi sur la répression de l’ivresse, le tenancier du troquet a écrit « La maison ne fait pas crédit. Les riches n’ont qu’à payer ».
Enfin, le troisième pilier est à construire de la main même des travailleurs experts en truelle et fil à plomb. Il devrait être le plus solide, sauf que les bâtisseurs manquent terriblement de moyens en cette période de crise. Qu’à cela ne tienne, Michel pense les inciter à travailler plus longtemps, par son exemple, la pêche qu’il a à 61 ans ! C’est qu’il les connaît, ses paroissiens, cet ancien réviseur des communes socialistes assottées de lui . Il espère éviter que les travailleurs veuillent reprendre leur oseille trop tôt. Et donc qu’ils cessent de travailler, alors qu’ils pourraient encore tirer deux à trois ans facilement !
Hein ! il sait le bon peuple radin, papa…
Entre deux habitués, Michel a écrit trois cents pages serrées au comptoir « des trois piliers ». Le patron Leterme en était le premier surpris.
Les trois cent feuillets font état de milliers de piliers partout en Europe. C’est encore les trois nôtres que Michel aime le mieux de la forêt.
Ce n’est un secret pour personne, Daerden est vieillissant, à 61 ans, dans le privé on est un homme fini ; dans l’administration, il y aurait un an qu’il planterait ses choux, avec un bon mandat parlementaire, il peut encore tenir dix ans, peut-être y fêter ses 100 ans ! Ce fin observateur de son nombril s’est donc convaincu que la population qui a pris de l’âge en rapport avec le sien, pourrait bien se farcir une petite rallonge, puisque lui reste fidèle au poste. Il ne pense pas une seconde qu’il ne parle pas de la même chose quand il compare son « travail » avec celui des autres.
Il dit bien un peu de la pénibilité du travail dans son livre vert, mais c’est plutôt du sien qu’il s’agit et non pas de celui d’un métallurgiste. Il est comme ça, Michel, l’âge ne le changera pas.
Eric Woerth, le nouveau copiste français des pensions belges, lui a rendu hommage en piquant quelques unes de ses idées.
Michel plaît au peuple par sa faconde et à la droite par son opinion politique, qui dit mieux ?
Malgré les excès que Daerden nous recommande par son exemple, afin que les vieux n’exagèrent pas, l’espérance de vie augmente. Son ami Reynders l’a bien compris, puisqu’il vient de libérer le prix des cigarettes en espérant que la baisse escomptée va baisser aussi cette fichue espérance de vie. Milquet qui, de son côté, tente de réduire aussi l’espérance de vie du chômeur a failli s’étouffer en mangeant son pur Baltique Petrossian à la louche. C’est alors que Jean-Mi Javaux, le seul socialiste écolo, ennobli par ancienneté du Patro, s’est souvenu qu’en Belgique la libération des prix a toujours été l’occasion de leur augmentation. Donc le prix du paquet de clopes en augmentant grâce à la concurrence devient un prix écologique, libère Reynders du soupçon de propager le cancer, mais n’apporte pas de l’eau au moulin de Daerden sur la longévité excessive des seniors.
Dans le rapport Daerden, il y a un pensionné pour 4 actifs, en 2010… D’ici à 40 ans, en 2050, ce sera un pensionné et trois chômeurs pour un actif. Cela amène forcément une réflexion sur le financement des pensions futures. Le rapporteur promet une tournée générale à ceux qui auraient des idées pour quand il y aura cinq pensionnés pour zéro actif ; et qu’il faudra aller raconter au FMI et à Angela Merkel qu’on a besoin d’argent. Comme à ce moment-là Daerden sera centenaire, il ne sera plus probablement aux affaires, mais dans la rue pour réclamer une augmentation des pensions.
Au bar « Les Trois Piliers » d’Yves Leterme, il y a des pistes, c’est celle de danse que Michel préfère. La piste de réflexion, il a tout écrit dans son livre vert.
C’est simple, « il faut privilégier l’augmentation du taux d’activité pour les 55/64 ans.” En Belgique, “le taux d’emploi des travailleurs de plus de 55 ans reste largement insuffisant.
D’autant qu’avec un taux de chômage qui atteint 15 à 20 % de la population active dans certaines communes, le taux d’emploi des travailleurs de moins de 55 ans est aussi trop peu élevé.
Le patron du bar est d’accord. Il fermait à deux heures du matin, à partir de demain, il ira jusqu’à quatre heures.
-Garçon !... un double… C’est qui le vieux qui dort un coude sur un livre vert ?
-Michel Daerden.
-A 61 ans, il n’est pas pensionné ? Il y pense, au moins ?
-Au contraire, il pense plutôt aux prochaines élections.
-Ah ! la vache…