BHV, le retour de Nessie !
On attend qu’au son de la trompette des Derniers Jours, Jean-Luc Dehaene, banquier et démineur, dépose ses considérations sur le cancer des os qui ronge la Belgique : BHV.
Faut-il préciser aux derniers pointages que la N-VA progresse au point que l’on peut croire que s’il y a un plan Dehaene, il ne soit déjà fortement compromis avant d’en avoir effleuré la première page.
Les déclarations de Bart De Wever, concernant les bourgmestres « rebelles » de la périphérie selon lesquelles ils ne seraient jamais nommés, donnent à penser que les partis nationalistes finiront par l’emporter et entraîner la Flandre dans une indépendance totale, accréditant ainsi la dérive nationaliste à tendance fasciste qui semble avoir la peau des partis modérés.
Pourquoi cette « solution finale » à partir de ce qu’on pourrait appeler les rodomontades de Bart De Wever, qui, pour certains observateurs, sont de l’ordre de la gesticulation ?
Parce que cette position farouchement antidémocratique, « populiste » diront certains galvaudant le mot, empêche toute reculade de la N-VA, mais aussi bloque tout effort de conciliation du CD&V qui aurait cédé sur cette revendication essentielle pour les négociateurs francophones, en acceptant des contreparties et qui ne le peuvent plus qu’en prenant le risque de se faire sanctionner par l’électeur flamand.
On en est à espérer négocier sur un déni démocratique que constitue la non-nomination des trois bourgmestres. Comble des combles, si ce qui allait de soi ne se faisait pas, on se demande bien à part une plainte déposée à Strasbourg devant une juridiction européenne, que pourraient faire les Francophones sinon claquer la porte !...ce qui réjouirait Bart De Wever qui n’attend que ça, le pays devenant ingouvernable.
Reste l’Europe. Que peuvent faire les pays associés devant un non respect des règles démocratiques d’une région rebelle, presque entrée en dissidence ?
Rien ou presque, des simagrées de conciliation, des protestations polies ?
On se trouve presque en 1939, quand l’Europe conciliante adressait des « messages » à Monsieur Hitler, jusqu’à revenir avec Daladier d’un voyage en Allemagne avec un « accord » qui n’était qu’un chiffon de papier et qui fit qu’on assista au début d’une série de tromperies débouchant sur la guerre, finalement, celle que l’on crut éviter à force de bonne volonté et de conciliation.
Les Flamands sont dans le même cas de figure. Ils ont tort ailleurs devant l’opinion européenne, mais ils sont maîtres chez eux d’avoir tort. Ils participent à toutes les manifestations dans le monde afin de promouvoir les droits de l’homme, mais ils n’appliquent pas chez eux ce qu’ils préconisent ailleurs.
Il n’y a aucune police européenne à leur faire entendre raison par la force s’il le fallait, parce qu’elle n’existe pas et qu’il ne se trouverait personne pour y mettre ses policiers.
Reste les blâmes collectifs, les admonestations polies, quant aux mesures coercitives elles n’existent pas, sauf celle de l’exclusion de l’Europe. Il ne faut pas rêver, tant la Hollande et l’Allemagne s’y opposeraient.
Avec les carriéristes que nous avons à la tête des partis qui vont participer aux discussions futures sur le nouveau pacte fédéral, la seule issue est celle d’une défaite des Francophones battus en rase campagne par la pusillanimité des Di Rupo, Milquet, Reynders et Javaux, acceptant tout à l’avance, mangeant leur chapeau s’il en prenait la fantaisie aux gens d’en face.
La suite est peut-être mieux connue par extrapolation, ce sera la révolte des francophones de la périphérie et l’éclatement du parti de Maingain.
On sait que l’électeur qui perd ses repères n’est pas un homme lucide. La dissidence en termes de suffrages, c’est du n’importe quoi. En l’occurrence, le n’importe quoi serait le refuge dans un parti du genre Modrikamen ou à une autre forme de résistance nationaliste de minorité, contre un nationalisme flamand vite emballé et capable d’excès comme on a vu dans les Fourons et à d’autres occasions dans les Communes « rebelles » de la périphérie bruxelloise.
L’échec des négociations conduiraient à l’impossibilité d’organiser des élections. Elles seraient reconnues par la Flandre et déclarée illégales par le reste du pays, puisque la réplique flamande à l’échec, serait de scinder unilatéralement BHV et réduire à un chiffon de papier les Lois de la Constitution.
Quoique pris en particulier le Flamand soit une personne charmante, attachante et somme toute comme peuvent l’être les gens de bonne compagnie de n’importe quelle origine, attachée à l’altérité, voire même à l'empathie devant certaines souffrances ; mais, collectivement, on dirait que le siècle de mépris des Francophones à l’égard de la langue flamande leur remonte du fond des tripes les empêchant d’être eux-mêmes, brusquement engagés dans une psychologie des foules que seuls les exaltés conduisent par la brutalité des méthodes et l’absence de toute humanité envers ceux qui ne sont pas de leurs causes, en clair « qui ne parlent pas flamand ». Alors, c’est le Moyen-Âge et aucun raisonnement moderne n’est possible.
Nous saurons dans moins d’un mois, si nous revivrons la bataille des Eperons d’or en grandeur nature et dans la rue ou si ce sera sur un écran de télévision, chez soi et en pantoufles.