Vous avez dit ÉLITE ?
Pour écrire sans froisser les susceptibilités et en choisissant les mots pour tenter d’y voir clair : mais quel a donc été le rôle des universités par rapport à la réalité du terrain, pour qu’aujourd’hui autant de misère sociale échappe à leur compréhension ?
L’inadéquation entre un enseignement qui survalorise les logiques abstraites et ce qui se passe dans la rue et dans les lieux de travail est proprement hallucinante.
Ces propos ont un rapport avec la logique des Télécom-France appliquée à des hommes et qui a poussé certains d’entre eux au suicide, mais pas seulement.
En réalité, ce qui est possible sur le papier ne l’est presque jamais dans la réalité sans d’importants correctifs donnant la priorité à l’humain. Pourquoi cette société si individualiste ne tient-elle pas compte des individus qui produisent ? Parce qu’ils sont niés au départ dans les spéculations intellectuelles, comme ils sont niés dans les entreprises, quand ils ne sont pas considérés comme de véritables entraves à la spéculation.
On reste sans voix devant l’incapacité des gens issus des meilleures formations à prendre en compte les hommes qui font la prospérité d’un pays.
Cette criante incapacité vient de l’enseignement dans sa déduction hypothétique : une machine implacable de productivité, même si le planning intègre l’aspect social presque toujours borné au seul fait de l’emploi.
Résultat, le réel n’est plus perçu pour ce qu’il est, mais comme une résistance « au progrès », un obstacle que l’université apprend à vaincre par les projets « de ceux qui savent ».
Perdus sur des graphiques, attachés aux références des meilleures écoles, ceux « qui décident », ne voient que le profit et la satisfaction des clientèles.
Les universités captent encore le vécu, mais hors des sciences économiques, c’est-à-dire dans des sections médicale et philosophique qui n’ont aucun rapport avec les premières, sauf dans le domaine des réparations des dégâts que les sciences économiques et l’ingéniérie laissent derrière elles.
On ne peut étudier les contraintes que sur le terrain, derrière les machines à exécuter les tâches fastidieuses et répétitives que la parcellisation induit. Ensuite, en tirer les conséquences après la journée de travail à se reconstruire, dans la réparation des heures « perdues ».
Dans une société incapable de discerner les possibilités des êtres humains, le diplôme est une manière d’abdiquer la prétention de donner à chacun la place qu’il mérite, d’où l’incroyable sottise de certains aux postes les plus enviés, et la rage froide des autres condamnés à la servilité muette.
Le maître mot est de « faire des études », non pas celles qui correspondraient le mieux au désir que l’on a de s’intégrer par un travail souhaité, mais celles qui procureraient le plus d’argent par le plus de débouchés, étant entendu que les professions libérales restent l’objectif suprême, pas pour l’intérêt de faire qu’elles représentent, quoique cet objectif entre pour beaucoup chez certain, mais pour y jouir des privilèges accordés par d’anciens sentiments d’appartenance de classe et d’y obtenir des rémunérations le plus souvent usurpées, celles-ci ne résistant pas à l’examen des différences d’une capacité de faire à une autre.
Ainsi la société duale que nous créons, reste en sa partie supérieure acquise à l’université, très homogène. Ceux qui s’en prévalent viennent du milieu social adéquat. Ils ont gravité dans le même système global et tiré les mêmes conclusions sur la nécessité du travail, du management et du savoir-faire pour la prospérité d’une société libérale. Ils sont issus des mêmes filières d’excellence. Le parcours atypique chez eux serait celui de l’adolescent « inapte » aux études, non pas parce que d’intelligence faible, mais attaché à une autre forme d’aptitudes, une originalité qui se paie dans ces milieux par la mort sociale.
Les études finies, les diplômés trouvent naturellement à s’employer de façon « adéquate » dans le privé, l’administration ou la politique. Ils atteignent souvent un bon revenu endéans les cinq ans.
Certes, on vous donnera en exemple des sujets « partis de rien » ; mais il s’agit bien d’exceptions, cités fort à propos pour vous empêcher de réfléchir.
Ceux qui réussissent dans les pouvoirs publics et dans la politique sont exactement formés de la même manière que ceux qui font tourner les usines
Etonnons-nous d’être partout les dindons.
Commentaires
Je m'étonne que de nouvelles connaissances puissent encore naître aujourd'hui malgré les universités
Postée le: Hermione | avril 19, 2010 09:20 AM