Xavier Baeselen, sheriff.
Bien entendu, il fallait que cela fût un MR pour ajouter, à la pile de lois et propositions de lois que les gouvernements pondent, afin de faire croire aux citoyens qu’ils existent, un petit ajout supplémentaire, qu’on dise dans les milieux judiciaires « C’est l’article de chose, enfin tu vois ?… Baeselen. »
En l’occurrence, dans l’aventure du sentiment de puissance qui s’empare des hommes de pouvoir quand ils pensent à nous, c’est pour équiper d’un garrot de plus le catalogue « répression ».
Xavier Baeselen MR ne pouvait donc qu’y déposer son petit nœud coulant.
Sa proposition de loi alourdit les peines prononcées envers les émeutiers reconnus coupables d’atteintes « aux immeubles et meubles de la force publique ou des services de secours. »
Vu de cette manière, on pourrait dire « c’est mal de s’attaquer aux casernes des pompiers et aux commissariats de police », donc Baeselen n’a pas tort ; mais, d’une autre manière, on se demande si le commerçant qui voit sa façade souillée et le particulier à qui on casse les carreaux et brûle la voiture ne vont pas de ce fait devenir des victimes de seconde zone et si, dans le cas des émeutiers connaissant les lois, il ne vaudra pas mieux casser la machine à écrire d’un péquenaud, plutôt que celle d’un flic !
Il ne faut pas se leurrer, les lois répressives n’ont jamais servi qu’à accroître le fossé qui sépare l’Etat, des citoyens.
Voyez le bide du projet de loi Monfils sur la protection de la propriété artistique qui voudrait qu’Internet devienne, comme en Chine, un délateur au service de l’Etat.
Pour son collègue apprenti législateur, c’est pareil.
Non seulement, on ne peut rien résoudre par l’épouvantail que l’autorité agite face à des voyous ou tout simplement des citoyens en colère ; mais encore les peines aggravées n’ont aucune signification au point de vue pénal puisqu’on ne va plus en prison en-dessous d’une peine de trois ans et qu’il faudrait dès lors condamner un émeutier à au moins dix années pour être certain qu’il en fasse une ou deux. Quant aux incendies allumés de nuit, il n’y a pas besoin d’en ajouter, puisqu’ils sont passibles de la Cour d’Assise et donc peuvent valoir jusqu’à 30 ans de réclusion.
Ne risque-t-on pas d’aboutir à une société qui condamnerait un prédateur nocturne à 20 ans, quand des escrocs naviguent dans les bourses et les systèmes financiers mettant sur la paille des centaines de milliers de personnes, créant crises et chômages massifs, et qui n’ont pratiquement jamais des comptes à rendre ailleurs qu’à leurs actionnaires ?
Par contre, Baeselen est un petit malin. Il se dit en voyant les bijoutiers qui font la une de l’actualité, qu’il y a là une mine de popularité à creuser. Alors il creuse, le MR. Peut-être même que cela lui fera des voix de plus.
Enfin, le gros du public qui ne réfléchit pas plus qu’il ne faut, pourrait se dire que c’est une solution de coller quelques années de plus à des voyous qui emmerdent tout le monde après dix heures du soir dans les cages d’escalier des maisons de commune.
Bien sûr, nous allons vers des affrontements de plus en plus graves et des agressions de plus en plus violentes ; mais, ne conviendrait-il pas de se pencher sur les causes de la dégradation de la sécurité ?
Ne serait-il pas plus avisé d’observer les faits en amont de la dérive et s’attacher à la prévention ?
Est-ce bien malin de saler l’addition sans rien faire d’autres et en pensant que cela suffira, alors que les prisons refusent du monde ?
S’en prendre aux violents commande à savoir pourquoi ils le sont devenus. L’ambiance délétère doit y être pour quelque chose.
Quoique tout ne soit pas dans le creuset social, il s’en faut, l’absence d’un exemple venu de haut – un voleur de pommes est une crapule, certains banquiers délinquants sont des héros – manque cruellement. Et pour cause, comment décerner un prix de vertu à une société qui prône l’individualisme forcené et qui étale dans ses vitrines les mille et un gadgets de la consommation dont les masses seront toujours avides, tout en n’ayant accès qu’aux ersatz ?
Qu’est-ce qui ferait qu’on aurait du respect pour Baeselen : qu’il s’inscrivît et payât de sa personne dans une réforme « vertueuse » du consumérisme, pardi !
Or, ce sont les partisans de la mondialisation qui proposent des lois uniquement destinées à réprimer. Ils le font sans même avoir la décence de convenir que l’époque est au crime parce que leur système en est un.
Qu’ils ne s’étonnent pas qu’on les soupçonne d’imaginer des lois pour leur seule protection.
Ce MR est un petit rigolo, il n’est pas le seul, Onkelinx est entrée dans la spirale des lois « répressives » bien avant lui, allant jusqu’à prétendre dire aux citoyens ce qu’ils doivent avoir dans les tiroirs « pour faire peur » à des visiteurs aux intentions criminelles.
Il est vrai que l’on a les législateurs qu’on mérite et que notre seul amendement possible est de déposer dans l’urne un projet qui ne leur soit pas favorable.