Ça ira bien jusqu’au 13 juin… après !
Nos mandataires sont devenus d’une rare gentillesse les uns envers les autres. Serait-ce que leur situation par rapport à leurs électeurs les incite à la solidarité de parti à parti, plutôt que solidaires avec les gens qu’ils sont censés représenter ?
Leurs intérêts particuliers pourraient être menacés par les « nécessaires » coupes sombres qu’il va falloir opérer au nom de la rigueur… après le 13 juin.
Leur vision corporatiste de la profession d’élu va-t-elle voler en éclat ?
La proposition Javaux d’alléger de 10 % les personnels des ministères pourrait être relayée par un « traître » qui proposerait une réduction, par exemple, de 10 % de la masse salariale des élus !
Pour peu que les médias relaient la nouvelle, vous voyez d’ici leur difficulté à prendre le contre-pied de l’opinion ?
La comédie de la rigueur, qui ne ferait pas de mal aux gens, est en lever de rideau ; mais personne n’y croit. Comment faire des économies sans prélever quelque chose quelque part ? A ce jeu, ce sont ceux qui ne savent pas se défendre, c’est-à-dire les plus faibles, qui paieront pour les autres.
Ce qui empêche de saigner la population comme en Grèce, ce n’est pas notre « meilleure » situation, ce serait plutôt l’avis des économistes qui disent que serrer la ceinture des gens, c’est condamner à coup sûr la légère reprise de la croissance.
Or, les Européens, pas seulement les Belges, vivent toujours dans un monde de l’avant 2008. Ils n’ont pas encore compris que leur vision du capitalisme était tout à fait obsolète. Alors, qu’ils préconisent des remèdes vieux de 25 ans, le capitalisme a évolué et se présente telle l’image que l’on se faisait des communistes du temps de Staline : le couteau entre les dents, au point d’affoler ceux qui croyaient tout savoir de l’âme usurière. .
Nous n’avons plus affaire à une crise classique. Nous avons affaire à une dépression durable qui nous conduit vers une pénurie mondialisée, soit organisée par les spéculateurs, soit irréductible par l’épuisement des ressources minéralogiques, l’émergence de certains pays et l’exponentielle prolifération humaine.
Les mesures actuelles pour la sauvegarde de l’euro et le sauvetage de la Grèce, à peine étaient-elles prises et alors que les milieux d’affaires poussaient des « ouf » de soulagement, les attaques contre la dette grecque repartaient, en même temps que celles contre l’euro.
On avait simplement gagné du temps avec le méga projet de milliards d’euros de réserve.
D’ici le 13 juin, il est difficile d’expliquer ça aux gens ; car, en l’expliquant, il devient inévitable de parler de la facture. Chacun sait qu’on ne gagne pas des élections en faisant des discours conduisant à la démoralisation des électeurs.
Certains économistes nous prédisent même un krach pour l’été ou l’automne !
On reste saisi d’entendre les discours de nos élus, complètement à côté du drame en train de se jouer : discours frivoles, irréalistes et pourtant bus comme paroles d’évangiles. Comme on aimerait les croire !
Le plus décevant de tous est Di Rupo en sa qualité de socialiste. Il devrait se souvenir que les critiques du capitalisme n’ont pas changé depuis Vandervelde !
La nouvelle solidarité européenne s’avérera-t-elle payante ? Il ne faudrait pas oublier notre dette que Melchior Wathelet minimise par un discours optimiste fondé sur la croissance d’ici 2015, alors qu’on sait que pour 2010, ce sera déjà raté.
On a renfloué les banques à coups de milliards en 2009, dans des proportions au niveau mondial de loin supérieures à la « cagnotte » européenne et ce renflouement a été dévoré en quelques mois par les organismes financiers aux abois.
Assurées de ne pas fermer, les banques, sauvées par les citoyens, n’ont pas l’altruisme de leurs sauveurs pour aider les Etats à combler les déficits, par des prêts raisonnables.
Le dérapage des finances publiques en Belgique n’est pas rien. Les déficits sont monstrueux. Reynders en prétendant avoir fait une bonne affaire en prêtant aux banques nous a menti. Nous en serons de notre poche. Le ministre des finances a aggravé le déficit de la Belgique.
Le plus sinistrement drôle de nos déficits abyssaux, ce sont les créances détenues par les banques européennes ! Celles-là même que nous avons sauvées en 2009 !
Barroso navigue à vue dans une Europe hors traité.
Du PS au MR, personne n’a intérêt à présenter le programme de rigueur ou d’austérité qui nous attend à la législature qui va venir.
A la limite, BHV et les autres tensions communautaires sont du pain béni qui éloigne l’électeur de réfléchir à ce qui l’attend à la rentrée.