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Les mystères d’Eleusis au stade de foot.

On est football ou on ne l’est pas.
Sur le plan purement sportif, sa pratique et son spectacle peuvent entraîner des enthousiasmes ou des rejets qui, lorsqu’ils sont profonds, touchent au-delà de la chose à un monde de délire, de la démesure et de l’argent.
Rares sont les critiques, qui prennent seulement appui sur ce sport en lui-même, dérivé de la soule et dont l’origine est très ancienne.
La seule évocation de ce sport peut conduire à des excès de haine ou d’amour, à des crimes aussi. Les supporters qui suivent les équipes de football sont parmi les plus exaltés des spectateurs du sport. Les démesures autour des stades n’ont d’égales que les remous d’une foule dans ses moments révolutionnaires, jusqu’à créer les conditions d’un véritable massacre, comme le trop célèbre et funeste jour au stade du Heysel et qui fit de nombreux morts.
On l’aura compris, je n’apprécie pas ce sport outre mesure. Il peut très bien se passer de spectateurs et, par conséquent, de sa théâtralisation. Alors, il peut apporter quelques joies au titre du sport d’amateurs. Ce qui le gâte, c’est l’outrance, le spectacle, les sommes versées et le rêve qui tourne souvent à la cruelle désillusion des gamins des favelas et des villages africains, après avoir touché les supporters des gradins, aux brasseries environnantes.
Ce sport pratiqué partout dans le monde donne un saisissant aperçu des paradoxes d’aujourd’hui. C’est un aboutissement d’un libéralisme économique qui s’est infiltré partout où il est possible de faire de l’argent. Et ce sport en brasse par centaine de millions…
Certains joueurs gagnent en un mois ce qu’un honnête homme gagne en dix ans. Les clubs sont la propriété de magnats qui se les disputent pour des raisons de prestige et de profit.
Parallèlement à ce sport archi commercialisé, la foi que ce jeu inspire voisine avec le matérialisme le plus sordide. On touche quasiment au sacré. La déification de joueurs à peine âgés de vingt ans relève de la ferveur religieuse. Les supporters peuvent être assimilés aux fidèles d’un office religieux.
Les dieux sont devant les spectateurs. Ils caracolent, s’invectivent, se font des signes, crachent et courent sans crier gare. Quand, à force de passer et repasser devant une cage ouverte seulement du côté du jeu, un des dieux envoie le ballon contre les filets à l’intérieur de la cage, l’auteur du but perd presque la raison, il court vers la foule en tirant sur son maillot, fait parfois des pirouettes, est embrassé, chevauché par les porteurs de la même couleur que celle de son maillot, tandis que les autres paraissent un instant voûtés en regardant fixement le sol, comme si un grand malheur s’était abattu sur leur famille.
Pour quelqu’un qui n’est pas supporter, c’est un spectacle tout à fait grotesque et la réaction que constitue le tir au but réussi du public et des joueurs est totalement disproportionnée par rapport à ce mouvement qui valut le but et qu’on appelle souvent exploit dans les milieux du sport.

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On va vers la coupe du monde et il faut s’attendre aux pires outrances.
Jadis des hommes en révolte pensaient que la religion était l’opium du peuple. L’occident se déchristianise. Qu’à cela ne tienne, à ce monothéisme désuet, le système libéral, qui risquait d’être découvert, s’est heureusement abrité derrière le sport et principalement celui du foot.
Dorénavant le polythéisme a avantageusement remplacé le monothéisme.
Les églises à ciel ouvert peuvent contenir plus de 50.000 personnes. Le ticket d’entrée remplace l’obole. C’est beaucoup plus cher qu’avant. Les ouailles se fichent des prix.
Ce sont des croyants… Beaucoup sont pauvres, mais ils ne comptent pas.

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