A nos pathétiques menteurs !...
En reportant l’entrevue qu’elle devait avoir ce lundi avec Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande a placé le problème de la crise de la dette européenne au centre des préoccupations des Etats membres. Les divergences entre les deux pays portent sur des appréciations différentes de la manière de l’enrayer.
Le partenariat des deux Etats pour une solution commune est remis à une date non précisée.
L’euro poursuit sa descente. Il est à 1,15 $, à peu près au niveau de ses débuts, quand il a décollé et est parti de 0,88 $, premier prix.
Seule bonne affaire, les Airbus sont 20 % moins chers à l’exportation..
La chancelière a défini au Bundesrat la politique nouvelle par une austérité accrue, alors que la France hésite toujours sur le terme approprié : austérité ou rigueur ?
Quand on sait que l’Allemagne est beaucoup moins endettée que la France, pour que cette dernière atteigne proportionnellement à la rigueur allemande, il faudrait que Nicolas Sarkozy fasse six fois plus d’effort qu’Angela !
Les spéculateurs ne désarment pas. L’euro est dans la tourmente et il va y rester. C’est maintenant au tour de la Hongrie d’être une cible. Encore heureux que la Hongrie – quoique entrée dans l’Europe – a une monnaie nationale. Elle risque fort de la garder.
Certains économistes pensent que la crise est toujours devant nous. Il en est même à présent qui regrettent que les Etats ont été au secours des banques ; car, de nouvelles échéances se profilent et, à part une politique commune de crédit de la zone euro en faveur des Etats, le moment pourrait arriver où il n’y aurait plus aucun prêteur, sinon à des taux exorbitants.
C’est inutile d’épiloguer sur l’anomalie d’un dollar aussi malade que l’euro, comme le yen, et la livre sterling.
L’euro est la monnaie d’un non-Etat, une sorte d’anomalie financière. Les fauves qui suivent le troupeau de gnous s’attaquent à celui qui traîne la patte.
La recette pour faire tomber la fièvre est simple.
Les mesures d’économie sont à portée de mains. Puisqu’on ne touche pas aux règles du marché, qu’on n’alourdit pas les ponctions sur les fortunes, qu’on laisse en paix les patrimoines, il faut bien que l’argent « économisé » vienne de quelque part.
Tout au plus François Fillon a-t-il l’intention de raboter 10 % de la dette sur les paradis fiscaux.
L’augmentation des recettes viendraient des augmentations de TVA – ce qui est un moyen de toucher d’abord les petites gens - et des restrictions en matière de dépense : pensions, indemnités de chômage, allocataires sociaux, salaire des fonctionnaires et sécurité sociale.
Une Grèce bis, en quelque sorte !
Ce triste tableau inquiète tous les esprits en Europe… sauf en Belgique !
Pour des raisons électorales évidentes, vous n’entendrez pas ce discours de vérité dans la bouche d’aucun prétendant à votre suffrage de dimanche prochain.
Vous n’aurez que des professions de foi sur l’Etat fédéral, sur BHV, sur Bruxelles et sur les volontés divergentes en matière de gestion de la crise communautaire, rien sur l’économie qui va constituer cependant d’ici septembre un enjeu majeur.
On sait bien qu’on ne gagne pas les élections en décourageant l’électeur. Bart De Wever l’a bien compris qui promet des lendemains flamands de kermesse au cœur de Bruxelles qui ne serait plus qu’une ville cogérée par les deux communautés.
Même si les partis francophones ont plus de retenue, on n’a lu nulle part dans les programmes des partis un traître mot sur la crise et les effets de celle-ci : le pouvoir d’achat, les revenus de remplacement, à part quelques promesses du PS pour les pensions qui ne seront pas tenues.
Indirectement, toujours par Bart De Wever, nous savons que la Flandre croit que nous lui coûtons beaucoup de sous, un peu comme Angela Merkel ne supportera plus longtemps d’entretenir à ses frais les cigales autour d’elle.
Certains diront que nous avons gagné une semaine sur le constat de la crise économique et donc de stress, c’est vrai. Mais au prix des gros mensonges des partis politiques, de l’impréparation d’une réponse à celle-ci par l’absence de gouvernement. Et puis, diront certains, en focalisant l’attention sur BHV, qui est une crise folklorique par rapport à l’autre.
Sans doute. Mais quel constat accablant de l’incurie de nos économistes, quel désastre de faire une campagne électorale sur la base de mensonges grossiers !
Après tout, nous n’avons que ce que nous méritons. Il aurait suffi que nous nous intéressions aux autres, que nous apprenions à écarter nos pathétiques menteurs…