Mensonges de campagne électorale.
Ayant à cœur de visiter les sites de nos spécimens de la bande des Quatre, je me suis attardé quelque peu sur celui de Marie Aréna. Peut-être n’aurais-je pas dû, il n’est pas plus mal fichu que celui d’un Kubla.
Le CV des autres demandeurs d’emploi a deux préoccupations que l’on retrouve partout, la première, dans l’esprit de conquête du chaland, montre le candidat sous son plus beau jour ; la seconde, s’inquiète d’élections à risques qu’il n’a pas voulues.
Le programme des candidats est celui du parti. Il n’y a nulle spécificité, nulle originalité.
De toute manière le citoyen-employeur répondra le 13 juin aux offres de service.
Par ces temps de crise, il y a pléthore et le choix sera difficile.
Est-ce à dire qu’en réalité une sorte de fatalité s’est emparée de notre particratie, de sorte que les états de service prévalent sur les convictions, au point d’opiner aux machinations des stratèges diligentés par les chefs de parti, afin de compter quatre annuités de plus pour la pension ?
La plus formidable et combien irréelle machine à décerveler est celle du MR. J’ai rarement lu un texte propre à ne toucher que l’imaginaire des électeurs, qui n’a aucune chance d’être appliqué tant son coût dépasse tout budget, même en excédent !
Par exemple, rien que pour la justice – on peut penser qu’il a été inspiré à Didjé par sa fan et parente de sang – le premier économiste venu devrait aligner des centaines de millions d’euros d’ajout pour calculer le coût de cette politique libérale idéale : accroissement des juridictions, des fonctionnaires de justice, des locaux, des prisons, des personnels de réinsertion, de surveillance, de contrôle des détenus, constructions nouvelles de prétoires, prisons, officines policières de proximité, etc.
Quand on lit cela on balance entre deux idées, celle que le MR vit dans une réalité où il est plutôt pingre pour les citoyens et laxiste pour les banques, les hauts revenus, etc.… et un monde imaginaire qui n’est pas loin de la cité idéale préélectorale. Là, on a le choix entre Proudhon et Orwell. Je pencherai plutôt pour ce dernier, parce que tant de capitaux destinés à rendre le bras de la justice plus redoutable et efficace conduit aussi inévitablement à un monde dans lequel le citoyen voit ses libertés fondre à vue d’œil, sous prétexte qu’il faut les lui garantir !
On peut rappeler à Reynders qu’il n’est pas le premier utopiste, outre les deux déjà cités, il me souvient que le premier fut Platon.
De toute manière, c’est un programme à la fois chimérique et dangereux, heureusement irréalisable. Ah ! le fameux compromis à la belge, que de conneries on a pu éviter !
Que ne ferait-on pour jeter de la poudre aux yeux à l’électeur !
Reste la salive pour les plus décidés de la bande des Quatre.
La salive est un produit bon marché aux nombreuses qualités. Elle empêche d’abord de se racler la gorge et de paraître embarrassé même devant un public acquis par avance.
Ce n’est pas si facile de saliver à bon escient. Les admirateurs de proximité peuvent être directement sous la menace des postillons de l’orateur.
On se souvient d’une interview de « papa » Daerden au sortir du Standard. On ne peut pas dire que, sans imperméable, tout le monde aimait papa !
Victime des intempéries du langage, le public laisse volontiers la première rangée des chaises à l’élite ainsi exposée. Evidemment les grandes salles pourvues de micros sont exemptes de cette sorte de danger. Le postillon n’est pas de Longjumeau et ne peut franchir la distance entre le vaticinateur et le public.
Quand le candidat a usé sa salive en vain, il bave. Son attitude perd toute noblesse et sombre dans la vulgarité. Les candidates n’en sont pas là. Elles gardent ce petit rien de féminité qui nous les fait aimer.
Je rassure ces dames, la bave aux commissures des lèvres est typiquement masculine. Elle vient à ceux qui parlent haut et éructent plus qu’ils n’argumentent.
Jadis, quand les syndicalistes n’étaient pas encore permanents, les orateurs nous la servaient bien baveuse ; mais eux, au moins, c’est parce qu’ils en bavaient dans la vie.
Mathot père excellait dans le contact aux bals des pensionnés. Il a légué à son fils Alain cette aisance d’entre les tables qui n’appartenait qu’à lui. Aux estrades, le fils est moins performant. Cela viendra. Il n’a qu’à observer les vieux cabots du parti. Voir par exemple, avec un petit organe et tout de suite strident dans les aigus, comme Di Rupo se débrouille.
Commenter une campagne électorale de la sorte est bien le signe qu’une indifférence quasiment générale plane sur le genre politico-spéculatiuf.
Les citoyens ne sont pas sots. Ils savent que le décalage entre ce qu’on leur présente et la réalité après le 13 juin, aurait mérité un peu plus de franchise de la bande des Quatre. Ils voient bien aussi que les Quatre sont prêts à se coucher devant l’ukase flamand.
Mais quand donc les partis politiques comprendront-ils qu’un public sans illusion n’accepte plus si facilement les à-peu-près, les petits et les gros mensonges ?