Plan B comme BAH !
Di Rupo en a fait allusion lors d’un débat public il y a quelques jours.
Selon lui, il existe un plan B au cas où des urnes sortiraient une majorité séparatiste en Flandre, tout au moins une minorité de blocage qui empêcherait la formation d’un gouvernement.
Je suppose que Di Rupo ne dit pas cela à la légère. Parce qu’enfin, ce serait le moins et dans une sagesse la plus élémentaire, que les quatre partis wallons se fussent réunis il y a déjà longtemps, afin d’envisager une pareille éventualité.
Si c’est le cas, il existe bel et bien un plan concerté, dit « des illusions perdues ». Ce n’est pas du Balzac, ce serait plutôt du Paul-Henri Spaak de mai 1940.
C’est se moquer des électeurs de ne pas leur en avoir parlé. Les quatre partis se devaient de lever le secret.
Nous avons quand même le droit de savoir comment nos mandataires envisageraient notre avenir, au cas où ?
Mieux encore, si ce plan existe, il conviendrait que le citoyen francophone en approuvât la teneur, en décide les termes, en connaisse les conséquences et en vote les moyens.
Ce serait un comble antidémocratique que de laisser les Francophones dans l’ignorance de ce que pourrait être leur sort après le 13 juin.
Politiquement, le plan B connu, publié et commenté, mettrait les Flamands dans une position qui serait moins arrogante, les placerait au moins devant une alternative qui, le cas échéant, leur permettrait d’apprécier ce à quoi ils pourraient s’attendre, puisqu’aujourd’hui ils ont la conviction que nous tremblons de peur qu’ils ne nous quittent !
Toutes ces raisons me font penser que Di Rupo est un menteur et que le plan B n’existe pas, sinon sous la forme d’une conversation de couloir ou d’une réflexion collective un soir de grandes désillusion après des jours et des jours de pourparlers sur BHV.
La façon légère avec laquelle ce grave sujet est abordé laisse perplexe.
On se demande dans quel régime nous sommes.
Les journaux en parlent à peine, tant et si bien que l’opinion se rassure sur les simples rumeurs qui circulent. Mais l’opinion manipulée se rassure vite, sur la foi d’un mot qui donne corps au plan B, la voilà satisfaite.
Non, mille fois non, cela ne devrait pas se passer ainsi. Et penser qu’une coalition secrète ait pu se réunir à notre insu et dont nous ne savons pas ce qui a été débattu et des résolutions qui en sont sorties, est d’une gravité extrême.
Pendant la guerre, c’est le conseil de guerre. Et on n’en est pas loin !
Un procès pour haute trahison ferait la preuve du sans-gêne pour ne pas dire du mépris de la bande des Quatre à notre égard et donnerait même du poids à ce qu’il y a de péjoratif dans le mot « bande ».
Nous serions des serfs vendus avec le domaine comme au temps des tsars.
Aussi, devant une telle monstruosité, si le plan B avait été élaboré en secret, celui-ci aurait été éventé par des secondes mains, des secrétaires, des attachés de cabinet monnayant rétribution pour leurs informations, un concierge curieux, un chauffeur de ces messieurs abonné au Soir, un employé de la salle ou aurait eu lieu les réunions – car il en faut plusieurs pour une pareille entreprise - etc.
Or, rien de tout cela.
Si la version fantasmée du plan B est la bonne, quelle fanfaronnade de plus de Di Rupo !
Il n’a même pas pris conscience qu’en l’évoquant « pour faire peur aux Flamands », il a réussi à faire peur à tout le monde !
Sinon, quelle imprévoyance pour l’ensemble du peuple francophone, dans le cas d’une vantardise !
Il existe probablement une troisième alternative.
Il se pourrait bien que le plan B existât vraiment.
Mais en réalité, il y en aurait quatre, mitonnés dans les officines des quatre partis dans le secret des bureaux présidentiels.
Le temps de les exhumer, de s’en expliquer et d’en débattre, on aurait l’air malins devant les nationalistes flamingants !.
Voilà vingt ans que l’on parle de BHV et du séparatisme flamand. Il faudrait au moins pareil délai pour que nos présidents de la bande des Quatre se mettent d’accord !
On voit qu’à ne pas dire les choses ou de ne pas les faire et de s’en gargariser peut coûter cher.