Stratégie politicienne à RTBF-RTL
Pour un peu, on s’y laisserait prendre.
Ce midi, ils étaient convaincants. Leur métier, c’est leur mascotte Laurette qui l’affirme, consiste exclusivement à arranger les compromis.
Un compromis, c’est bien simple, personne n’a raison. C’est-à-dire que tout le monde à tort, sauf un heureux surpris de temps en temps, touché par un hasard inespéré.
Voilà pourquoi depuis trois ans, ils font de la politique à rebours. Ils espèrent avoir le bon, numéro au casino du compromis.
Oui, Laurette Onkelinx a raison. Aller de compromis en compromis, c’est un métier. C’est même le seul qu’ils et elles connaissent.
C’est un métier noble, exaltant, bien payé et qui ne demande pas trop d’effort, puisque de compromis en compromis, tout le monde finit par se retrouver à son point de départ, diamétralement opposé à celui des autres, mais plus tout à fait à la place qu’il avait au début des discussions.
Ce qui est formidable dans le compromis, c’est que tout le monde à raison aussi ! Jamais personne ne dira « cette fois, j’ai eu tort », non pas que cela gênerait pour le compromis suivant, mais parce que l’électeur ne l’entendrait pas de cette oreille. Celui en qui il a fondé de grands espoirs ne peut pas avoir tort. Cela reviendrait à dire que c’est le citoyen qui a fait confiance en celui qui a tort, qui aurait tort à son tour.
Les propos de la matinée sur RTBF et RTL peuvent être résumés de la sorte.
Reste le cas de l’ami Bart.
Ils se sont essayés à en tirer le portrait.
Dans la ligne de ce qui précède, ils ne peuvent pas se tromper, De Wever sera l’homme du compromis ou ne sera pas.
Déjà son interlocuteur, Elio Di Rupo, ce qu’il pense de Bart ? Madame Onkelinx le répète à qui veut l’entendre, elle ne sait rien des entrevues entre les deux hommes, même si elle en savait plus, elle n’en dirait pas davantage. En langage de compromis, cela veut dire que l’électorat PS peut être rassuré, elle sait tout, mais ne dira rien.
Tout ce qu’elle peut dire, c’est l’excellence de Di Rupo comme homme de la situation. Il saura trouver le compromis global. Elle fait donc le portrait de Bart en faisant celui de Di Rupo. L’avantage ? Si Di Rupo veut bien discuter avec Bart, c’est que celui-ci est un interlocuteur valable.
C’est juste ce qui convient aux partis francophones. Jusqu’à présent, on ne voulait discuter sur rien, parce qu’on ne voulait pas discuter sur tout.
Voilà que tout s’éclaire et que la politique des petits paquets qui était celle de tout le monde, n’intéresse vraiment plus personne.
Il manque juste un petit détail. La personnalité de Bart De Wever.
C’est bien de dire que Bart ne cherche que le maïorat d’Anvers et que rien ne l’intéresse que cela. Ah ! si c’était vrai…
Un homme politique digne de ce nom ne peut pas dire qu’il ignore tout du personnage, aussi ils l’ont approché, lui ont même dit quelques mots. Didier Reynders l’a eu devant lui à la table des négociations, du temps où Leterme et son cartel faisaient illusion. Comme c’était le temps des petits paquets, cela ne pouvait pas fonctionner.
Le tout, c’est de savoir si Bart a autant l’art du compromis qu’Elio. De cette question dépendra le sort de la Belgique. Mais la réponse ne fait pas de doute.
C’est le CD&V de service qui le dit : « De Wever n’est pas fou. Il ne veut pas la fin de la Belgique.
La Belgique, c’est comme une belle femme qui fait des caprices. Il faut saisir le moment quand elle en a envie, pour la prendre par surprise.
Bart De Wever à près de quarante ans n’est pas suffisamment rôdé à la politique pour prendre la Belgique par surprise. Elio Di Rupo veille à sa vertu.
Si Bart veut coucher, ce sera par rapport aux gages qu’il donnera au PS. Alors ce ne sera pas une surprise, tout le monde sera d’accord parce qu’on aura trouvé le compromis convenable. Ce sera devant le roi, le peuple, madame Houard et les chanteurs de la Monnaie pour la muette de Portici !
Foutaise dit un invité de Vrebos, tandis qu’un autre prétend que De Wever est intelligent, qu’il a compris le manège des gens de compromis, qu’il va faire semblant, puis il retournera devant l’opinion flamande pour demander un nouvel arbitrage entre lui et les gens de compromis.
Bref, si la RTBF et RTL ont voulu rassurer l’opinion, c’est raté.
Nous sommes bel et bien dans un processus de décomposition. Nos illustres spécialistes en compromis sont en train de nous entuber. Je me demande s’ils s’en rendent compte ou s’ils ne sont pas en train de croire eux-mêmes les craques qu’ils nous balancent ?
C’est même la seule maîtrise dont Di Rupo fait preuve à chaque discours. Son intelligence n’a pas encore pu convaincre son ambition et son orgueil, qu’il va falloir raconter autre chose aux gens, par exemple se mettre à réfléchir avec les autres Francophones à un plan B.
C’est la seule chose que Bart De Wever pourrait respecter.