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À table !...

On croyait y voir un peu plus clair à la conférence de presse du préformateur. A part les négociateurs qui se réunissent autour d’une table, au point que ce meuble a été évoqué à trois reprises dans son discours, personne n’a rien appris.
Y avait-il quelque chose à apprendre, finalement ? Sinon que la place d’un socialiste n’est pas à recoller la porcelaine bourgeoise au nom d’un royalisme d’émotion, et d’une nostalgie d’Ancien Régime.
C’est quand même inouï l’erreur de Di Rupo de se mêler de sauver une situation dans laquelle l’extrême droite flamande a poussé le pays !
J’imagine au siège du PS, boulevard de l’empereur, tout le personnel aux petits soins avec les cadres du parti auprès de leur président afin de trouver des idées, histoire de rapprocher les points de vue entre la droite militante flamande et ce qui fut l’expression d’une gauche populaire, et qui n’est sans doute plus rien que l’empressement de commis autour d’un voyageur de commerce pressé de faire des affaires !
Parce que le grand homme – on l’a compris à sa conférence - s’est attaché à rapprocher les points de vue des Sept, sans jamais faire entendre celui des socialistes !
En ayant assez avec l’opinion des autres, afin de ne pas compliquer les « tables », le PS se serait érigé en arbitre « asexué » selon l’expression accordée à la fonction de premier ministre dans laquelle Di Rupo se voit déjà !
Ce parti puisqu’il a « l’honneur » de fournir un préformateur à la nation, n’aurait plus aucun principe, aucun prurit wallon, il n’aurait même plus le souvenir qu’il faisait partie du « club » des Francophones, ce qu’il avait exprimé avec force à plusieurs reprises.
Voilà bien l’ambition des grands hommes !
A la seule idée que Di Rupo verrait son portrait affiché à côté de ceux des anciens premiers ministres dans une galerie du Parlement, le voilà transporté d’enthousiasme pour une mission demandée par le roi, sans avoir eu la présence d’esprit de penser qu’il faisait le jeu de Bart De Wever, qui joue sur du velours, que Di Rupo réussisse ou échoue.
Dans le premier cas, la Flandre fait un pas important vers le confédéralisme et la Wallonie se sent trahie par son négociateur ; dans le second, Bart De Wever accuse Di Rupo et les Francophones d’avoir voulu le torpiller et retourne dans son camp réclamer de nouvelles élections qui pourraient lui donner la majorité absolue en Flandre.
Qu’est-ce qu’on avait à gagner en abondant dans l’ambition de l’Aigle de Mons ?
Rien.
Par contre, De Wever jouant le rôle de Di Rupo, cela aurait tout changé, à condition d’expliquer au jour le jour aux Francophones, les positions de la NV-A et ce que ce parti était prêt à négocier pour s’entendre sur une législature, avec des négociateurs francophones, pour le coup unis !

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Le président du PS est un imprudent. Non seulement il place son parti dans une partie très délicate où il tiendra nécessairement le mauvais rôle, mais en plus, il met à mal toute la volonté de la francophonie à résister à la politique flamande de grignotage autour de Bruxelles, et à cette manie de présenter des revendications sans se soucier de celles de la partie adverse, dans une recherche volontaire de l’affrontement dans lequel le nombre finirait toujours par l’emporter.
Voilà vingt jours que les entrevues, les apartés, les coups de fil de ce couple flamando-wallon tire à hue et à dia les autres protagonistes d’un drame shakespearien dont l’issue ne peut être que fatale à la Wallonie au vu du programme de la NV-A.
Di Rupo a voulu y aller. Nous ne saurons jamais ce qui s’est passé à la réunion du bureau du PS, le jour où il l’a informé de son acceptation de la mission que le roi lui avait confiée. A-t-il seulement pris la peine de poser la question, ou l’a-t-il posée certain de la réponse ?
Toujours est-il que ce parti avec ce président aux ambitions personnelles pourrait faire les frais d’une politique ouverte aux pires concessions, dans le seul but de sauver un royaume qui depuis longtemps est fort mal en point, miné par le nationalisme flamand.

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