La nation se détricolore-t-elle ?
L’année dernière, 21 juillet 2009, trois drapeaux claquaient fièrement au vent, dans ma rue, cette année : aucun !
Il est vrai qu’un adjudant-chef à la retraite vient de décéder au 327. Il avait sans doute une mission d’inventaire sur le patriotisme de la zone. C’était lui qui avait le plus grand drapeau. Le sien cachait tout le premier étage. Sa femme en profitait pour laver les rideaux, tandis qu’il sortait pour se montrer au défilé, tellement médaillé qu’on ne voyait plus sa braguette sous son battle-dress. Pour pisser derrière la colonne du Congrès, il devait viser entre la croix du mérite et celle de la reconnaissance d’un pays ami ! Ces héritiers n’ont même pas pensé à mettre en berne ce drapeau large comme un terrain de basket ou alors, respectant les dernières volontés du scrogneugneu, ils en auraient fait un linceul ?
Pardon, il en reste un, mais qu’on ne voit pas de la rue !... Un drapeau italien pendouille du deuxième étage d’un tifosi, reliquat d’une dévotion lors de la coupe du monde de football, coincé entre les deux battants d’une fenêtre. Les persiennes donnent sur une cour et l’emblème n’est vu que des chats… et de mon cinquième du balcon arrière. On peut dire que voilà un patriote discret.
Ils ne le sont pas tous. De moins en moins nombreux, il est indispensable qu’ils fassent de plus en plus de bruit, question d’équilibre. Qui sait, l’année prochaine annonceront-ils le 21 à coups de vuvuzelas ?
Voilà pour le patriotisme en général, quant au reste, le temps est suspendu, l’atmosphère est lourde et on sent la population préoccupée d’un possible orage, après les prestations tempétueuse de Hakima Darhmouch de la semaine dernière.
Le patriotisme serait-il en baisse ? En Wallonie, dans une région qui compte Di Rupo et quelques autres grands patriotes, on pourrait en douter ! A moins que le patriotisme wallon soit l’effet de la trouille noire de perdre notre partenaire flamand ?
Un patriotisme intéressé, en quelque sorte ?
Les Wallons deviendraient des sceptiques à l’égard des institutions et de celui qui les représente au sommet. Ils sont déjà des eurosceptiques, c’est possible après tout.
Mais alors toute cette comédie de nos partis francophones afin de maintenir l’Etat dans sa structure monarchiste ne serait basée que sur leur idée – à eux – de la Constitution et de tout le saint-tremblement qui en procède ?
Et puis ces silences après le tumulte et les hurrahs de Bart de Wever !
Il est vrai que le discours du roi est de la même farine. Il aurait pu tout aussi bien être tenu par le président du Honduras. On copie Herman Van Rompuy partout, y compris à Laeken : surtout pas de phrases ! C’est une transparence limpide, sous la surface, on peut voir qu’il n’y a rien à voir ! Tout le monde aux haïkus et c’est tout !
Comme il faut bien qu’il y ait un petit quelque chose, c’est du côté de la vieille reine Fabiola qu’on perçoit un léger frémissement, surtout des polices. Quant aux marchands de primeur, ils ne sont pas heureux. On vient d’interdire la pomme à la tribune d’honneur. On ne pourra plus qu’admirer le chapeau, genre plat à tarte, que la reine Fabiola affectionne. Aux dernières nouvelles, on le lui a interdit aussi !
Le passé était plus talentueux en hommes par des discours, les pour et les contre. C’était vivant et chacun s’était fait une idée des avantages et des inconvénients d’être Belge et crédité par les autres pays de surréaliste naïf. De toute manière, il y a unanimité sur le jour de congé que le patronat a concédé depuis longtemps aux syndicats à la fête nationale, et qu’il est hors de question de supprimer, même si l’Etat devait disparaître.
Avec un gouvernement qui tarde, un intérim de Leterme qui se prolonge, un roi qui ne dit rien et un Di Rupo qui passe pour l’homme le plus humble de Wallonie, on se demande si les forces armées auront encore à cœur de défiler place royale, surtout qu’Anne Quevrin virée par les renégats de RTL ne sera pas là pour immortaliser la scène.
C’est dommage pour les patriotes.
Enfin, ceux qui restent autour du roi, un dernier carré avec son général, Di Rupo, sa vivandière, Marie-Claire Houart, sa biographe, Anne Quevrin et son plouc, André Flahaut….
Le Royaume depuis 2008 fait un sacré surplace. La dame Houart avait trouvé la formule à l’époque, dont allait s’emparer Joëlle Milquet pour en, faire son leitmotiv« "On veut dire aux politiques qu'ils arrêtent de jouer dans leur bac à sable. ».
Depuis, on ne fait plus que ça, les municipalités s’y sont mises avec Bruxelles et sa plage, Liège et son littoral au quartier Saint-Léonard. La politique est celle du beach-volley.
Le « Tous unis ! » vieux de deux ans avec 60 raisons d'aimer la Belgique à découvrir, a été remplacé par le règlement du beach-volley. Il est très simple : on peut faire tout, sauf ce qui est interdit.
Voilà une formule qui devrait plaire à notre futur gouvernement.