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Le jour où on l’ouvrira !…

On nous le dit « prenez la parole, n’hésitez pas à dire ce que vous pensez ».
En confiance, vous tentez de vaincre votre appréhension. Puisque vous n’êtes pas un diplômé en communication-marketing, ni un avocat, vous vous croyez nécessairement mauvais. C’est là toute la différence avec les prétentieux qui, sans être d’une autre farine, se croient exactement le contraire, meilleurs par avance, donc ils finissent par l’être puisqu’ils en sont persuadés d’abord, avant d’en persuader le public plus facilement que vous ne pourriez le faire.
Non sans vous être raclé le gosier plusieurs fois, mais en multipliant les « au fait » ou les « hein » par timidité et puis pour vous laisser le temps de réfléchir, vous y allez de votre question.
Là-dessus, on passe aux réponses des gens en vue. Ce que vous pensez ne les intéresse pas, puisqu’ils sont persuadés qu’ils en savent plus que vous sur vous-même et les sujets que vous pourriez ruminer !
La question que vous sortez de votre chapeau ne doit pas être longue, trop détaillée, ils passeraient aux yeux des autres comme celui qui a besoin qu’on lui dise trois fois la même chose pour comprendre…
Et puis, la question doit coller au discours de celui qui y a répondu à l’avance, tout en restant dans le cadre du débat. Si c’est sur le thème de la sécurité sociale, inutile de poser la question de la justice.
Elle n’y entre pas ? Cela ne fait rien, personne ne s’apercevra que la réponse n’y entre pas non plus.
Le journaliste politique qui « arbitre » le débat vous déstabilise par son attitude d’homme pressé à donner la parole à sa brochette de compétents, connus, beaux parleurs, et parfaitement souriants.
Ça n’a l’air de rien, mais ce petit préambule décline en réalité toutes les raisons qui font que presque personne n’osent prendre la parole dans un débat public.
Il n’y a pas besoin d’empêcher le loustic de lever la main pour poser la question, il se coupe la parole très bien tout seul.
On se demande si les interlocuteurs, qui prennent la parole posément en plaçant bien le micro devant la bouche, ne sont en réalité des figurants qui sortent des coulisses après qu’ils aient répété leur texte, des militants, convaincus que les pires âneries proférées par leur chef semblent du La Bruyère à l’état pur, du Spinoza en finesse ?

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Beaucoup de questionneurs indépendants baissent les bras après s’être juré qu’ils allaient dire leur fait au personnage « important » assis en face.
Ceux qui sont dans le cas estiment avoir eu peur de dire des conneries. Cette certitude les aurait retenus en dernière minute.
Comme si le monde entier ne s’était pas mis définitivement à la connerie !
Et plus encore ceux qui passent de l’agriculture, au commerce extérieur en ayant fait un détour par les affaires sociales, après avoir vivoté du parlement au sénat…
Comme si dans tout ce qu’on raconte en une journée, il n’y avait pas 80 % de conneries !
Et encore, je me demande si je ne suis pas en-dessous de la vérité !
Pour que quelqu’un de compétent puisse juger de ce qu’est une connerie, il faudrait qu’il n’en ait jamais dites. Or, il ne se trouve personne dans le cas, sinon, ça se saurait ! Donc le jugement abrupt est l’apanage des cons qui estiment à leur aune, la connerie des autres.
L’histoire se répète. Les « valeurs », c’est comme le prix des poireaux. Il évolue tous les jours. Et même toutes les heures, si vous avez l’habitude des marchés au cours desquels les prix s’établissent selon l’achalandage, les prix des concurrents et l’heure proche de la fermeture où il faudra remballer la marchandise invendue et détruite au retour.
Au lieu de la poser la fameuse question, on ferait mieux de se la poser ensemble, entre nous. Il en ressortirait une idée toute simple. Nous subissons la connerie venue d’en-haut parce que nous n’accordons aucune confiance à la nôtre.
Dix millions de personnes qui disent une connerie, celle-ci n’en est plus une. Elle est une vérité incontournable.
Si dans un moment de lucidité, nous disions « la crise, ce n’est pas nous qui l’avons créée, il est donc parfaitement injuste que nous la payions. Au contraire, nous voulons récupérer ce que déjà on nous a pris. Nous voulons des enseignants comme s’il en pleuvait, des facteurs qui parlent aux personnes âgées tous les jours ouvrables, des hôpitaux où l’on ne se perde pas dans les couloirs, des agents des services publics à l’écoute des autres, des agents de police de quartier, des trains et des transports bon marché qui partent et arrivent à l’heure, enfin des écarts de revenus qui ne soient pas supérieurs à six ou sept, par rapport au salaire de base, idem de la fonction publique, etc. ».
On aurait beau se récrier en haut lieu, dire que c’est impossible, jeter la responsabilité du recul général sur la mondialisation du capitalisme (comme s’il avait été autre chose avant), toujours est-il que je suis persuadé qu’on ne la ramènerait plus là où se planque le pognon et qu’avant de trouver la parade et de nous faire payer cher notre quart d’heure de connerie, sa majesté le fric aurait été obligé de lâcher un peu de lest...
En plus, on aurait bien rigolé.
Ce qui dans une période où chacun fait la gueule, n’est pas négligeable.

Commentaires

Bonjour
ce dessin m'appartient et est sous copyright.
Un petit lien copyrighté vers le blog d'origine eut été appréciable.
Merci de rectifier en ce sens, ou de le retirer.

amicalement

thal

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