Si on en restait là ?
Il y a quand même un point qu’il faudrait éclaircir à propos du « combat » que se livrent actuellement les deux parties dans les négociations du préformateur : qui détermine les limites de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas ?
Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le public en a plein le dos des pourparlers qui s’éternisent, un public laissé à l’écart de tout, qui ne comprend plus rien et qui s’impatiente !... Un public dont on se dit à l’écoute, mais dont on se fiche éperdument.
S’il est si difficile que cela de trouver un successeur à Leterme, pourquoi ne pas en tirer la conclusion que les élections du 13 juin n’ont pas permis d’y voir plus clair et que, dès lors, elles n’ont servi rien ?
Et si de nouvelles élections donnaient le même résultat, ne conviendrait-il pas de tirer un trait sur un pays qui du point de vue des Institutions est en crise depuis près de cinquante ans !
En effet, la procédure en divorce a débuté il y a très exactement 48 ans (1).
Ce n’est pas pour autant que l’on se séparerait tout de suite. On pourrait encore traîner dans le bâtiment, chacun dans une aile, sans se faire la gueule, juste pour « ramasser » ses affaires.
On serait tout simplement dans un cas de figure inédit, exiger un arbitrage extérieur, par exemple l’Europe, afin de déterminer ce qui appartient aux Communautés et à Bruxelles, puis on verrait bien après.
Qui ne serait pas fatigué à la longue de ce qui se passe entre les partis, sensés se mettre d’accord pour gouverner une législature, alors qu’elle est déjà largement entamée par les professionnels précédents dont on ne veut plus ; mais, qu’on paie à tarif plein pour un service allégé !
Où est la fierté que les Wallons auraient dû transmettre aux maquignons qui nous représentent, à propos des sempiternelles récriminations des Flamands à cause de l’argent qu’ils nous versent chaque année en compensation de notre parcours à la traîne par rapport au leur, plus vif, plus déterminé, en un mot plus « mains dans le cambouis » que nous ?
Qu’est-ce qu’on se fiche des protestations de Rudy Demotte qui jure qu’il n’en est rien, sans mettre l’actif et le passif de la Wallonie sur la table et sans qu’on sache si ce que les Flamands colportent est vrai ! Qu’est-ce qu’il attend pour nous dire qu’ils ont tort, celui-là ?
Parce que si Bart De Wever a raison, mon honneur m’interdit de vivre de la mendicité et je préfère cent fois une « misère » digne, à une « aisance » usurpée.
Même si, comme on l’a entendu cent fois, c’est l’industrie wallonne qui, pendant cent ans, a aidé la Flandre à sortir de son passé agricole et marin misérable.
N’est-il pas plus honorable de casser une association sur une note d’ingratitude à notre égard, qu’être chassés d’une Belgique moribonde pour faits de mendicité !
Le cours des négociations me fait croire qu’en effet les Flamands ont barre sur nous côté gros sous. Autrement, il n’est pas possible d’arriver à une table de négociation comme nous l’avons fait avec aucune demande propre à notre Région, sinon des mesures compensatoires pour ce que nous concéderions unilatéralement.
Un négociateur rompu aux marchandages comme l’est Elio Di Rupo doit savoir qu’on ne s’engage pas dans un tel pourparler sans munition. S’il n’en a pas. C’est son seul orgueil qui l’a poussé à se faire valoir ou pire, un royalisme imbécile qui le met en porte-à-faux avec les Wallons pour une seule raison inavouable, le sauvetage de la dynastie par une capitulation honteuse devant la Flandre.
Mauvais calcul, s’il en est, ce serait seulement gagner quelques années tout au plus sur l’inexorable.
Peut-être que les négociations aboutiront à la formation d’un gouvernement et que Bart De Wever se sera dégonflé ?
Cela n’empêche qu’il se lèvera demain en Flandre quelqu’un de plus coriace pour revendiquer davantage. C’est ainsi depuis Théo Lefèvre…
Ce qui est sidérant, c’est la somme de consultations d’experts, de constitutionnalistes, d’avocats, de prévisionnistes, de politologues qu’il faudra – dès à présent - pour réaliser les transformations qui sont déjà souscrites par Di Rupo et De Wever. Des heures les plus farfelues aux plus noires sont encore devant nous. Les imprévus, les impondérables promettent de faire les belles manchettes des journaux ; tandis que les appels aux meurtres des lésés vont pleuvoir !
Alors… alors… si on en restait là ?
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1. Une loi du 8 novembre 1962 fixe la frontière linguistique et homogénéise le régime linguistique des provinces par quelques transferts de communes, dont celui des Fourons, désormais intégrées au Limbourg. Historiquement, c’est le socialiste liégeois Paul Gruselin qui avait cru bon troquer ces villages mosans contre Comines. Comme on le voit, la connerie au PS à Liège ne date pas d’hier !
Commentaires
Désespérant mais lucide...!
Postée le: michel | août 26, 2010 10:47 AM