Béatrice Delvaux et le plan B
Madame Delvaux dans son éditorial paru le 3 septembre revient sur le plan B.
J’ai un faible pour Béatrice Delvaux, rédactrice en chef du Soir, on la sent entre les lignes de ses articles, fort différente de ce que les conventions, son emploi à responsabilité, le souci de la vente du journal, l’obligent d’être. Ce n’est pas de la duplicité, ce serait plutôt un instinct de conservation, qui déterminerait sa façon de penser pour les lecteurs du Soir et sa façon de penser seule dans sa chambre, entre ses livres.
Je suppose que c’est, par ailleurs, une mère de famille avec l’obligation de ramener de la farine à moudre pour faire tourner le moulin.
Le nez sur l’incendie, les gens placides ne le voient pas ou, s’ils le voient, c’est pour conclure qu’il se trouvera un homme providentiel pour l’éteindre.
Et c’est à eux qu’elle s’adresse, sachant qu’il ne faut pas trop les brusquer, surtout qu’en ce moment, on est à la recherche d’un bouc émissaire.
Elle tente bien de crier « au feu », mais on sait toute la valeur d’un éditorial, noyé dans des faits, même si ceux-ci lui donnent raison.
Il y a ainsi quelques bons journalistes en Belgique qui voient venir le désastre communautaire et qui se demandent pourquoi les gens s’obstinent à suivre des partis politiques – même s’ils se disent « progressistes » - qui les ringardisent dans une vision de la Belgique qui n’est plus unitaire, certes, mais pas trop régionalisée quand même…
Béatrice et les autres ont perdu après les élections du 13 juin une bonne occasion de mettre les pieds dans le plat juste après les propos de Di Rupo concernant le plan B, et d’éveiller l’attention d’un possible repli sur la francité de la Wallonie.
Au moins ils auraient préparé l’opinion au pire, ce qui est une bonne chose par les temps qui courent !
Il fallait, dès l’allusion du plan B, exiger des politiques qu’ils informent la population de leurs intentions et prendre Di Rupo au pied de la lettre, s’il s’était avéré – comme c’est hautement probable – que le plan B n’était que de la poudre aux yeux !
Il aurait été paradoxal que ceux qui ont jusqu’à présent privilégié une Belgique soudée et solidaire, soient à la base d’un concept qui ne leur ressemblât pas.
Avant d’être nommé préformateur, le président du PS n’était pas le zombie muet rasant les murs rue de la Loi, changeant de lieu de rendez-vous, brouillant les pistes que nous connaissons jusqu’en ce jour fatal du 3 septembre où prend fin la non-communication, pour atteindre la sur-communication d’une parole retrouvée.
Comment Béatrice n’a-t-elle pas vu ou pas osé aborder le président du PS sur ce mensonge du plan B, quand l’artiste était sous le coup de sa déclaration première et bien avant qu’il ne soit touché par la grâce du plan royal l’instituant préformateur ?
S’en expliquer aurait été une obligation impérative. Pensant que la parole du chef n’est pas faite pour être écoutée, son discours n’étant qu’une célébration des normes de vie traditionnelle, Di Rupo se serait peut-être lâché ?
Il aurait couvert le mensonge sous les fascines de la fausse bonne foi et du mystère.
Et c’est alors que la presse aurait pu demander des comptes et le public derrière elle.
Je sais bien que tous les espoirs d’une Belgique conventionnelle se sont très vite recentrés sur Di Rupo. L’opportunité n’était que de quelques jours, une semaine tout au plus… mais que ne peut-on faire en une semaine !
L’édito d’hier de madame Delvaux, dont je cite le début…
« La galère ou l’enfer. C’est le choix cornélien qui semble offert au monde politique, si l’on en croit l’ambiance détestable qui règne désormais au sein du groupe de négociateurs. Il était évident que les négociations pour cette grande réforme institutionnelle ne seraient pas une partie de plaisir et ne seraient pas réglées en deux coups de cuillère à pot. Mais elles ne devaient pas forcément devenir ce jeu de cache-cache dans lequel elles ont sombré depuis la fin de la semaine dernière. »… aurait été remarquable d’intuition au moment où il était évident que les deux vainqueurs du scrutin du 13 juin allaient devoir composer ensemble.
Il suffisait d’observer que les deux programmes ont tant de différences sociales et institutionnelles que ce n’était pas la peine d’en essayer l’assemblage.
Et de se demander si l’ego de Di Rupo qui se voyait premier ministre n’était déjà pas là pour le malheur de la Wallonie et des Wallons.
Il faut préparer le plan B, certes chère Béatrice, quoique un peu tardive une bonne réaction est toujours à prendre, mais avec qui ? Ce n’est quand même pas celui qui nous a menés en bateau pendant deux mois avec De Wever qui prendrait le gouvernail et redresserait la barque !
Commentaires
La critique est aisée mon cher Duc et à cache cache, vous êtes passé maître!!.
Auriez-vous fait mieux que le socialo-royaliste-néocapitaliste de Mons?
Postée le: Reiter | septembre 3, 2010 11:14 PM
voilà, vous avez mon profil et vous savez tout sur moi.
Cordialement,
G. Reiter
Postée le: Reiter | septembre 3, 2010 11:36 PM
Je ne le vous demandais pas.
Mais, si cest de votre propre initiative, ce sera avec plaisir que j'ouvre votre site pour le parcourir.
Quant à faire mieux qu'Elio. Je pense que "oui" ! En effet, j'aurais décliné l'offre du roi.Ce qui aurait fait gagner deux mois à tout le monde et cacher aux Flamands qu'au PS on peut rompre le front des francophones pour une place de premier ministre.
Bien à vous.
Postée le: Richard III | septembre 4, 2010 08:30 AM