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Le lourdaud, c’est toujours l’autre.

Dans l’ensemble de personnalités de « premier plan », c’est-à-dire la fine fleur des dirigeants de parti, existe une loi non écrite de bon voisinage, en usage dans les formations de pouvoir utilisant une majorité composée de plusieurs partis.
Cette loi moralise les concertations de sorte qu’elles aboutissent à des compromis. Par exemple un grand parti peut faire durer des négociations plus longtemps qu’un petit. De même qu’en principe toute négociation acceptée doit déboucher sur un accord, un grand parti a le droit d’obtenir plus de 50 % de son programme inséré dans le programme de gouvernement. Tandis qu’un petit parti doit se dire satisfait entre 5 et 10 %.
Idem pour les nominations à des postes ministériels qui se déclinent non pas en fonction des compétences, mais en apport des voix pour le vote de confiance au parlement.
Comme les places sur les listes électorales, il y en a qui seront ministres et d’autres qui ne le seront pas, l’essentiel, c’est que tout le monde y croie…
Tout ceci n’est inscrit nulle part, mais fait partie d’une entente de groupe tacite et apprise par cœur de tous nos hauts niveaux. Les nouveaux partis sont tenus de respecter ces lois non écrites que les anciens suivent tout en donnant l’exemple. C’est ainsi que les Verts, petits nouveaux à côté des « vieux » partis ont tout de suite pris leur marque en droite ligne de la tradition.
La tradition est tout simplement l’occupation du terrain par des partis qui ont appris à se servir de la démocratie sous prétexte qu’ils la servent.
Les Flamands, très différends des Wallons en ce domaine, comme dans d’autres, ont toujours donné beaucoup de voix à des débutants, du moment qu’ils se déclarent nationalistes : Volks Unie, Vlaams Belang, N-VA. Ils se paient même le luxe de conserver quelques députés au Belang, comme à la Lijst Dedecker, tant ils en gardent dans la manche, au cas où…
Les Wallons sont bien plus traditionnalistes en votant toujours pour les assis (comme dirait Rimbaud), surtout pour les socialistes qui, pourtant, ne sont plus de gauche depuis longtemps.
Par le passé, le Vlaams Belang n’est jamais entré dans le club des possibles, n’ayant pas joué le jeu de la loi non écrite. Avec la N-VA, la politique du cordon sanitaire n’est plus de saison.
Pourtant, ce parti ne voulait pas appliquer la règle aux trois références : l’Etat Belge, le roi et une démocratie molle à l’idéal vague…
Au contraire, c’est fort de cette tradition que Di Rupo s’est jeté dans la préformation qu’il croyait ficeler par un accord final.
Il y aurait eu des réticences, des péripéties desquelles les journaux en auraient déduit l’imminence d’un échec, puis ayant frôlé la catastrophe, grâce à la persévérance du préformateur, petit à petit se serait dessiné l’image classique de tout gouvernement fait de compères satisfaits de hauts niveaux et fiers de l’être, bien entendu.

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La N-VA a remplacé le Vlaams Belang dans l’engouement des Flamands. Puisque ce parti avait été distingué par Leterme et lié au triomphe du CD&V, tout le monde dans le premier cercle pensait qu’il allait devenir un parti à l’instar de Groen : convenable et qu’il apprendrait vite les règles, surtout celles du bouche à oreille.
Di Rupo avait l’exemple dans son parti des « casseurs de baraques » du genre des frères Happart, qui installés à des postes lucratifs se sont révélés plus doux que des agneaux. Cela ne faisait aucun doute pour lui que les démonstrations « antipatriotiques » de Bart De Wever entraient dans la démagogie classique d’un leader populaire, pour finir parfaitement honorable, décoré et, qui sait, baron, après quelques génuflexions ?
Selon ma Tante d’Amay, le gouvernement doit parler d’une seule voix et montrer une équipe resserrée autour de son leader.
Mais voilà, le temps des rodomontades est largement dépassé.
Un doute s’installe dans les esprits.
Et si Bart De Wever conduisait tout le monde en bateau ?
C’est bien simple, il laisse vaticiner le Moi-je de Mons. Il peut aller encore plus loin, attendre qu’il déballe sa marchandise comme sur la Batte pour une dernière offre exceptionnelle, puis comme dans la chanson d’Henri Salvador : « Et alors ? Et Alors ?... Bip Bip, Zorro est arrivé…é…é… ».
Parce que si De Wever veut la fin du système belge, comme son programme le souhaite, c’est le moment. Toujours selon ma Tante d’Amay, les ministres passent, les problèmes restent.
Comme la pêche au lancer, Bart fouette, puis laisse aller l’hameçon dans le courant, mouline et refouette, ainsi de suite. Le lourdaud sur l’autre rive finira bien par s’apercevoir que la mouche est un peu grosse au bout de l’hameçon et que Bart est en démonstration pour faire patienter jusqu’aux prochaines élections.

Commentaires

Depuis un bout de temps, je lis vos articles et je plonge aussi dans vos archives. Je suis certain de connaître vos convictions, mais je déplore quand même votre anonymat, alors que celui qui laisse un commentaire, il se dévoile.
A travers mon blog, on peut voir mon profil et savoir que je suis un "radical de gauche".
Vos articles sont très bien écrit, presque parfait, mais le fait que vous vous cachiez, un peu comme Zorro...cela m'embête. Voilà qui est dit.

Je vous remercie pour votre appréciation sur la qualité de mes articles. Quant à l'anonymat, je défie bien un utilisateur ordinaire de la Toile d'en savoir plus sur les lecteurs de ce blog qu'ils n'en veuillent dire. Ainsi vous, vous dites que vous écrivez aussi et vous parlez d'un blog. Oui, mais lequel ? Personne ne peut le découvrir à travers votre texte. Ce qui est sans doute dommage. Personnellement, je me serais empressé d'y jeter un oeil.
En philosophie, les hommes ne comptent pas. Ce sont les idées qui les agitent qui sont intéressantes. Partout ailleurs, c'est pareil. Que sauriez-vous de plus, si je vous racontais ma vie anecdotique et familière ?

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