Tu me fends le cœur !
-Bart. Tu m’excuses André, je sais qu’on a toujours fait la paire à nos lundis, mais celui-ci est spécial.
-Je ne sais pas la manière dont Danny annonce. On est là pour voir…
-On tire l’as de pique pour désigner les places.
-T’es du côté de la fenêtre, ma vieille, t’as voulu jouer avec moi, faudra que tu t’y fasses.
-Bart, je suis venu pour me détendre, capito ?
-Alors, les partenaires, hein ! Faudrait savoir qu’on joue en équipe…
-Un trèfle…
-Deux carreaux…
-Avec un, c’était assez… carreau bat trèfle.
-Tu ne vas pas m’apprendre la règle du jeu. Voilà trente ans que je joue… C’est même pour faire le quatrième que Guy m’avait pris au club. Si j’ai deux carreaux, c’est parce que j’ai deux carreaux et pas un, si tu vois ce que je veux dire.
-Je savais, qu’on ne pourrait pas jouer calmement. Je te l’ai dit, hein, Danny ?
-Tu sais, un cent le point, y a pas pratiquement d’enjeu ! Trois sans atout…
-C’est symbolique. On peut quand même perdre vingt euros à la fin de la soirée…
-On pourrait le mettre à un euro…
-C’est ça. C’est qu’il est riche, lui, il joue avec l’argent des autres ! Moi, j’ai une responsabilité, je suis comptable du groupe…
-Trois sans atout… j’ai dit.
-Pas mieux. A toi d’ouvrir. Fais voir le mort ?
-Sept de carreau…
-Je fais l’impasse.
-Comment l’impasse ! N’as-tu pas dit « deux carreaux » ? Tu n’as rien au-dessus du sept ?
-Et alors ?
-Mais, pauvre con, l’autre dit « trois sans atout », quand tu as dit « deux carreaux », c’est bien parce qu’il doit avoir l’arrêt carreau, merde !... T’as l’as, mets-le. Ils jouent le schlem !
-J’ai bien entendu, là, tu m’as traité de con ?
-Voyons, messieurs, on avait convenu sans injure…
-Crois-tu qu’à un euro, nos adversaires auraient été plus calmes ?
-Elio a quand même traité Bart de con !
-Bart ne sait pas jouer au Bridge, voilà le problème. Il connait que le vogelpik !
-André, tu commences à me gonfler !
-T’as pas besoin de moi pour ça !
-T’as vu Danny, comment ils m’causent, ceux-là ?
-Dans ces conditions, ce n’est plus possible de passer une après-midi de détente…
-Tu saurais te détendre, avec la meute qu’on voit de la fenêtre et qui attend un résultat ?…
-C’est pour ça que tu m’as placé devant la fenêtre, petit saligaud, pour que la presse voie mes cartes !
-Ah ! mais je vais lui mettre ma main sur la gueule à l’asticot des Abruzzes !
-Voyons, messieurs, pensez un peu à la mission de Danny et moi ! Les gens qui attendent un résultat. Et tout ça sous le portrait du roi qui nous regarde et nous juge, messieurs !
-J’en ai plus rien à foutre du royaume de mes deux, ni du roi, ni des princes. Je conchie la Belgique…
-Je te l’avais dit, André, tu n’as pas voulu l’admettre, ça respecte plus rien, c’est comme ça qu’il est, l’anversois.
-T’avais pas besoin de nous proposer une partie. D’abord, les cartes sont magouillées. On n’a pas discuté des valeurs ou si on allait faire une variante.
-A la fin…
-A la fin de quoi ?
-A la fin, tu ne peux pas la fermer ?
-Pour un qui fait le mort, tu l’ouvres tout le temps.
-Même quand c’est son partenaire qui joue.
-Tu me pousses à bout. J’ai mes nerfs…
-Gonzesse !
-Sale type…
-Je mets mon jeu sur la table. Je fais le mort. Mais si j’ai dit deux carreaux, c’est pour que l’autre dise trois trèfles et avec leur sans-atout, ils avaient la boîte.
-T’aime ça, hein, mettre des boîtes ? Ton jeu sur la table, tes annonces bidon… veux-tu que je te dise ? Si tu triches aux cartes, tu triches dans la vie…
-Si je ne me retenais pas…
-Te retiens pas !... Couillon va…
-Messieurs, nous sommes censés vous avoir réunis pour arriver à un accord. Pensez à ce qu’on va leur dire.
-A qui ?
-Aux trous du cul sur le trottoir…
-Tu veux voir mon cul ?
-C’est pas du tien dont je parle.
-C’est ça mets-le à la fenêtre ?
-Va te faire foutre !
-Vive la Flandre !
-Vive la France !
-Chiche…
-Vous échauffez pas. Qu’est-ce qu’on raconte à ceux qui sont dehors ?
-T’as envie de refaire une partie ?
-Ouais, à dix euros le point qu’on décomptera de la dotation de Bruxelles…
-Alors, on leur dit qu’on remet les compteurs à zéro et qu’on repart dans la négociation.
-Voilà, c’est ça.
-J’ai été chargé de concilier l’inconciliable…
-Tu vas pas nous refaire ton discours ?
-Tu vois, la raison finit par l’emporter. Je suis d’accord pour dix euros le point.
Commentaires
no comment...enfin..pas drôle.
Postée le: Anonymous | septembre 20, 2010 09:13 PM